[Test – Blu-Ray] 10 Cloverfield Lane – Dan Trachtenberg

Caractéristiques

  • Titre : 10 Cloverfield Lane
  • Réalisateur(s) : Dan Trachtenberg
  • Avec : Mary Elizabeth Winstead, John Goodman, John Gallagher Jr.
  • Editeur : Paramount Pictures
  • Date de sortie Blu-Ray : 26 juillet 2016
  • Date de sortie originale en salles : 16 mars 2016
  • Durée : 103 minutes
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 9/10

Image : 5/5

10 Cloverfield Lane fut tourné en 4K, ce qui donne à l’image une personnalité immédiatement reconnaissable, qui gagne en précision ce qu’elle perd en grain (et c’est dommage, nous sommes nostalgiques de l’argentique). Les contrastes sont tout simplement parfaits, la définition constante mis à part une poignée de plans qui ont tendance à souffler un peu. Dans l’ensemble, les conditions de visionnages sont excellentes.

Son : 5/5

Ce BR de 10 Cloverfield Lane vous fera aimer votre installation audio. Si la piste audio française en Dolby Digital 5.1 fait largement le taf (même si le doublage nous fait passer à côté de pas mal de subtilités du jeu des acteurs), la grande attraction se trouve ailleurs. En effet, Paramount Pictures nous offre une VOSTFR en Dolby Atmos, et là attention, ça déboîte un max. Les basses sont bien mises à contribution, les bruitages sont tous distillés avec exactitude, les voix bien découpées. C’est du grand luxe !

Bonus : 4/5

Un commentaire audio ça ne se refuse jamais, d’autant que celui-ci s’offre la présence du réalisateur, Dan Trachtenberg, et du producteur J. J. Abrams. Même si ça roucoule beaucoup, on retient tout de même pas mal d’anecdotes et un peu d’éclairage sur le concept Cloverfield. A ce gros morceau viennent s’ajouter 7 featurettes (« Cloverfield », « Mentalité de survivaliste », « Aux abris », « Spin-off », « Kelvin optique », « Réglage précis » et « Fin de l’histoire ») pour un total d’une demie-heure de programme. La tonalité est certes assez « marketing », mais on décèle tout de même certaines informations intéressantes.

Synopsis

Une jeune femme se réveille dans une cave après un accident de voiture. Ne sachant pas comment elle a atterri dans cet endroit, elle pense tout d’abord avoir été kidnappée. Son gardien tente de la rassurer en lui disant qu’il lui a sauvé la vie après une attaque chimique d’envergure. En l’absence de certitude, elle décide de s’échapper…

image mary elizabeth winstead 10 cloverfield lane

Le film

Contrairement à son grand cousin Cloverfield, 10 Cloverfield Lane n’a pas fait fonctionner à fond la machine à buzz pendant des semaines (des mois !) avant sa sortie au cinéma, c’est le moins que l’on puisse dire. Se rangeant du côté des chanteurs et chanteuses qui nous sortent leur album du jour au lendemain, histoire de créer un bouche-à-oreille finalement tout aussi efficace que les grandes campagnes de pub, cette production de J. J. Abrams (l’homme qui a signé le remake de Star Wars 4 version Mickey, ne l’oublions jamais) est à la fois un cas d’école marketing… et un très bon film.

Car sous sa carcasse de machine à interrogations, 10 Cloverfield Lane est une bien belle variation autour du thème de la fin du monde, qui nous emmène exactement là où personne ne l’attendait. Après un Cloverfield clairement « grand spectacle », à grand coups de quasi-Kaiju, de found footage et de jeunes un peu crétins, le film ici traité prend la direction du minimalisme, du hors-champ même. Mais les effets sur l’imaginaire du spectateur sont tellement tonitruants que l’on n’hésite pas à qualifier le film de bien plus impressionnant que son aîné. Enfermés dans ce bunker, les personnages réagissent avec une logique assez déstabilisante à l’ambiance claustrophobique ; on n’a pas trop été habitués ces derniers temps à ce genre de réactions crédibles qui parsèment le film. Car c’est la grande force de 10 Cloverfield Lane : construire une ambiance suffocante, mais toujours très maîtrisée.

