article coup de coeur

[Test – Playstation 4] Prey : Game. Of. The. Year.

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • Playstation 4
      Existe aussi sur :
    • Ordinateur/PC
    • Xbox One
  • Développeur : Arkane Studios
  • Editeur : Bethesda
  • Date de sortie : 5 mai 2017
  • Note : 9/10

Introduction

On y est. Vous le savez si vous avez lu nos deux previews de ce Prey tant attendu (que vous retrouvez ici et ), on était quelque peu séduit par ces essais, lesquels nous ont fait découvrir un jeu qui ne pouvait cacher la patte Arkane Studios (Dishonored 2). Et, aujourd’hui, on y est. Le soft est enfin sorti, et peut-être même que vous y jouez en ce moment. Pourtant, il faut se remémorer qu’on a bien failli ne jamais se frotter à l’univers qui s’y étend. Plus précisément, rappelons-nous qu’un Prey 2 fut annulé, voilà déjà quelques temps, et que l’annonce du titre traité dans ce test avait de quoi laisser perplexe tant il balaye tout ce que fut le jeu d’origine, sorti en 2006. Et vous savez quoi ? On tient là ce qui est, et restera certainement un long moment, le meilleur reboot de l’Histoire du divertissement. Tous mediums confondus. Et voilà pourquoi…

Histoire : 5/5

image jeu prey
Image issue du Playstation Share.

Terminé Tommy, le cherokee que l’on incarnait en 2006. Cette fois-ci, on quitte le plancher des vaches, direction l’espace, où personne n’est sensé nous entendre crier. Certes, c’est le cas, mais cela ne veut pas dire que le joueur incarne un personnage sans voix. Celle-ci, qui appartient à un être humain du nom de Morgan Yu, peut être féminine ou masculine. Dès le début de Prey, Arkane Studios marque le jeu de son empreinte : le choix nous est laissé, et incarner un homme ou une femme en fait logiquement partie. Sachez qu’à part le jeu de doublage, finalement peu présent pour notre avatar, le scénario restera le même selon le sexe élu. L’histoire justement, abordons-la un peu plus précisément, tout en vous assurant que l’on vous préservera de tout spoil dans cet article…

Le scénario de Prey est divinement agréable à suivre, d’autant que la patte Arkane Studios rayonne tout du long. Sans trop en dévoiler, sachez que l’on incarne Morgan Yu, un scientifique qui donne de sa personne afin de faire avancer la science. Seulement, un « beau » jour, une anomalie s’invite dans la danse, et l’envers du décor ne tarde pas à pointer le bout de son nez. Vous allez apprendre que vous n’êtes plus sur Terre, mais bien sur Talos 1, une gigantesque station spatiale, en orbite autour de la Lune. Et vous n’étiez pas le seul sujet d’étude, car d’autres entités vont connaître le goût de la liberté : les Typhon. Un scénario de base assez classique, qui pourra rappeler certains grands classiques du FPS d’aventure, comme Deus Ex pour le côté un peu parano, ou encore Half Life et la gestion de l’urgence. Seulement, oubliez ces références : car plus vous avancerez, moins vous ferez attention à ce genre de calculs.

image histoire prey
Image issue du Playstation Share.

En effet, Prey c’est un scénario qui vous tiendra en haleine d’un bout à l’autre. Et si l’écriture est évidemment la grande responsable, il faut aussi souligner la narration impeccable qui l’accompagne. Le rythme de ce jeu restera dans les annales, en n’accordant quasiment aucun temps mort au joueur (peut-être à l’exception d’un passage en apesanteur un peu long), lequel aura d’ailleurs du mal, dans son premier run, à se détourner de la quête principale pour se lancer dans les (très) nombreux à-côtés ; même si la donne change bien vite, quand on se rend compte que certaines de ces missions annexes ont des répercussions que l’on qualifiera de cruciales. On est aspiré par des objectifs précis et, surtout, toujours mû par un sentiment d’urgence. Certaines ficelles sont un peu grosses, comme quelques détours qui tombent comme autant de cheveux sur la soupe, et pourtant cela fonctionne à merveille : on est pris par le suspens, l’envie de découvrir ce que la suite nous réserve.

