Caractéristiques
- Titre : Alien : Covenant
- Réalisateur(s) : Ridley Scott
- Avec : Michael Fassbender, Katherine Waterston, Billy Crudup, Danny McBride, Demián Bichir, Carmen Ejogo, Amy Seimetz, Jussie Smollett, Callie Hernandez, James Franco...
- Distributeur : 20th Century Fox
- Genre : Science-fiction, Horreur
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 123 minutes
- Date de sortie : 10 mai 2017
- Note du critique : 5/10 par 1 critique
Cinq ans que Prometheus est sorti en salles. Cinq années que nous attendons la suite. Même si l’on peut critiquer le résultat final (d’ailleurs le film fait encore débat), ce prequel avait planté quelques idées intéressantes. Et voici donc qu’arrive Alien: Covenant, toujours réalisé par Ridley Scott.
L’histoire se déroule dix ans après les événements du premier opus, le Covenant est un vaisseau colonial qui, durant son voyage, subit une tempête de neutrinos réveillant, d’un sommeil cryogénique, l’équipage. Ce même équipage découvre qu’il leur reste des années avant d’atteindre leur destination, mais qu’une planète, proche de leur localisation, serait plus apte à la colonisation que leur destination initiale. Tout ce petit monde se dirige donc vers cet astre mystère.
N’y allons pas par quatre chemins : Alien: Covenant est bel et bien la suite de Prometheus. Sans vraiment spoiler, c’est surtout avec le retour d’un personnage du premier film que la liaison s’opère, David. L’androïde fait ici un come-back remarqué et s’avère être le personnage principal, l’anti-héros, de cette saga. Sa psychologie est plus qu’approfondie via certaines très bonnes scènes, comme la séquence miroir avec son alter-ego Walter. Ridley Scott décide de prendre son parti. Une bonne chose pour la saga, car ses agissements font directement écho aux films Alien, même si cela laisse par ailleurs un goût amer pour certaines questions que l’on se posait à la fin de Prometheus et qui ne trouveront pas de réponses ici. Ainsi, la question des Ingénieurs est bâclée en 30 secondes, sans même parler du destin d’Elizabeth Shaw. Le statut de créateur de l’androïde, qui fait suite à certaines lignes de dialogue du premier opus, s’avère également un peu incohérente avec la saga, mais cela reste une idée intéressante. Cette partie, centrée sur David, est de loin ce qui est le plus réussi dans le film.
Mais qu’en est-il de l’équipage du Covenant dans tout ça? Passé les premières quarante-cinq minutes durant lesquelles on s’intéresse à eux et où l’on apprend à les connaître, ceux-ci sont relégués à de simples figurants par la suite, ce qui constitue sans doute le plus gros problème du film, puisque, le réalisateur ne s’intéressant plus à eux, nous non plus. Leur destin n’a pas d’importance et l’attachement émotionnel que l’on aurait pu éprouver disparaît purement et simplement. De plus, on voit venir de très loin le cliffhanger final qui arrive dans les dernières minutes du film. Malgré cela, certaines scènes avec l’équipage sont parmi les meilleures du métrage. On retiendra notamment la séquence dans la navette avec un suspense et un rythme haletant, ou encore une scène d’évasion de la planète plus que réussie.
Si Alien: Covenant est un film Alien dans sa forme scénaristique, on ne peut pas dire qu’il en soit de même avec la réalisation de Ridley Scott, pourtant réalisateur du premier film de la saga. Malgré le savoir-faire technique du réalisateur qui n’est plus à prouver, et certaines très bonnes scènes, le cinéaste semble se désintéresser de la créature. Alors que dans le premier Alien il icônisait, magnifiait le xénomorphe et que dans Prometheus il en faisait de même avec les Ingénieurs, ici, la créature est filmée comme un monstre banal, une sorte de créature de Frankenstein qui est plus là pour le fan service qu’autre chose.
Pour le reste, on retiendra les décors naturels de la Nouvelle-Zélande, dont le rendu à l’écran est magnifique, tout en rendant la planète inquiétante. La musique de Jed Kurzel (MacBeth) fait bien la liaison entre la musique de Prometheus et celle d’Alien. Un exercice difficile, auquel le compositeur se frotte avec brio, en faisant preuve d’une certaine subtilité. Le film est également assez gore, sans doute le plus sanglant de la saga. Parmi les éléments positifs, le rythme est haletant, même si le réalisateur prend parfois son temps pour certaines scènes. Dans les moins, on notera quelques effets spéciaux ratés, la créature numérique faisant parfois tristement fausse.
Concernant les acteurs, Michael Fassbender fait un très bon travail dans le double rôle de David/Walter. On croit vraiment aux deux personnages grâce à des différences minimes, mais réellement importantes. Katherine Waterston fait ce qu’elle peut dans un rôle pas forcément bien écrit. Danny McBride, que l’on a plus l’habitude de voir dans des comédies tel que C’est la fin ou Délire Express, surprend et prouve qu’il peut aussi changer de registre et être bon. Billy Crudup, quant à lui, s’en sort plutôt bien, même si l’on regrette que le côté religieux de son personnage —qui fait écho à celui d’Elizabeth Shaw dans Prometheus — ne soit pas davantage poussé ou explicité.
Alien: Covenant est un film un peu bâtard au final, qui, dans sa forme scénaristique, ressemble à un film Alien tout en étant une suite à Prometheus. Il y a de bonnes idées dans le lot, pas forcément bien exploitées, mais qui le seront peut-être dans une suite ultérieure. Ridley Scott s’évertue à nous expliquer (un peu maladroitement) l’origine du xénomorphe tout en oubliant de lui rendre sa magnificence. Il préfère concentrer son attention sur son anti-héros plutôt que sur un équipage dispensable. Avec la volonté, en filigrane, de donner une nouvelle direction à la saga. Certains spectateurs seront déconcertés, d’autres trouveront Alien: Covenant bien plus satisfaisant que Prometheus. C’est sans doute dans ce dernier point que réside son atout principal afin de porter les suites qui ont d’ores et déjà été annoncées.