Caractéristiques
- Titre : L'empereur
- Réalisateur(s) : Luc Jacquet
- Avec : la voix de Lambert Wilson
- Distributeur : The Walt Disney Company Franc
- Genre : Documentaire
- Pays : France
- Durée : 84 minutes
- Date de sortie : 15 Février 2017
- Note du critique : 6/10 par 1 critique
Douze ans après l’immense succès de La marche de l’Empereur, Luc Jacquet remet le couvert avec une nouveau documentaire ayant comme sujet le plus grand de tous les manchots. Un retour poussé notamment par la situation climatique du monde de plus en plus alarmante, qui pourrait bien avoir raison de cette espèce. De plus, l’auteur n’en avait pas tout à fait terminé avec le manchot Empereur, car si le premier film nous montrait l’animal sur la terre ferme, il restait à le montrer dans son habitat préféré : sous les eaux glacées de l’Antarctique. Cela suffisait-il pour se lancer dans cette nouvelle œuvre ?
De ce strict côté, celui de l’exactitude quasi scientifique sur le comportement des animaux qu’il a en sujet, L’Empereur réussit son pari, en étant plus complet que son ainé et en montrant de superbes images que Luc Jacquet n’avait pu tourner voilà douze ans. L’œil du réalisateur capte toujours aussi bien ce qui fait les différentes spécificités non seulement de l’animal, mais aussi de son environnement, et réussit de temps en temps à nous émouvoir à grands coups de plans à faire fondre un glacier. Seulement, si L’Empereur atteint son objectif strict, celui de mieux aborder la vie de l’animal, il perd au passage en poésie, et même en puissance formelle.
En terme de pure mise en scène, L’Empereur est parfois asthmatique. Par volonté de coller à l’animal, à son quotidien, Luc Jacquet perd en fluidité du récit ce qu’il gagne en authenticité. En résulte un désordre formel assez terrible, qui fait perdre le fil sur certains instants et, pire, a tendance à un peu ennuyer. Car si le documentaire se veut encore plus proche du réel que son prédécesseur, alors pourquoi user d’autant d’artifices, de beauty shot certes somptueux mais très surfait par nature ? Cela créé une contradiction entre le formel et le fondamental troublante, et parfois désagréable, qui se confirme jusque dans le montage, lui aussi problématique de par le manque de direction claire donnée au grand tout.
De très jolis plans malheureusement vides de matière
Pourtant, L’Empereur prend soin de régler un souci de son ainé en livrant une voix off, interprétée par Lambert Wilson, beaucoup plus définitive qu’auparavant. Terminé l’impression de répétition dans les textes, et le jeu de l’acteur-conteur est convaincant. De même, la bande originale ne démérite pas, et serait même du genre à être écoutée en-dehors du film. Pourtant, c’est avec regret qu’on ressent une certaine lassitude, alors que l’on est conscient de la beauté des images qui prennent vie sous nos yeux un temps ébahis.
Reste le récit en lui-même, que l’on disait au plus proche du quotidien d’un de ces manchots. L’Empereur peut très bien se voir par des enfants désirant en apprendre plus sur cet animal. Même s’ils devront composer avec des velléités esthétiques hors sujet, ils pourront admirer ces manchots, et plus particulièrement les petits, car finalement tout est question de naissance et d’apprentissage, voire de transmission, dans ce métrage. Alors certes, L’Empereur a perdu une bonne part de la magie qui a fait le succès de son grand frère, mais il lui reste la sympathie de son sujet, et surtout la véritable passion de Luc Jacquet, qui ne triche pas. Écrivons, simplement, que finalement tout était bel et bien ressenti avec La marche de l’empereur et que, si la banquise reste l’un des endroits les plus merveilleux au monde, il lui faut tout de même plus de matière cinématographique pour mieux imprégner la toile. Et ce même si l’objectif de sensibilisation est évidemment bienvenue.