[Critique] Black Panther : Un Marvel spectaculaire et politique

Caractéristiques

  • Réalisateur(s) : Ryan Coogler
  • Avec : Chadwick Boseman, Michael B. Jordan, Lupita Nyong'o, Martin Freeman, Danai Gurira, Letitia Wright, Angela Bassett...
  • Distributeur : The Walt Disney Company France
  • Genre : Action, Fantastique
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 2h14
  • Date de sortie : 14 février 2018
  • Note du critique : 7/10

Un super-héros iconique

Créé en 1966 par Stan Lee et Jack Kirby en pleine lutte pour les droits civiques aux Etats-Unis avant même l’apparition du parti radical du même nom, le comics Black Panther de Marvel est le premier à mettre en scène un super-héros noir. Pourtant, malgré ce que l’on a pu entendre fréquemment ces dernières semaines, le roi du Wakanda n’est pas le premier super-héros noir Marvel à sortir des cases pour s’incarner sur grand écran. Ainsi, même si on a tendance à l’oublier, Blade (adapté en 1998 avec Wesley Snipes dans le rôle-titre) fait également partie de l’écurie de la maison d’édition devenue studio.

image chadwick boseman black panther marvel

Mais revenons au film de Ryan Coogler, qui suit Captain American : Civil War, dans lequel on retrouvait déjà T’Challa alias Black Panther, et précède Avengers : Infinity War, où le super-héros sera également de la partie. Black Panther s’ouvre juste au moment où T’Challa s’apprête à devenir roi après le décès de son père suite à l’attentat auquel nous assistions dans Civil War. Une grande cérémonie est organisée, au cours de laquelle les membres des différentes tribus peuvent s’opposer au couronnement, donnant lieu à un combat rituel s’achevant par l’abandon ou la mort de l’un des deux adversaires. T’Challa (Chadwick Boseman) sort victorieux, mais bientôt, son ennemi juré Ulysses Klaue (Andy Serkis) refait surface, tandis qu’un danger encore plus grand fera replonger le nouveau roi dans son histoire familiale tourmentée…

Un film Marvel à l’identité unique

image chadwick boseman michael b. jordan black panther marvel

Face à ce grand spectacle de 2h15 qui passe à toute allure, on serait tentés de dire : enfin ! Enfin un film Marvel récent qui a une identité visuelle et un ton qui lui sont propres, loin des produits standardisés que sont Avengers : L’ère d’Ultron et Thor : Ragnarok. La direction artistique a clairement été conçue pour nous en mettre plein la vue, et cela fonctionne tant les moyens ont été mis au service d’une vision, celle du Wakanda, ce pays fictionnel d’Afrique à la technologie avant-gardiste (pour ne pas dire futuriste) sur lequel règne notre héros à l’abris des regards du monde extérieur. Dès son ouverture grandiose sur fond de combat rituel, Black Panther se présente comme une célébration culturelle de l’Afrique, sans pour autant renier la fibre Marvel, bien présente à travers le costume de justicier du super-héros, ou encore les innombrables gadgets technologiques conçus par sa petite soeur Shuri (Letitia Wright). Visuellement, il y a un souffle, de la matière, le résultat est moins lisse que les précédents films de la team Avengers.

L’histoire ensuite : sans non plus casser la baraque, on a droit à un récit familial gentiment shakespearien qui se tient et permet d’humaniser le grand méchant du film, Erik Killmonger (Michael B. Jordan), qui n’en est pas tout à fait un. A ses côtés, Andy Serkis en fait beaucoup et semble bien s’amuser. Surtout, la présentation du Wakanda et de ses rapports avec le monde extérieur est l’occasion pour les scénaristes de  verser dans le politique et de faire quelques références bien senties à l’élection de Donald Trump. Difficile en effet de ne pas voir (notamment) dans le dialogue entre Lupita Nyong’o et Danai Gurira (Michelle dans Walking Dead), l’une affirmant “Je sers mon pays” et l’autre “je sauve mon pays”, un message sur la très forte contestation à l’encontre de l’actuel président américain. Cette impression est renforcée par le fait que le Wakanda est, au départ, un pays isolé du reste du monde. La scène bonus durant le générique (qui précède la traditionnelle scène post-générique) enfonce le clou et se permet une petite pique contre le projet de Trump de construire un mur à la frontière mexicaine. Ce qu’il ressort de tout ça, c’est un message positif à la Marvel, mais tout à fait approprié ici : l’union fait la force, et c’est en sortant de l’isolation que l’on peut régler les situations les plus périlleuses.

Black Panther est donc la bonne surprise que l’on n’attendait pas de la part de Marvel, qui avait eu tendance, ces dernières années (à l’exception notable de Logan), à nous servir des produits calibrés, de plus en plus longs et lisses. Servie par un excellent casting — Martin Freeman égal à lui-même, mais surtout Chadwick Boseman, Danai Gurira et Letitia Wright — et une B.O. de qualité par Kendrick Lamar mixant musique africaine et urbaine, cette superproduction devrait réconcilier les spectateurs avec la firme et contenter ses indécrottables défenseurs.

Article écrit par

Cécile Desbrun est une auteure spécialisée dans la culture et plus particulièrement le cinéma, la musique, la littérature et les figures féminines au sein des œuvres de fiction. Elle crée Culturellement Vôtre en 2009 et participe à plusieurs publications en ligne au fil des ans. Elle achève actuellement l'écriture d'un livre sur la femme fatale dans l'œuvre de David Lynch. Elle est également la créatrice du site Tori's Maze, dédié à l'artiste américaine Tori Amos, sur laquelle elle mène un travail de recherche approfondi.

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