L’écriture à six mains (Josh Campbell, Matthew Stuecken et Damien Chazelle) de 10 Cloverfield Lane est évidemment en grande partie responsable de cette réussite. Ils réduisent les moments « bullshit » (du moins avant le dernier quart d’heure, on y reviendra superficiellement) à leur strict minimum, et les personnages qu’ils dessinent ont tout d’avatars crédibles pendant 80 minutes. On s’accroche beaucoup à Michelle, ses ressentis sont très sensés, et son environnement parfaitement établi pour la mettre à l’épreuve. On n’est pas loin, même, de penser qu’on se trouve là face à l’un des meilleurs scénarios « de genre » sur 2016. L’autre artiste à saluer pour avoir fait de 10 Cloverfield Lane ce spectacle fascinant, c’est évidemment le réalisateur Dan Trachtenberg, ici à l’œuvre sur son premier long-métrage mais loin, très loin d’être un inconnu. Du moins si vous appréciez les courts-métrages ou la culture vidéoludique : il est le metteur en scène qui a fait chavirer les gamers avec le déjà impressionnant Portal : No Escape. Ici, il réussit à s’emparer de ce lieu exigu, sait exactement où placer sa caméra et fait preuve de pas mal de roublardise, notamment pour souligner le crescendo de tension. On pense notamment à la séquence à table, où le trio d’acteurs est parfaitement mis en valeur par une grammaire visuelle prodigieuse, et l’on pèse nos mots.

image john goodman 10 cloverfield lane

Dans cette séquence du dîner, l’autre grand triomphe de 10 Cloverfield Lane saute aux yeux : mais quel casting ! Mary Elizabeth Winstead passe clairement un cap, se débarrasse une bonne fois pour toutes de son image un peu persistante « gagnée » avec le trop bavard Boulevard de la Mort. On ne vous cache pas que John Gallagher Jr. est une découverte pour nous, et du genre agréable : il apporte une sorte de fragilité, un doute, qu’il porte bien sur les épaules. Mais le gros morceau, si l’on peut s’exprimer ainsi, c’est clairement John Goodman, qui rend ici une prestation hors du commun. On ne vous en dévoile pas plus, par peur de vous spoiler, mais sachez que sa performance nous a bluffés tout du long…

10 Cloverfield Lane se sépare du tout-spectaculaire donc, pour s’attacher à nous conter une invasion en hors-champ. Ça fonctionne parfaitement, du moins jusqu’au final, qui nous a posé problème. En évitant de spoiler, disons simplement que le ton change du tout au tout, et que l’action fait perdre pas mal de cette suspension consentie de l’incrédulité qui fait tout le charme du film pendant 80 minutes. Ce qui se passe après celles-ci est un ton en-dessous : à trop en faire, notamment avec le personnage de Michelle qui devient carrément invraisemblable, le film perd un peu de sa saveur. Sur le pur résultat à l’écran, ça fonctionne sans aucun doute, encore que le raccord à Cloverfield est un peu perdu au passage, c’est juste que la cassure est trop forte, pas tant au niveau de l’action que du personnage. 10 Cloverfield Lane aurait encore gagné à s’assumer jusqu’au bout, en évitant certains poncifs qui font que le cinéma est plein de rambos qui s’ignorent…

Mais cette petite retenue ne doit en aucun cas faire oublier que 10 Cloverfield Lane est l’un des meilleurs films de genre de l’année 2016, voire l’une des meilleures variations autour de la fin du monde que le cinéma nous ait donné. Nous conseillons aux spectateurs d’éviter de se faire spoiler la tronche : l’œuvre se base beaucoup sur la surprise, ou plutôt le contre-pied. Ainsi, on aurait pu creuser le sujet du survivalisme, mais l’on préfère que le public découvre 10 Cloverfield Lane avec le moins d’éléments en mains possible…

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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