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[Critique] Dark, saison 1 : de la science fiction sans génie

Caractéristiques

  • Créé par : Baran bo Odar
  • Avec : Louis Hofmann, Maja Schöne, Ella Lee, Sebastian Rudolph, Anne Ratte-Polle, Lena Urzendowsky
  • Saison : 1
  • Année(s) de diffusion : 2017
  • Chaîne originale : Netflix
  • Diffusion françaisee : 1er décembre 2017
  • Note : 5/10

Une première saison assez déceptive

image netflix dark

Impossible d’être passé à côté du petit phénomène que fut la parution de la série Dark, sur Netflix en décembre 2017. Sans non plus devenir insupportable (contrairement à Stranger Things ou Game Of Thrones), le buzz est tout de même fort, et réel. Il faut dire que tout était rassemblé pour que ce programme cartonne : hype du service de streaming auprès des fans de shows, scénario sombre et, à première vue, assez connexe d’autres succès du moment. Si ce dernier point est finalement beaucoup moins marqué que redouté (ouf), nous allons voir que cette première saison sait créer de l’enthousiasme… avant que ce dernier ne fasse place à un certain ennui.

Dark prend place dans une Allemagne de 2019, au sein de la petite bourgade de Winden. Et tout commence par un drame : le suicide d’un homme, dans une cabane, non sans avoir laissé derrière lui une lettre énigmatique. L’action principale de la série se déroule quelques mois plus tard, alors que la tranquille petite ville est, depuis peu, sous haute tension : un enfant a disparu. Alors que l’enquête piétine, et que la communauté est de plus en plus inquiète, survient un deuxième enlèvement, celui de l’un des fils d’un des policiers en charge des investigations. Mais c’est un troisième drame qui va définitivement faire comprendre qu’il se trame quelque chose de très étrange dans les environs : un adolescent est retrouvé mort. Horriblement brûlé au visage, il porte des habits typiques des années 1980. Problème, la mort remonte à quelques heures…

On ne peut qu’être sous le charme de ce début de show, tant le travail sur l’univers, l’ambiance, et les personnages, s’avère bon. La direction artistique, tout bonnement somptueuse, qui donne au titre Dark toute sa force, fait que l’on se voit projeter dans une histoire qui nous prend à la gorge. Peut-être même un peu trop, le systématisme de la noirceur pourra être reproché. Mais tout de même, la description de la communauté est de suite assez convaincante, se référant beaucoup à Twin Peaks, non dans la profondeur du propos (la série de Lynch est, évidemment, largement plus fouillée) mais quant au contexte. Petite ville, petites gens, mais grand mystère, lequel semble hanter les lieux et se déclarera d’une dimension qui, pour les personnages, reste insoupçonnée.

Une bonne ambiance, gâchée par une science fiction peu fouillée

Les premiers épisodes de cette saison initiale de Dark trouvent un bel équilibre, entre les efforts effectués sur la narration, la très belle mise en scène signée Baran bo Odar (Sleepless), le mystère du scénario et la description des personnages. Seulement, patatras, tout tombe comme un soufflet, et ce dès un sixième épisode qui sonne la fin de l’idylle. La science fiction développée par le show est plutôt intéressante, mais pas sur ce format de dix épisodes. En l’état, elle nous paraît bien trop creuse pour éveiller une curiosité continue. Le coup des multiples paradoxes temporels, on a déjà vu ça, et si l’on n’est pas du genre à juger de la qualité d’une œuvre à l’aune de l’originalité de son propos, force est de constater qu’on préfère largement se revoir l’excellent Timecrimes, film du surdoué Nacho Vilagondo, bien plus à même de nous démontrer toute la folie de ce concept. Et cela, en à peine plus d’une heure de métrage.

Si l’aspect science fiction déçoit, c’est aussi le cas du côté thriller. Là encore, Dark démarre plutôt bien, avec des disparitions mystérieuses, un véritable jeu sur les différents suspects, et surtout un travail d’écriture des personnages convaincant… pendant un temps. Le véritable souci provient de l’absence totale de suivi des protagonistes, lesquels sont tout d’abord confiés à la bienveillance du spectateur, avant que certains ne disparaissent peu à peu. Alors certes, les différentes strates temporelles exigent qu’on retrouvent des « versions » plutôt que d’autres, mais quelque chose semble brisé, toujours à hauteur de ce tristement fameux sixième épisode. Plus précisément, et sans ne rien dévoiler d’important, l’intrigue exige un certain écrémage. Ce qui, d’ailleurs, confirme la déception côté scénario.

On aura aussi droit à des tics de forme assez lourdingues. Dark ne peut s’empêcher de nous rappeler que l’on fait face à une série, ce qui nous sort du trip. On pense évidemment à ces passages en chanson, tellement typiques des shows des années 2000, et 2010, qu’on les vit en serrant les dents. Ceci n’est que la première des ficelles, toutes plus grosses les unes que les autres. On voit venir la quasi-intégralité des révélations à des kilomètres, et certains rebondissements sont parmi les plus élémentaires vus depuis un moment. Et ce n’est pas la musique bien grasse qui fera éprouver le contraire. Espérons, simplement, que la série saura rectifier le tir lors de sa seconde saison, déjà commandée par Netlix. Par exemple, en évitant de se transformer en Lost du pauvre. Car là, on le voit venir gros comme une maison..

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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