[Critique] Le maître du monde – Lee Sholem

Caractéristiques

  • Titre original : Tobor the Great
  • Réalisateur(s) : Lee Sholem
  • Avec :  Charles Drake, Karin Booth, Billy Chapin, Taylor Holmes, Steven Geray, Henry Kulky...
  • Genre : Science-fiction
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 73 minutes
  • Date de sortie : 21 août 1957

Figurant dans l’indispensable coffret La guerre des robots (aux côtés de Creation Of The Humanoids, Objectif Terre et Cyborg 2087), édité par Artus Films, Le maître du monde est le genre de péloche SF qui a tout intérêt à se voir exhumée. Se plaçant parfaitement dans son contexte historique, le film promet un savant mélange d’espionnage un peu anti-coco sur les bords et de science-fiction délicieusement désuète tout en se trouvant une tonalité pour teenager. Voyons si la recette a de quoi tenir au corps des cinéphiles amoureux du bis (ndlr : pléonasme).

Le maître du monde débute par une fin. En effet, le docteur Ralph Harrison ne goûte que très peu aux expérimentations menées sur des êtres humains par la Commission Interplanétaire Fédérale Civile. Cette dernière fait subir à des futurs pilotes de fusées des tests tellement poussés qu’ils en deviennent inhumains, et le danger mortel guette à chacune des épreuves. Afin de montrer son désaccord profond, Harrison démissionne. Bien vite, il est contacté par le professeur Arnold Nordstrom, qui assure avoir trouvé un moyen de ne plus torturer les corps humains en vue de la conquête spatiale. Cette solution s’appelle Tobor…

Il y a dans Le maître du monde (dont on préfère le titre original : Tobor The Great) beaucoup de qualités indispensables à ces films que l’on aime réhabiliter. Bien sûr, le design hyper kitschounet du robot sera cité en premier lieu par beaucoup, mais le film vaut pour plus que cela. Tout d’abord, son rythme. Ramassé sur 77 minutes, Le maître du monde rappelle à quel point un divertissement peut être magnifié par sa propension à aller droit au but. L’exemple de la mise en place est parfait : en une séquence, le spectateur comprend les enjeux et les problématiques du film, alors que certains blockbusters des années 2000 n’arrivent pas à toucher ce but sur plus de deux heures interminables. Le maître du monde va à toute berzingue, n’hésite jamais à utiliser des ellipses sans pour autant aire du scénario un gruyère sur papier. Une leçon pour certains.

image critique le maitre du monde

Bien évidemment, Le maître du monde reste un film de série (très) B, provenant d’un des studios les plus en rade du Hollywood des années 1950 : Republic Pictures. Il ne faut donc pas trop s’étonner de la sagesse de la réalisation, qui vacille parfois lors de mouvements incertains. Cependant, le traitement de l’histoire est plutôt malin, faisant de Tobor une sorte de super héros en boîte de conserve. De même, le fait est que les situations se concentrent de plus en plus sur Bricole, le petit-fils du professeur Nordstrom qui, comme son surnom l’indique, est du genre à vous construire un stratagème pour écouter les invités d’une réunion à laquelle vous n’êtes pas invités. Le maître du monde ne cache jamais son envie de s’adresser aux jeunes adolescents de l’époque, ce qui est une habitude pour le metteur en scène Lee Sholem (deux Tarzan à son actif, ainsi qu’un prometteur Superman et les nains de l’Enfer).

De situations captivantes (la présentation de Tobor à la presse !) en rebondissements parfois très faciles (ah, le coup du stylo !), le spectateur ne voit pas le temps passer. Le point culminant est d’ailleurs en tous points réussit, et ce même si les grogneurs habituels pourront parler d’un certain esprit anti-communiste primaire. Les mêmes qui mettent les millions de morts dans les goulags sur le compte du froid, sans aucun doute. Plus sérieusement, le film a l’intelligence de ne jamais ramener précisément sur le tapis ce conflit jusqu’au-boutiste qui déchirait américains et russes lors de la conquête spatiale. C’est juste que kidnapper des gens, ce n’est pas cool, deal with it. L’œuvre, de toutes manières, ne fait que peu de place à ce genre de considération : elle n’a tout simplement pas le temps. Ainsi, Le maître du monde est un divertissement familial bien ficelé, emballé sans grands moyens mais avec assez de sincérité pour que le spectateur en sorte emballé. Un petit classique de la science-fiction désuète, on peut aller jusque là.

image tobor le maitre du monde

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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