Qui dit Arkane Studios, dit univers soigné dans les moindres détails. Et c’est encore le cas avec Prey, qui nous rend la station Talos 1 aussi inquiétante qu’intéressante. Si la situation exige qu’elle ne soit pas débordante de vies humaines, on ressent parfaitement l’écho de ce qu’elle fut avant l’incident déclencheur. Et ce par des moyens somme toute classiques : accès à des messageries mail, des enregistrements sonores (ou audiologs), lecture de livres (plus courts que dans les Elder Scrolls), de notes et de prospectus, et évidemment des dialogues. Le tout dans une ambiance dystopique, grâce à un background à la fois riche et intelligent, qui s’appuie sur trois axes, chacun sonnant comme autant d’interrogations : « et si J. F. Kennedy n’était pas mort le 22 novembre 1963 ?« , « et s’il avait pu continuer son programme spatial ?« , « et si USA et URSS avaient pactisé au lieu de se lancer dans une Guerre Froide ?« . Cela termine d’installer une atmosphère efficace à souhait.

Gameplay : 5/5

image fantome prey
Image issue du Playstation Share.

Prey est un mélange de plusieurs codes issus de différents genre. Une vue à la première personne, donc FPS, de l’exploration, de l’action bien évidemment, un énorme arbre de compétence, du craft, du loot, des améliorations à tous les étages. Un mélange qui résulte sur une saveur pas spécialement originale, Deus Ex et d’autres sont passés par là, et pourtant là encore on est sidéré par le caractère abouti du fruit bichonné par Arkane Studios. Tout d’abord, abordons le rapport à l’action, car bien vite vous allez vous retrouver avec une bonne vieille clé à molette vissée dans la main (celle de votre avatar, rassurez-vous), afin de vous défendre d’un ennemi qui va véritablement vous arracher des hurlements de frayeur. Les Typhons forment une menace extraterrestre, laquelle est divisée en espèces : Mimic, Fantôme, Tisseur, et d’autres que nous tairons ici. Chacun est pensé afin de vous remuer les tripes, vous êtes prévenus.

Prenons l’exemple des Mimics : des araignées-crabes de l’espace capables de prendre l’apparence (plus précisément, elles se mettent en stand-by dans une dimension parallèle) de n’importe quel objet dans le décor. Vous les voyez venir, les parties de cache-cache bien tendues ? Prey a cela de fabuleux que, de plus, le soft ne cherche pas à absolument vous attraper au jeu : il prévient le joueur, notamment en déclenchant des nappes sonores. Il n’est jamais injuste. Et c’est justement ce qui créé une nervosité palpable chez le joueur : on est aux aguets. Si on l’est à ce point, c’est grâce à une intelligence artificielle qui a su nous surprendre tout du long. Notamment ces fichus Fantômes, qui nous ont fait nous demander si l’on avait déjà connu ennemis plus retors dans le jeu vidéo. Oui, à ce point. Certains ont même fait preuve de vice, se cachant dans des recoins, n’hésitant pas à nous prendre à revers, voir même à provoquer des événement en chaîne. Par exemple, on était caché derrière une bonne vieille caisse, quand un projectile a heurté un tuyau, lequel a libéré un souffle de flamme nous infligeant des dégâts. Gloups.

image test prey
Image issue du Playstation Share.

Pour se défendre tant bien que mal, Prey met à notre disposition un petit arsenal, dont certaines pièces sortent du lot. On retrouvera des grands classiques, comme le flingue silencieux, le bon gros fusil à pompe, ou encore différentes grenades aux effets distincts. Mais attardons-nous plutôt sur la grande star de notre inventaire : le Gloo Cannon. Ce dernier tire des boules de gommes, lesquelles gonflent au contact d’une surface (sauf les vitres, ce qui est d’ailleurs justifié au détour d’un mail lu). Et les Mimics, ce sont des surfaces, quelque part. Donc visez-les, ils se figeront sur place un petit moment, le temps de leur asséner de bon gros coups de clé à molette, d’autant que cette position inconfortable multiplie les dégâts ! Le Gloo Cannon deviendra votre meilleur ami, car pétrifier ces fichus Mimics, c’est une véritable priorité pour votre santé. Aussi, vous pourrez vous servir de ses résultats afin d’atteindre des endroits autrement inaccessible. Vous voyez cette passerelle en hauteur ? La mousse vous permettra de créer de petites plateformes afin d’y grimper, et en hauteur vous pourrez d’autant mieux élaborer vos stratégies d’attaque.

