Caractéristiques
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Test effectué sur :
- PlayStation 4
- Ordinateur/PC
- Développeur : PlatinumGames
- Editeur : Square Enix
- Date de sortie : 10 mars 2017
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- Note : 9/10 par 1 critique
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Existe aussi sur :
Le jeu de l’année 2017
On ne va pas vous le cacher, votre dévoué serviteur fait partie de ces joueurs qui sont largement tombés sous le charme de NieR, jeu tout d’abord très confidentiel puis porté aux nues par une horde de gamers qui y ont décelé les qualités nécessaires pour qu’il devienne carrément culte au fil du temps. Dernier jeu développé par le très regretté studio Cava (Drakengard, c’était aussi eux), NieR déployait un univers captivant, une trame scénaristique originale au sein de laquelle l’aboutissement n’était pas une fin en soi, et une soundtrack parmi les plus belle (la plus belle ?) de la précédente génération de consoles. Seuls soucis notables, une technique aux fraises et des phases de combat pas toujours agréables, ce qui donnait à ce jeu une personnalité imparfaite et touchante. Sept années plus tard, Square Enix (Dragon Quest Builders, World Of Final Fantasy) prouve qu’il est un éditeur qui sait faire plaisir à ses fans, et ravive une licence que l’on croyait morte avec Cava. Aux commandes, les petits génies de chez PlatinumGames, en petite forme en ce moment (un jeu annulé sur Xbox One, et un Starfox Zero loupé de chez loupé) mais dont le talent est tel qu’on ne pouvait qu’être confiant. Autre bon signe, le développeur a confié cette suite à Yoko Taro, déjà en place en tant que director et scenario writer sur NieR. C’est donc la fleur au fusil qu’on s’est lancé dans NieR Automata, en espérant ne pas être cruellement déçu.
Histoire : 5/5
Comme souvent avec PlatinumGames : haters gonna hate. La folie créatrice de ce studio est contagieuse, et ce à tous les niveaux de développement d’un jeu. Alors, bien entendu celles et ceux qui s’attendaient à un scénario dans la même veine que NieR seront pour le moins interloqués, même si au fond les volontés artistiques de NieR Automata rejoignent bel et bien celles de son prédécesseur. Le jeu prend place dans un futur dystopique plus que maussade. L’heure n’y est pas à la rigolade : les extraterrestres ont débarqué, et l’humanité a très courageusement décidé de se réfugier sur la Lune, laissant la lourde tâche de la résistance à une armée d’androïdes. On incarne 2B, un de ces êtres cybernétiques, dont l’apparence fait clairement penser qu’il s’agit d’un robot de sexe féminin (’nuff said). Son but, participer au rétablissement de l’ordre sur notre bonne vieille Terre, tout en se voyant interdire toute forme de sentiments. Cette proscription sera évidemment à l’origine de bien des problématiques, que NieR Automata va enchaîner de manière totalement décomplexée.
Si l’on reconnaît la personnalité du studio PlatinumGames (Bayonetta 1 et 2) dans le rythme parfois trop indompté de l’intrigue, celle de Yoko Taro est aussi au rendez-vous, c’est indéniable. Ne faisons pas non plus de NieR Automata le nouveau chantre de la philosophie vidéoludique, ce serait hors de propos, seulement force est de constater que le jeu questionne beaucoup, notamment sur la question qui nous obsède tous (non, pas le chiffre exact du tour de poitrine de 2B, voyons) : quel est le sens de cette chienne de vie ? Il ne faut évidemment pas attendre la réponse qui illuminera votre quotidien, car si les rapports entre les personnages, mais aussi entre protagonistes et antagonistes, sont parfois savoureux, PlatinumGames a aussi tendance à (trop) vite élucider certaines interrogations au profit de séquences plus légères, et plus longues. En résulte le fatras qu’on pouvait attendre, en cela NieR Automata est dans la droite lignée de son prédécesseur : c’est certes bordélique, mais c’est très souvent passionnant. Bien entendu, la fin n’est pas du tout l’ultime accomplissement, et il faut vous attendre à vous lancer dans du new game plus d’un intérêt primordiale. Sans trop vous spoiler, sachez qu’il est question de points de vue, et que ceux-ci apportent une profondeur savoureuse à l’ensemble.
Gameplay : 4/5
NieR Automata ose, c’est le moins que l’on puisse écrire. PlatinumGames s’est totalement lâché et assume une volonté de proposer un gameplay organique, qui se transforme et provoque lui-même certaines situations. NieR s’aventurait déjà dans les eaux du gameplay à plusieurs voies, brassant tout autant le RPG que le bullet hell, et sa suite creuse le filon du « et pourquoi pas ça ?« . Cela se ressent notamment dans l’excellente direction artistique, que nous aborderons plus bas, mais aussi dans notre rapport à la manette. Les androïdes que nous incarnons sont évidemment dotés de ressources physiques prodigieuses, et de manière générale cela affecte tout le gameplay. Aux oubliettes la rigidité de NieR, 2B est incroyablement plaisante à prendre en mains, capable de bien belles cascades et toujours bien servie par une caméra qui semble lire dans notre esprit afin de se placer au mieux.
