Caractéristiques
- Titre : Adult Babies
- Réalisateur(s) : Dominic Brunt
- Avec : Joanne Mitchell, Kate Coogan, Sally Dexter, Andrew Dunn, Charlie Chuck...
- Genre : Comédie, Epouvante-horreur
- Pays : Royaume-Uni
- Durée : 1h20
- Note du critique : 5/10 par 1 critique
On le sait, les organisateurs de L’Étrange Festival aiment glisser chaque année dans la programmation des comédies grand-guignolesques aux pitchs improbables pour le plus grand bonheur des amateurs de cinéma bis qui tâche. Cette année, Attack of the Adult Babies, présenté en première mondiale, remporte sans conteste la palme du film what the fuck. Le réalisateur anglais Dominic Brunt nous y raconte l’histoire de sexagénaires dans un manoir isolé, s’adonnant, le temps de leur séjour, à un fantasme pour le moins original : se trimballer en couche-culottes et être traités comme des nourrissons par de jeunes et jolies infirmières tenues au secret dans cette immense demeure convertie en « hôpital ». Cette fine équipe est dirigée par une chef autoritaire et son assistante pour le moins sadique. Lorsqu’une quadragénaire BCBG débarque en compagnie de sa fille et son beau-fils sous la contrainte de mystérieux gangsters, les choses vont dangereusement déraper…
Un pitch de moyen-métrage gonflé en long…
Comme le suggère ce court résumé, la comédie de Dominic Brunt — acteur connu des Anglais depuis vingt ans pour son rôle récurrent dans Emmerdale Farm — ne fait pas dans la dentelle et est assez portée sur le grand-guignol et les gags scatologiques. Le premier acte, relativement sobre, où la partie de jeu de société de la petite famille est interrompue par l’irruption de deux gangsters maladroits, excelle dans l’humour typiquement anglais et surprend agréablement, autant par la maîtrise des dialogues, le sens du timing des comédiens que la retenue de la mise en scène. En revanche, les choses se corsent assez vite à partir du moment où nous pénétrons dans cet immense hôpital aux allures de manoir à la Downtow Abbey — la célèbre série a d’ailleurs bien failli être tournée ici. Si l’on accepte l’absurdité et le mauvais goût assumé de l’intrigue, Attack of the Adult Babies possède quelques séquences sympathiques qui pourront prêter à sourire. Malheureusement, malgré cette volonté d’aller aussi loin que possible dans l’humour et le côté scato, le film manque de souffle et, paradoxalement, de folie.
On a souvent l’impression de nous trouver devant une histoire qui aurait pu constituer un très bon moyen métrage, et que l’on aurait gonflé artificiellement à bloc pour le faire tenir dans un format de 80 minutes. Le fait que l’un des personnages principaux, à l’excellent potentiel comique, soit très vite évincé n’aide pas forcément non plus, d’autant plus qu’une bonne partie des scènes de combat grand-guignolesques ne fonctionne pas très bien : on sent que ces moments devraient être jouissifs, mais le résultat est visuellement moyen. Alors certes, le film a été réalisé avec un budget limité, fort différent de celui d’un Tarantino, dont on sent par moments l’influence. Mais cela aurait pu être compensé par une réalisation plus inventive et, surtout, un meilleur timing ; ces séquences tournent souvent court et reposent principalement autour d’un gag unique, finalement assez conventionnel dans ce type de comédie trash.
Une comédie en roue libre, mais quelques passages inspirés
De même, la métaphore politique, simple et illustrée de manière littérale — la classe politique est une oligarchie constituée de porcs — ne suffit pas à maintenir l’intérêt d’un bout à l’autre, et le trip scato final, too much, mais pas nécessairement poilant, laisse quelque peu perplexe. Cependant, malgré ces réserves et un ressenti assez mitigé dans l’ensemble, Attack of the Adult Babies possède certains gags et passages assez inspirés, qui permettent malgré tout au spectateur de suivre ce trip bien gras jusqu’au bout, notamment une séquence en pâte à modeler qui intervient un peu tard, mais est sans doute la plus enthousiasmante du long-métrage. Le casting est par ailleurs convaincant, et l’on saluera la performance d’Andrew Dunn, qui tient avec panache d’un bout à l’autre son rôle de père de famille au passé trouble. Il y a là un potentiel comique qui ne demande qu’à être développé, et n’en aurait été que plus efficace sans ce scénario en roue libre qui tire bien trop en longueur…