Caractéristiques
- Titre : Kingsman, le Cercle d'Or
- Titre original : Kingsman: The Golden Circle
- Réalisateur(s) : Matthew Vaughn
- Avec : Taron Egerton, Mark Strong, Julianne Moore, Pedro Pascal, Channing Tatum, Sir Elton John, Jeff Bridges, Halle Berry et Colin Firth.
- Distributeur : 20th Century Fox France
- Genre : Action, Espionnage, Comédie
- Pays : Royaume-Uni, Etats-Unis
- Durée : 141 minutes
- Date de sortie : 11 Octobre 2017
- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Sorti en février 2015, Kingsman : Services Secrets avait surpris tout le monde — critiques et public confondus — et récolté au passage 450 millions de dollars à travers le monde. Le réalisateur Matthew Vaughn (qui adaptait encore ici un comics de Mark Millar après Kick-Ass) avait réinventé, avec ingéniosité, le film d’espionnage en détournant ses codes avec humour. Deux plus tard, sa suite sort en salles.
Kingsman : Le Cercle d’Or se déroule un an après les événements du premier film. Eggsy sauve toujours le monde en étant un Kingsman, et il vit avec la princesse Tilde. Alors que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, tout bascule le jour où le quartier général de l’agence est détruit par Poppy, la dirigeante d’un cartel de drogue. Merlin va alors déclencher le protocole Apocalypse, et les deux Kingsman restant vont rencontrer leurs homologues américains : les Statesman.
Toujours aussi fun
Après une scène d’introduction digne des meilleurs James Bond, Kingsman : Le Cercle d’Or pose très rapidement les enjeux. Poppy, qui adore les années 50, a injecté un virus dans les stupéfiants qu’elle vend par le biais de son cartel. Elle menace de laisser mourir ces pauvre gens si les drogues ne sont pas légalisées. Tout un programme ! Evidemment, le scénario n’est qu’un prétexte à des scènes d’action à l’humour potache, mais, comme pour ses précédents films (Stardust, adapté de l’oeuvre de Neil Gaiman, compris) Vaughn y établit également un constat sur le monde actuel, qu’il n’hésite pas à égratigner. On pensera surtout au président des Etats-Unis (incarné par Bruce Greenwood) qui enchaîne les réactions les plus folles face à la situation.
Cet aspect fun est sans conteste le plus gros atout du film. Chaque réplique ou scène humoristique fait mouche, tandis que le rythme trépidant du film ne laisse pas le temps au spectateur de s’ennuyer. Il faut ajouter à cela les excellentes performances du casting, à commencer par celles d’Elton John et de Julianne Moore (Free Love, Les fils de l’homme, Le monde perdu…). Si le premier joue son propre rôle, c’est avec grand plaisir qu’on découvre son talent d’acteur : chaque scène où il apparaît est à mourir de rire. Bien au-delà du simple caméo, il est donc la grosse surprise du film qu’on n’a pas vu arriver. Pour Moore, davantage habituée aux films dramatiques, c’est surtout la façon décalée de son personnage de réagir aux différentes situations qui nous prend par surprise. L’actrice a par ailleurs insufflé une vraie fantaisie à cette méchante obsédée par les années 50.
Toujours autant d’action, mais…
Alors oui, Kingsman : Le Cercle d’Or possède toujours autant de scènes d’actions toutes plus folles les unes que les autres : entre la course poursuite en voiture de l’ouverture, une séquence en montagne et le final, tout semble calibré pour passer un bon moment. De manière globale, c’est bel et bien le cas, mais il nous faut ajouter un petit bémol puisque toutes ces passages over the top n’égalent jamais la folie de la scène de l’église du premier opus. L’effet de surprise du premier film étant passé, on aurait aimé que Vaughn redouble d’inventivité dans cette suite, plutôt que de se contenter de décliner les mêmes ficelles.
Autre point positif malgré tout : la mythologie. Après les Kingsman dans le premier film, nous découvrons ici les Statesman, leurs cousins américains, dont le quartier général est caché dans une distillerie de whisky. Cela permet de justifier le retour d’Harry, et la relation entre ces deux entités d’agents spéciaux est très drôle. Le contraste entre le raffinement très british des Kingsman et l’attitude de cowboys texans des Statesman marche ainsi à la perfection. On regrettera cependant une seule chose : la sous-utilisation de l’agent Tequila (Channing Tatum) que l’on retrouvera sans doute dans un éventuel troisième opus teasé en fin de film.
Des acteurs qui s’amusent
Kingsman : Le Cercle d’Or est aussi un prétexte permettant à tout ce beau monde de s’amuser, et leur plaisir est palpable à l’écran. Dans le rôle d’Eggsy — plus mature et avec de nouvelles préoccupations —Taron Egerton livre une interprétation sur un fil tragi-comique qu’il maîtrise parfaitement. Mark Strong apparaît toujours aussi décomplexé dans le rôle de Merlin, ce qui rend une scène invraisemblablement drôle et touchante. En petit nouveau de la franchise, Channing Tatum brille également par son charisme, malgré son faible temps de présence à l’écran. Jeff Bridges (True Grit) est parfait, comme toujours, dans le rôle du chef des Statesman, l’agent Champagne. Halle Berry — que l’on avait un peu perdue de vue depuis la série SF Extant — s’amuse quant à elle comme une folle dans le rôle de Ginger et, enfin, Colin Firth (Magic in the Moonlight, Valmont) revient avec brio dans le rôle d’Harry.
Côté technique, Matthew Vaughn a pu pousser les choses plus loin grâce à un budget plus ample que pour le premier film — 104 millions pour celui-ci, contre 81 en 2015. Sa réalisation est propre et précise. Il a bien entendu conservé l’ambiance british du premier film, tout en lui insufflant un esprit cowboy et une petite touche 50’s, pour un résultat détonnant. Les décors, réels ou numériques, sont superbes, et l’on remarquera d’ailleurs que les effets spéciaux sont de meilleure qualité, sans pour autant effacer la dimension kitsch qui faisait le charme du film original. La musique d’Henry Jackman et Matthew Margeson s’avère tout aussi excellente. Les compositeurs ont incorporé de nouveaux thèmes, notamment pour les Statesmen, et le mix entre le thème so british et l’ambiance country est à saluer.
Une suite réussie
Kingsman : Le Cercle d’Or est donc une suite tout à fait convaincante, emportée par des scènes d’action efficaces et un casting qui semble s’amuser autant que nous. Alors certes, une fois la surprise de Kingsman : Services Secrets passée, la formule, jouant sur des ressorts similaires, ne cherche pas vraiment l’originalité ; certains pourront donc voir dans ce second opus un blockbuster ultra-marketé et assez conventionnel. Cependant, si vous avez apprécié le premier film et souhaitez profiter d’un divertissement efficace et sans prétention, cette suite remplira parfaitement son office… En attendant un très probable troisième volet pour boucler la trilogie.