En effet, il va falloir penser avant d’agir : Prey est difficile. Et là encore, on ne peut que féliciter Arkane Studios pour le courage de ses choix. Non, rester planqué comme un gros campeur ne provoquera pas de régénération de votre énergie. Pas de ça ici : les seules façons de panser ses blessures vous demanderont de consommer de la nourriture, un kit de soin, voire de s’abreuver à des fontaine d’eau. Un rapport à la gestion de la santé typiquement à l’ancienne, donc, et cela fonctionne du tonnerre, en créant un challenge pas du tout injuste, mais assez relevé pour ne pas que votre cheminement ressemble à une jolie balade sans pression. L’énergie chute vite, très vite, et ce même si vous jouez en mode Facile. C’est bien vu de la part du studio de développement, car cette difficulté termine de construire une situation au sein de laquelle Morgan Yu est une proie. Du moins, avant que vous puissiez réellement dompter l’arbre des compétences.

image playstation 4 prey
Image issue du Playstation Share.

L’arbre des compétence, écrivons à son propos. Tout au long de Prey, vous récupérerez des Neuromods, qui font office de point de talents. Les pouvoirs à débloquer sont du genre nombreux, divisés en deux grandes familles, Humain et Extraterrestre, elles-même séparées en trois branches. Le principe est immédiatement pris en mains, facile à comprendre, et terriblement précis. Vous pourrez y améliorer votre défense, la capacité de l’inventaire, et d’autres choses classiques. Mais aussi, vous pourrez vous lancer dans des améliorations plus originales, comme le fameux pouvoir de Mimétisme. Prenez l’apparence d’une tasse afin de ne pas vous faire remarquer, ou dans l’optique de rentrer dans un endroit trop petit pour votre grosse carcasse. Là encore, sachez que la profondeur est de sortie. Notamment, s’accorder un pouvoir Extraterrestre n’est pas une décision à prendre à la légère. Car cela vous fera passer, aux yeux automatisés des tourelles défensives, pour un Typhon… On ne le répétera jamais assez : ce jeu vous demandera de choisir en votre âme et conscience, en permanence.

Jouer à Prey est un bonheur de tous les instants, et ce même si le jeu s’amuse à nous faire peur. Tout est fait pour que l’expérience soit inoubliable pour le joueur, et ce dans les moindres détails. La carte est claire et simple à utiliser (il lui manque peut-être une fonction de marquage), les menus tombent sous le sens. On ne peut pas oublier d’évoquer le level design, authentique signature du studio de développement. Les chemins se dédoublent, chaque instant passé à jouer pousse à l’exploration, et la verticalité est certes moins affirmée que dans d’autres softs du moment, mais elle est utilisée à bon escient. Chaque endroit visité propose son lot de particularité : un court-circuit qui crache des kilowatts assassins, vous empêchant d’accéder à un ordinateur contenant de précieuses informations. Ou encore un recoin blindé de loot, mais inaccessible à cause d’éléments impossibles à déplacer car trop lourds (pour l’instant, des compétences peuvent régler ce souci, ce qui donne un petit côté Metroidvania). D’ailleurs, impossible de passer au prochain critère sans souligner la grande réussite qu’est tout le système de craft et de loot. Vous aurez à cœur de récupérer chaque peau de banane négligemment abandonnée dans un pauvre tiroir. Chaque mégot de cigare rencontré. Chaque plante attirera votre attention. Car tous pourront trouver une deuxième vie dans les Recycleurs, sous forme de matière première, à destination des Fabricateurs. Ainsi, cette boulette de papier aura servi, avec bien d’autres déchets, à fabriquer des munitions pour le fusil à pompe. Prey est, décidément, un véritable fantasme de gamer qui prend vie devant nos yeux ébahis.

