Caractéristiques
- Titre : Nightmare Alley
- Réalisateur(s) : Guillermo del Toro
- Avec : Bradley Cooper, Cate Blanchett, Toni Collette, Richard Jenkins, Rooney Mara, Willem Dafoe et Ron Perlman
- Distributeur : The Walt Disney Company France
- Genre : Drame, Thriller
- Pays : Américain
- Durée : 151 minutes
- Date de sortie : 19 janvier 2022
- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Un film néo-noir maîtrisé
Guillermo Del Toro a une filmographie assez atypique. Il passe du gros blockbuster (Blade 2, Hellboy 1 et 2, Pacific Rim) à des films plus intimistes (La Forme de l’Eau, Le Labyrinthe de Pan). Cette fois, le réalisateur s’attaque au film noir en adaptant le roman Le Charlatan de William Lindsay Gresham, déjà adapté au cinéma en 1947.
Nightmare Alley raconte l’histoire du charismatique Stanton Carlisle qui débarque dans une foire itinérante alors qu’il traverse une mauvaise passe, et parvient à s’attirer les bonnes grâces d’une voyante, Zeena et de son mari Pete, une ancienne gloire du mentalisme. S’initiant auprès d’eux, il voit là un moyen de décrocher son ticket pour le succès et décide d’utiliser ses nouveaux talents pour arnaquer l’élite de la bonne société new-yorkaise des années 40. Avec la vertueuse et fidèle Molly à ses côtés, Stanton se met à échafauder un plan pour escroquer un homme aussi puissant que dangereux…
Au scénario, nous avons donc Kim Morgan et Guillermo Del Toro, qui adapte le roman. Celui-ci est construit en deux grosses parties. La première se déroule dans la foire itinérante où l’on découvre tout un monde et où le personnage de Stanton arrive par hasard alors qu’il n’ a plus un sou en poche.
Si on se prend d’affection pour le personnage, qui, au départ, n’est pas très loquace, on va vite découvrir ses penchants sombres. On fait aussi la connaissance de pas mal de personnages intéressants, mais surtout, on nous révèle les supercheries et les combines derrière les spectacles de cette foire itinérante qui, pour certains, sont très sombres, le tout pour émerveiller ou faire peur au public. Tout est bien construit, que ce soit les personnages, leur construction ou leur développement.
Visuellement cela reste du Del Toro
La seconde partie se déroule en ville après une ellipse d’un certain temps, avec un changement complet de décor. Là, le film devient un thriller psychologique et un jeu de dupes très bien mené entre Stanton et le docteur Lilith Ritter. Là, encore, que ce soit les personnages ou l’univers, tout est bien développé. Les deux parties racontent donc l’ascension d’un homme et sa chute, mais elles se présentent surtout comme une critique du rêve américain qui peut se retourner assez vite contre les personnes qui en profitent un peu trop. De la boue aux paillettes, il n’y a qu’un pas, mais l’inverse est aussi vrai.
Concernant la réalisation de Del Toro, il y a vraiment deux ambiances au sein du film. La première partie, dans la foire, est assez crasseuse, que ce soit par les décors ou les costumes. Ce n’est pas autant un film de “freaks” que ce que les bandes annonces suggéraient, même si Del Toro saupoudre quelques petits éléments par-ci par-là. La seconde partie, en ville, reprend vraiment l’atmosphère des films noirs des années 40-50.
Il faut préciser que Nightmare Alley se déroule en plein dans cette période et là, visuellement, le réalisateur en reprend complètement les codes stylistiques, que ce soit par les décors, costumes et lumières – il est bien aidé de ce côté par Dan Laustsen, qui était à la direction photographique des deux deniers films de Del Toro. D’ailleurs, pour ces trois derniers, il y aura certainement des nominations ou récompenses aux prochaines cérémonies. En tout l’identité visuelle du réalisateur est toujours bien présente.
Un casting parfait
La musique de Nathan Johnson s’inscrit aussi dans le néo-noir pour la seconde partie, avec une partition assez inspirée et donne vie à la foire dans la première partie comme il faut.
Mais tout n’est pas parfait pour autant. Nightmare Alley affiche une durée de 2h30 et le rythme lent est, la plupart du temps, maîtrisé, surtout dans la première partie. Mais, dans la seconde, celui-ci s’essouffle et des lenteurs se font sentir. Certaines scènes auraient pu être clairement supprimées pour gagner en rythme car elles apparaissent comme une redite de choses que l’on a déjà vu peu de temps auparavant.
Du côté des acteurs, Bradley Cooper (La Mule) est excellent dans le rôle de Stanton. On sent clairement la progression et les différentes facettes de son personnage. Cate Blanchett illumine le film par sa présence. Comme toujours, son physique se prête particulièrement bien à l’époque et elle incarne ici à la perfection une actrice des années 40. Sa performance est parfaite. Toni Collette, toujours merveilleuse, David Strathairn, que l’on voit trop peu sur grand écran et qui là, en peu de scènes, offre une belle performance, Richard Jenkins, Rooney Mara, Willem Dafoe (Zack Snyder’s Justice League) et Ron Perlman (Monster Hunter) affinent le casting de leur belle prestation.
Nightmare Alley est donc un très bon thriller néo-noir, visuellement magnifique, avec des acteurs parfaits. Seul un rythme parfois chancelant fait défaut au film. Guillermo Del Toro réussit tout de même encore un beau coup.