Caractéristiques
- Titre : Au-delà de demain
- Titre original : Beyond Tomorrow
- Réalisateur(s) : A. Edward Sutherland
- Avec : Harry Carey, C. Aubrey Smith, Winninger, Alex Melesh, Maria Ouspenskaya, Helen Vinson
- Distributeur : Artus Films (DVD)
- Genre : Fantastique, Drame
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 84 minutes
- Date de sortie : 10 mai 1940 (Etats-Unis)
- Note du critique : 6/10 par 1 critique
Un film aux intentions pures
Noël a beau être passé depuis quelques semaines, on est de celles et ceux qui en aiment l’esprit, d’où une certaine envie d’en prolonger la magie. Et quoi de mieux, pour cela, que de se lancer un bon film dédié à cette période de l’année ? On a tous nos petits favoris dans cette catégorie, dans des genres assez différents. Des classiques, comme La vie est belle de Capra, des œuvres plus loufoques, à l’image de Maman j’ai raté l’avion ou Le Père Noël est une ordure, ou des métrages fantastiques, dans le genre de Gremlins. Bref, le choix est réel. Mais on ne peut nier que les efforts typiquement américains ont eu plus de mal à nous parvenir, on pensera notamment à The Shop Around the Corner, qui passe sans relâche lors des fêtes de fin d’année chez l’Oncle Sam. Fort de ce constat, l’excellent éditeur Artus Films (Scandale à Paris, Le fils du pendu) permet aux cinéphiles de découvrir Au-delà de demain.
Au-delà de demain rassemble bien des éléments scénaristiques attendus de ce genre de film. Un soir de réveillon, trois hommes d’affaires fortunés mais sans famille décident d’inviter trois étrangers à leur table. Seuls James et Jean, jeunes gens dans la précarité, acceptent. Cette soirée va changer le cours de leur vie. Ils tombent amoureux l’un de l’autre et James devient crooner à succès. Les trois protecteurs disparaissent dans un accident d’avion et leurs fantômes vont bientôt mettre tout en œuvre pour reformer le couple qui s’est entre temps séparé.
La grande force d’Au-delà de demain, c’est sa manière de faire naître les problématiques. Sans être une véritable pointure, et ce même s’il est très apprécié dans son pays, A. Edward Sutherland (après vérification, aucun liens avec Kiefer et Donald) fait preuve d’un sens du rythme assez impressionnant. Tout en nous décrivant trois compères, aux caractères très différents, le metteur en scène distille des pistes qui seront validées plus tard dans le métrage. Et cela sans perdre de vue l’objectif numéro un : faire surgir la difficilement définissable magie de Noël. Celle-ci se trouve dans le stratagème mis en place par Michael, interprété par le rondouillard et rassurant Charles Winninger : il sème des portefeuilles, dans lesquels ne se trouvent qu’un billet de dix dollars, et l’adresse où les rendre. C’est, d’ailleurs, l’occasion de démontrer de suite la pensée profonde du metteur en scène : seules deux personnes, simples sans être dans le besoin, répondent à l’ingénieux appel. Tandis qu’une vile bourgeoise garde le contenu du maroquin, sans ne faire aucunement démonstration d’une quelconque empathie.
Un charme certain, malgré une partie fantastique moins convaincante
Au-delà de demain met en place une ambiance pure, dans le sens où la démonstration, la passation du message, se fait sans autre arrière-pensée que celle de proposer des sentiments bien cadrés. Même le traitement de Madame Tanya (Maria Ouspenskaya), qui pourra évidemment faire tiquer les spectateurs un peu trop à cran sur les relations entre américains et russes, révèle en fait une envie de souligner des valeurs comme immaculées. Bien vite, l’élément fantastique rentre en scène, non sans que la problématique principale, le rapport de James (Richard Carlson) avec la célébrité, ne soit introduit. Bien entendu, il fallait une figure comme contrepoids à ce pétage de plomb inévitable, c’est le rôle de l’humble Jean (Jean Parker), femme émérite qui incarne la droiture des sentiments. En face, son homme va revêtir les habits du vil traître, sous le regard de fantômes inquiets, ne pouvant réellement agir sur la situation.
Au-delà de demain délivre une moralité qui ne saurait être jugée à l’aune de nos sociétés modernes (et occidentales), où le simple fait d’inculquer devient un acte réactionnaire. Notre époque pourrait-elle accoucher d’un conte comme Un Chant de Noël, de Charles Dickens ? Rien n’est moins sûr, alors même qu’au fond, nous n’avons jamais eu autant besoin de voir clair dans nos vertus et vanités. Le film demeure parfois maladroit, notamment dans sa partie fantastique finalement peu intéressante tant les fantômes ne paraissent que de simples spectateurs d’un spectacle qui, finalement, ne les implique que peu. Mais il se dégage assez de bons sentiments pour qu’on finisse sous le charme. Du moins, si pour vous il existe encore de bons et mauvais actes, en ce bas monde.
Retrouvez aussi notre test du DVD, édité par Artus Films.