article coup de coeur

[Critique] Flagellations – Pete Walker

Caractéristiques

  • Titre original : House Of Wipcord
  • Réalisateur(s) : Pete Walker
  • Avec : Barbara Markham, Patrick Barr, Ray Brooks, Ann Michelle, Sheila Keith, Dorothy Gordon
  • Distributeur : Artus Films (DVD)
  • Genre : Horreur
  • Pays : Royaume-Uni
  • Durée : 102 minutes
  • Date de sortie : 19 avril 1974 (Royaume-Uni)
  • Note du critique : 8/10

L’horreur britannique prend un coup de fouet

image flagellations

Flagellations sort en blu-ray, édité par Artus Film. Non, le film de genre britannique du siècle dernier, ce n’est pas que la Hammer ! D’autres studios, comme la Amicus, s’y sont donnés à cœur joie, ainsi que des réalisateurs indépendants, moins connus par le grand public mais au moins aussi intéressants. C’est le cas de Pete Walker, dont on peut affirmer que la carrière fut à son summum en plein milieu de la décennie 1970, alors que Dracula commençait à sérieusement décliner. Après avoir débuté dans la comédie bien grivoise, l’auteur se concentre sur l’horreur, et fait preuve d’une imagerie surprenante. Parmi ses meilleurs films figure celui que nous abordons dans cette critique.

Le scénario de Flagellations se veut aussi simple que redoutable. Jeune mannequin français vivant à Londres, Anne-Marie se laisse séduire par Mark, qui l’emmène chez ses parents, dans une vieille et grande maison de campagne. Elle comprend bien vite qu’elle n’est qu’une proie de plus, donnée en pâture à Mme Wakehurst, une ancienne directrice de prison pour femmes, et son mari, le juge Bailey. Sous prétexte de rédemption et de lutte contre la dépravation, ces deux pervers assouvissent en fait leur sadisme et leur perversité.

Flagellations rappellera énormément de choses aux cinéphiles. Impossible de ne pas y voir un peu de Woman In Prison, genre de pure exploitation, parfois assez putassier mais aussi de temps en temps pas totalement dénué d’intelligence. Aussi, on pensera aux adaptations de Sade, dont Salò ou les 120 jours de Sodome, pour l’enfermement et la justification sociétale. Avant d’aller plus loin, sachez que le film s’ouvre sur une mise en garde : il est adressé aux personnes qui, en 1974, désiraient le retour des châtiments corporels. On pouvait donc s’attendre à une véritable charge contre un état d’esprit conservateur, et c’est le cas pendant quelques temps. Seulement, à y regarder de plus près, Pete Walker est beaucoup plus mesuré que cela.

Un film bien plus intelligent qu’il n’y paraît

Flagellations nous montre une jeunesse plus que libre : elle se perd parfois dans des excès pas spécialement désirables. Sans juger cette société anglaise, le réalisateur émet tout de même quelques doutes, sans ne jamais tomber dans un excès réactionnaire. Non, ce n’est pas cool que de se faire prendre en photo nue dehors, tout comme il n’est pas question de réprimer certains débordements par la violence. Si le constat post-1968 est finalement assez amer, il n’est aucunement l’occasion d’aller dans le sens de certaines personnalités politiques de l’époque, qui versaient dans le populisme décomplexé. Pete Walker décrit le lieu de l’action comme un environnement perverti, habité par des âmes torturées.

L’écriture des personnages de Flagellations est tout bonnement excellente, et surtout ceux qui se trouvent dans le camp des antagonistes. Le juge Bailey, plongé dans un état de cécité, symbolise parfaitement le plus que dangereux concept de justice aveugle. Mme Wakehurst, sa femme, cristallise tout le ressenti d’une Angleterre qui a échoué, et dont la seule solution reste de s’accrocher aux branches d’un arbre déjà déraciné. Enfin, Ms. Walker (qui porte le nom du réalisateur, comme par hasard) n’est pas la simple matrone sans cœur que l’on retrouve dans tous les Women In Prison : elle fait preuve de compassion, particulièrement après qu’Anne-Marie soit passé au supplice du fouet. Signalons ici que le casting est en tous points solide, et contribue grandement à la réussite du film.

Flagellations est aussi le parfait exemple de l’ambiance appréciée par Pete Walker. L’ensemble de l’œuvre est plongée dans des couleurs mornes, délavées mis à part les quelques séquences où les jeunes gens dominent par le nombre, en ville. L’Angleterre du metteur en scène est diverse, ce qui rend envisageable sa vision du monde. Enfin, la fin verse dans le nihilisme total, avec des morts qui marquent les esprits, l’auteur n’hésitant pas à aller loin, non pas dans les effets sanglants (c’est plus le cas de Mortelles Confessions) mais dans le jusqu’au-boutisme de la situation. On ne peut évidemment en écrire plus ici, par contre il est de notre devoir de vous conseiller de découvrir cette petite perle méconnue au plus vite.

Retrouvez aussi notre test du blu-ray, qui sort le 6 mars 2018.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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