NieR Automata est un action-RPG avant tout, vous aurez donc droit à votre dose de combats. Hourra, ceux-ci sont beaucoup plus agréables à mener qu’auparavant. Ici, on verse à fond dans le style PlatinumGames, avec une frénésie éclatante, et surtout une sacrée créativité. Lors des combats au sol, qui restent majoritaires, le système est fichtrement efficace, fait de coups lourds ou légers, d’esquives hyper plaisantes à réussir et de combos qui se veulent sans limite d’endurance. Toute notre panoplie se place au doigt et à l’œil, mais c’est surtout l’évolution des ennemis qui nous a encore plus fasciné. Sans trop vous en dire, sachez que NieR Automata cherche à constamment vous garder concentré sur vos action, et pour cela le jeu refuse que vos connaissances des patterns viennent trop vous avantager. Ainsi, le jeu se renouvelle constamment et, tout comme NieR, s’accorde même des parenthèses vers d’autres genres.
Plus haut, on abordait les combats au sol, et s’ils dominent par leur nombre il faut aussi faire la lumières sur les joutes… en l’air. NieR Automata, et les cerveaux derrière son développement, est conscient que les phases de bullet hell du précédent jeu ont pas mal plu, et du coup le soft s’empare de l’idée pour la pousser dans des retranchements inattendus. On passe en phase de shoot, en vue 2D, 3D, inspirées de pas mal de softs du genre (on pensera notamment beaucoup à la regrettée licence Zone Of The Enders), on se voit engagé dans des combats de boss carrément homériques, le tout dans un rythme trépidant au possible. Bien entendu, NieR Automata ce n’est pas que du combat, c’est aussi de beaux moments d’exploration. On retrouvera la pêche, plus « user friendly » au passage, mais aussi d’autres surprises qui vous feront gagner l’argent nécessaire afin de s’équiper au mieux. Enfin, un mot sur les quêtes annexes, malheureusement aussi « Fedex » que dans Nier. On s’y investit tout de même, car le scénario s’en trouve bonifié, mais aussi par envie de complétude, cependant enchainer ces allers-retours est parfois un exercice peu plaisant.
Technique et ambiance sonore : 4/5
NieR Automata n’est sans doute pas aussi reluisant que le fin du fin de la production « AAA ». Certaine textures font datées, pas assez précises. Mais soyons clairs : on s’en fiche et on laisse les ayatollahs du polygone se réjouir de jeux magnifiques mais soporifiques (Uncharted 4, celle-là est pour toi). Ici, et comme très souvent, la direction artistique fait toute la différence. L’univers post-apocalyptique est l’occasion de dessiner des panoramas impressionnants, parfois sombres mais aussi non-dénués d’une touche d’espoir (ah, cette verdure qui reprend ses droits). Quant aux animations, elles sont soignées et le tout bouge avec une certaine harmonie. alors certes, parfois on voit s’afficher une dose d’aliasing trop accentuée, mais on fait la part des choses sans mal.
Si vous avez eu le bonheur de jouer à NieR à l’époque de sa sortie, vous savez mieux que quiconque à quel point la bande originale est un élément important pour l’expérience. C’est exactement la même chose avec NieR Automata, qui fait là encore appel à Keiichi Okabe et Keigo Hoashi (ainsi que d’autres artistes du groupe Monaca) afin d nous livrer les compositions attendues. Celles-ci atteignent largement la qualité des morceaux entendus dans le précédent soft, et marque notamment par le ton très mélancolique de l’ensemble. On remarquera une petite différence de tonalité, plus brutale à certains moments, apportant un impact très intéressant. Une tuerie, qui jamais ne fait oublier le sound design lui aussi grandiose. NieR Automata, ça se joue à fond dans le casque, et pas autrement.
Durée de vie : 5/5
Vous allez cravacher pour vivre toutes les fins (26 au total), et pour tout pousser à fond. La quête principale de NieR Automata, qui mène à la bonne fin, se boucle en 30 heures, seulement il ne s’agit pas d’une finalité en soi. Pour atteindre le véritable terminus, tablez sur le double, histoire de finir à fond les quêtes annexes et trouver tous les secrets (dont un boss bien énervé et, sans trop en dire, issu du premier NieR). Sachez aussi que le jeu propose de sacrés pic dans les modes de difficulté élevés, et que la durée de vie s’y trouve décuplée de par le challenge que vous y trouverez.
Note finale : 18/20
Mars 2017, NieR Automata vient grossir les rangs de nos coups de cœur d’une année qui n’en finit plus de nous étonner. On ne savait pas si l’exploit de NieR pouvait être réitéré, et pourtant PlatinumGames arrive à nous faire écrire que cette suite, un peu différente de par le gameplay plus axé sur les combats, dépasse les qualités intrinsèques de son grand frère. Avec son histoire un peu foutraque mais très généreuse, et surtout ses systèmes de combats largement plus funs que précédemment, le titre parvient à nous faire voyager dans son univers sans aucun mal. Plus réussi dans ses mécaniques, plus rythmé dans sa narration, long et doté d’une direction artistique exceptionnelle, voilà un jeu qui fait d’ores et déjà date.
Edit : nous avons officiellement élu Nier Automata jeu vidéo de l’année 2017.