[Critique] PIFFF 2017 : The Endless

Caractéristiques

  • Titre : The Endless
  • Réalisateur(s) : Aaron Moorhead, Junstin Benson
  • Avec : Aaron Moorhead, Junstin Benson, Callie Hernandez, James Jordan, Tate Ellington, Lew Temple
  • Genre : Fantastique
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 111 minutes
  • Date de sortie : 18 avril 2019 en VOD
  • Note du critique : 7/10

Petit budget, mais grande imagination

Si vous êtes du genre à suivre l’actualité des festivals, à travers le monde, peut-être avez-vous déjà entendu parler du duo formé par Aaron Moorhead et Junstin Benson. Ces deux débrouillards ont su impressionner avec deux œuvres, Resolution et Spring, réalisées avec des bouts de ficelles, et produit un peu à l’arrache. Si les résultats avaient de quoi rendre les deux hommes très fiers, on attendait tout de même de les voir à la tête d’un projet un peu plus ambitieux. Sans pour autant être un projet coûteux (le budget est d’un million de dollars…), on en est très, très loin, The Endless a tout de même profité d’un meilleur soutien. Dès lors, on s’embarquait pour le PIFFF 2017 afin de découvrir un trip qui, il faut bien l’écrire, nous inspirait pas mal de curiosité.

The Endless s’appuie sur une situation carrément prometteuse. Le retour au bercail, et même si ce dernier est apparemment peu reluisant, est toujours synonyme de problématiques intéressantes. On pense évidemment à ce que la mythologie grecque a pu produire, ou même des œuvres plus récentes, comme l’excellent jeu vidéo Silent Hill 2. En résumé : deux frères retournent dans la secte qu’ils ont quittée dix ans auparavant, après avoir reçu une mystérieuse lettre rédigée par l’un des membres de leur ancienne « famille ». Très vite, des événements inexpliqués vont remettre en cause leurs croyances…

The Endless est coupé en deux parties, même si ce n’était pas spécialement l’intention des réalisateurs. Le film débute dans une ambiance de mystère très bien maitrisée. L’endroit où vit la secte attire irrémédiablement les personnages (décidément, on retrouve du Silent Hill dans  ce scénario, et c’est tant mieux), et l’on se rend compte que quelque chose hante les lieux. Quelque chose d’indicible. Quelque chose d’apparemment très imposant, et même bruyant. Mais quelque chose qu’on ne voit pas. Quelque chose d’indicible. Le mot est lâché, on pense évidemment à ce bon vieux Lovecraft, et ses multiples histoires de Grands Anciens. Et si le domaine était le territoire d’un monstre venu d’ailleurs, qui souille l’humanité de sa présence, un peu comme dans La couleur tombée du ciel ?

Une deuxième partie moins bonne, mais l’ensemble fonctionne

image critique the endless

Cette première partie fonctionne du tonnerre, le spectateur est happé par ce à quoi il assiste. Malheureusement, le second segment est un peu moins réussit, même s’il reste tout à fait satisfaisant. The Endless part dans une direction différente, met en avant le concept de boucle temporelle, sans pour autant créer un véritable liant avec ce qu’on sentait venir auparavant. Un peu déceptif, surtout que le scénario a tendance à se laisser aller à la mise en pratique de la théorie. On est tout de même séduit par l’inventivité des situations, surtout que les réalisateurs ne braconnent jamais sur les terres du film de petit malin. Non, l’œuvre se veut beaucoup plus subtile, en abordant, certes superficiellement mais tout de même, le thème de l’identité.

The Endless baigne dans la science fiction au final, et se conclue dans un final impressionnant, à la vue des moyens dont disposaient Aaron Moorhead et Junstin Benson. Précisons, d’ailleurs, que les deux compères n’assurent pas que la mise en scène. En effet, ils tiennent aussi les deux rôles principaux du film, s’occupent aussi du scénario et de la lumière. On avait un peu peur qu’ils s’éparpillent partout, au point de n’être bon nulle part, mais heureusement ce n’est pas le cas. Tout est lisible, le casting assure, la photo trahit le manque de moyens mais reste bien léchée. L’un des bons moments du PIFFF 2017, à n’en pas douter.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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