Technique et ambiance sonore : 4/5

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Image issue du Playstation Share.

D’un point de vue purement technique, Prey souffre d’une ou deux tares, qui au passage lui enlève la note maximale qu’on aurait pu être tenté de lui administrer. Seulement, les temps de chargement, s’ils ne sont pas nombreux, sont bien trop longs. Pas de quoi fouetter un chat certes, et ce n’est pas comme si l’on changeait de zone toutes les cinq minutes, mais attendre près de deux minutes sur certains loading, c’est un peu déroutant. Aussi, on a eu droit à un ou deux bugs. Là encore, rien de bien méchant : la roue de sélection des armes qui ne s’affiche pas, par exemple. C’est arrivé une seule fois, et une sauvegarde, suivie d’un chargement de la partie, a su régler le problème. Des petits détails, donc, qui empêchent le tout d’être aussi parfait qu’espéré. Autrement, Prey est atteint du syndrome Arkane Studios : une direction artistique à se damner. Jeux de lumières véritablement pensés, cohérence hyper travaillée, architecture maîtrisée qui tire ses forces de l’uchronie dans laquelle se place le soft : les esthètes entendront leurs propres yeux pétiller de plaisir…

Et la musique, bon sang la musique ! Vous le savez si vous aviez lu nos previews de Prey : nous n’étions pas spécialement convaincus par nos sensations auditives lors de nos deux essais. Il est clair que l’immense travail de Mick Gordon, dont on avait déjà souligner le talent dans notre test de DOOM, ne peut fondamentalement se savourer sur un essai d’une heure. Il faut se poser, surtout jouer au casque (on insiste !), et l’effet est garanti. Ici, ses compositions se font parfois plus lancinantes, travaillent plus l’ambiance, tout en sachant se montrer énergique quand il le faut. Elles tiennent un grand rôle dans le sentiment de pétoche qui traversera votre expérience avec ce soft.

Durée de vie : 5/5

image arkane studios prey
Image issue du Playstation Share.

Elle est idéale pour un jeu de ce genre. Pour boucler l’histoire principale de Prey, sans se soucier des quêtes annexes, il vous faudra 20 heures de jeu. Par contre, pour les fouineur patentés, qui voudront aussi faire tous les à-côtés, alors vous pouvez doubler ce chiffre : 40 heures vous seront nécessaires. Ajoutez à cela une rejouabilité carrément immense : plusieurs fins disponibles, et surtout on a tant de choix à opérer qu’il faudra s’y replonger afin d’expérimenter. Seule absence remarquée, celle d’un new game plus, qui se comprend de par la volonté de donner à chaque partie un caractère unique, de par la gestion de l’arbre de compétence. Espérons, tout de même, qu’Arkane Studios ait la bonne idée de rajouter une option NG+ à l’avenir, comme ce fut le cas pour Dishonored 2.

Note finale : 19/20

image gameplay prey
Image issue du Playstation Share.

Le jeu de l’année. Le GOTY. Quatre lettres bien connues des joueurs, qui résonnent comme une promesse à leurs oreilles. Celle de Prey sera sans doute la plus belle de cette année 2017 (décidément, un millésime phénoménal), celle qui nous aura le plus chamboulé, on prend dore et déjà les paris. Scénario captivant, rythme trépidant, gameplay fun, malin et poussé à son paroxysme, level design exemplaire, direction artistique qui lèche les rétines, durée de vie idéale : on est bel et bien là devant ce genre de softs qui laissent une trace indélébile dans l’histoire du jeu vidéo. Arkane Studios avait frappé fort avec les excellents Dishonored. Là, ils rentrent définitivement dans cette catégorie des développeurs dont la simple évocation provoque l’euphorie. Vite, la suite du programme !

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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