Caractéristiques
- Titre : Doubleplusungood
- Réalisateur(s) : Marco Laguna
- Avec : Wild Dee Borra, Philippe Genion, Bouli Lanners, Jean Biche, Lise Lejeune, Georges Napalm
- Genre : Polar
- Pays : Belgique
- Durée : 90 minutes
- Note du critique : 4/10 par 1 critique
Un polar expérimental, maladroit mais sincère
Si vous êtes un habitué de L’Étrange Festival, vous savez que les organisateurs prennent plaisir à réserver au moins un créneau à un film aux moyens très limités. L’année dernière, ce fut Dark Circus, un métrage aux (très) forts accents sado-masochistes, qui nous avait tellement fait mauvaise impression que l’on n’en avait pas vu plus du quart. Heureusement, Doubleplusungood n’a pas connu le même destin, et sans s’avérer bluffante, l’effort de Marco Laguna est assez sincère pour nous interpeler.
Il était une fois, dans un futur pas si lointain, Dago Cassandra, un truand un peu minable qui s’était lancé dans une quête pour supprimer les 12 bâtards de Lucifer. Quand soudain…
Le film aurait gagné à se trouver une structure plus sage
Doubleplusungood, voilà un titre qui pose des questions. Mot issu de la novlangue, ce langage inventé par George Orwell pour son très culte roman 1984, sa signification joue à fond sur la notion de désordre, et la définition se situerait aux alentours de « vraiment mauvais ». L’origine orwellienne est importante, car tout le film suit un développement qui pourrait bien être inspiré de certaines théories alarmistes. On suit Dago, ancien voyou fraîchement sorti de taule, dans une errance très typée film noir, motivée par un objectif un peu obscur. Le souci étant que l’intrigue, au final, reste trop opaque, et ce même si l’on capte très bien que Marco Laguna a quelques griefs contre le système capitaliste actuel. Son anti-héro tue des archétypes de notre temps, les trucide parfois avec une sacrée dose de violence (amateurs de tronçonneuse, une séquence est faite pour vous), et le cheminement emmène ce personnage principal jusqu’à l’antagoniste maximal. Oui, celui qui règne en bas, tout en bas.
Le manque de moyen oblige le réalisateur à s’adapter. Mais on sent que Marco Laguna n’a pas voulu s’imposer de limites, ce qui accouche de certains passages plus ambitieux que le reste du métrage, notamment une super poursuite en bagnoles. Autre bon élément, les musiques sont plutôt savoureuses. Le seul gros regret qu’on émet concerne le traitement très expérimental de l’ensemble. La narration de Doubleplusungood en prend un sacré coup derrière l’oreille, le découpage en chapitre fonctionne très moyennement, et parfois on perd totalement le fil conducteur. Aussi, la voix-off est assez lourde, même si l’écriture de ces monologues possède des qualités stylistiques évidentes. Globalement, c’est tout de même un sentiment pataud qui l’emporte, mais on se doit aussi de souligner la belle énergie de l’équipe de tournage, aussi réduite qu’elle fut. Cela se ressent particulièrement dans l’éclairage, mais du coup l’œuvre produit une atmosphère poisseuse, qui s’associe très bien avec cette drôle d’histoire…