Caractéristiques
- Titre : A Ghost Story
- Réalisateur(s) : David Lowery
- Avec : Casey Affleck, Rooney Mara, McColm Cephas Jr...
- Distributeur : Universal Pictures France
- Genre : Drame, Fantastique
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 1h32
- Date de sortie : 20 décembre 2017
- Note du critique : 7/10 par 1 critique
L’amour peut-il survivre à travers le temps, même après la disparition de l’un des deux amants ? C’est à partir de cette question que David Lowery a tissé ce film hautement métaphysique, qui commence comme un huit-clos autour du deuil avant de prendre une perspective plus étonnante lors du dernier tiers. Casey Affleck (Manchester by the Sea) et Rooney Mara (Song to Song) incarnent ainsi un couple marié qui entre en crise lorsque se pose la question de mettre en vente ou non leur maison à la campagne : elle veut partir, lui rester. Finalement, dans les premières minutes, c’est lui qui meurt dans un accident de voiture tandis qu’elle reste dans cette demeure qui semblait être déjà hantée avant même d’être remplie de cette lancinante absence.
Un fantôme esseulé en quête de deuil
Comment réagit-on face au deuil ? Comment parvenir à avancer ? Ces questions, beaucoup de films ont déjà tenté d’y répondre en apportant leur propre vision sur le sujet. Mais très peu se sont intéressés au sort du fantôme délaissé, qui doit lui aussi faire un impossible deuil. Et là, en renversant les données, en faisant de Rooney Mara l’absente plutôt que cet étrange fantôme aux allures de Casper, A Ghost Story touche un point sensible, car il se fait aussi métaphorique. On dépasse la simple dimension vie-mort abordé assez justement dans le deuxième acte pour évoquer la rupture et comment, lorsqu’on est quitté par l’être aimé, on devient un « fantôme » en quelque sorte. David Lowery se fait alors cosmique… Ce qui pourra laisser certains spectateurs sur le carreau, ou au contraire emporter l’adhésion. On pense un peu à Tree of Life dans l’esprit, mais en moins maîtrisé, et plus sobre malgré tout.
Pour le reste, A Ghost Story, sans être transcendant, parvient à toucher et à étonner. Ce parti pris du fantôme avec son drap comme dans les récits victoriens et les contes aurait pu être ridicule, il ne l’est pas, d’autant plus qu’il est bien amené avec la scène de la morgue. Alors certes, la première partie est très bobo et s’attirera les foudres de nombreux spectateurs pour ça; certaines scènes contemplatives, bien que justes, jouent avec la patience du spectateur… Ah ! Et Casey Affleck n’est pas convaincant du tout en auteur-compositeur-interprète de R&B électro façon The Weeknd.
Pourtant, en dépit de ses maladresses et de ses tics branchés un peu faciles, il se dégage du 4e long de David Lowery une sincérité confondante et une émouvante fragilité, qui pourront trouver un écho chez de nombreux spectateurs. On sort alors de la salle avec un sentiment étrange : celui d’avoir assisté à une méditation mélancolique pleine de langueur, mais aussi de vie, en dépit de son sujet peu joyeux. Car de quoi peut parler un film autour d’une « maison hantée » et d’un fantôme solitaire si ce n’est de résilience ? Bien sûr, tout dépend de la manière dont on choisit de voir la fin, mais il y a résolument de la lumière et de l’espoir au bout de ce joli petit film indé qui, sans être la sensation de 2017, mérite d’être vu en cette fin d’année.