[Critique] Mortelles Confessions – Pete Walker

Caractéristiques

  • Titre original : House Of Mortal Sin
  • Réalisateur(s) : Pete Walker
  • Avec : Anthony Sharp, Susan Penhaligon, Stephanie Beacham, Norman Eshley, Sheila Keith, Mervyn Johns
  • Distributeur : Artus Films (DVD)
  • Genre : Horreur
  • Pays : Royaume-Uni
  • Durée : 104 minutes
  • Date de sortie : Février 1976 (Royaume-Uni)
  • Note du critique : 7/10

Entre le giallo et la charge contre le clergé

image critique mortelle confessions

Mortelles confessions sort en blu-ray, chez Artus Films, l’occasion de revenir sur le film, mais aussi sur le talent de Pete Walker, son réalisateur. Rappelons qu’on se trouve là face à un artiste britannique, dont la carrière s’est déroulée loin de la Hammer, qui débutait alors sa lente descente aux Enfers. Un indépendant donc, qui s’est vu reproché, à l’époque, des prises de position politiques à l’intérieure de ses œuvres, ce que l’artiste a toujours tenté de tempérer. Il faut pourtant écrire que, si ses positions sont en effet loin d’être en accord avec ce que le public perçoit, ses récits ont toujours le chic de gratter là où ça chatouille.

Mortelles Confessions se veut à la fois une charge contre le clergé, et un giallo la plupart du temps très sympathique, mais pas dénué de petites imperfections. Jenny Welch vit avec sa sœur Vanessa, et mène une vie amoureuse instable après qu’elle s’est faite quitter par son amant. Elle se met alors à fréquenter un vieil ami d’enfance, Bernard, devenu prêtre. Devant la faiblesse de la jeune femme, il l’invite à aller en confessions avec le Père Meldrum, un prêtre acariâtre et frustré. Ce dernier va alors prendre pour mission divine de « purifier » Jenny et de préserver leur étrange relation.

Mortelles Confessions s’attaque au sujet délicat de l’abstinence au sein du clergé. S’il fallait une preuve du courage de Pete Walker, la voici ! Le film ne fait aucun mystère sur son récit, en dévoilant rapidement la personnalité de Père Meldrum, l’antagoniste siphonné de l’œuvre. C’est exactement ici qu’on a une retenue : les effets du réalisateur (au détour d’une seule séquence, cela dit), qui joue avec une très chiadée stylisation des meurtres, à base de gant noir, ne fonctionne pas spécialement. Quand on connaît l’identité du tueur, c’est tout de suite moins palpitant. Soulignons tout de même que, du strict point de vue visuel, cette scène fonctionne très bien, le réalisateur ayant bien compris la nécessité de serrer ses cadres, et de faire de ce gant funeste la véritable star à l’écran.

Un film qui confirme le nihilisme de son auteur

C’est surtout le fond de Mortelles Confessions qui nous a captivé, et ce même si les quelques meurtres, assez graphiques, réjouiront les fans de cette figure de style. Père Meldrum, remarquablement interprété par l’impressionnant Anthony Sharp (croisé chez Stanley Kubrick, dans Orange Mécanique et Barry Lyndon), est aussi dérangé qu’intouchable, et c’est bien ce que dénonce le film. Son attirance envers la très séduisante Jenny (Susan Penhaligon, vu dans Soldier Of Orange et Patrick) ne peut déboucher que sur une frustration, d’autant plus quand l’humain derrière la soutane a un peu pété les plombs. En effet, il ressent la nécessité de purifier les jeunes ouailles, lesquelles ne sont pas exempt de tout reproche par ailleurs. Aussi, il s’acharne à soigner sa mère, malade, maltraitée par la cruelle domestique (Sheila Keith, très convaincante comme à son habitude) du religieux. Est-elle au courant que son fils a déraillé ? Suspens.

Mortelles Confessions confirme ce qu’on avait découvert dans Flagellations : Pete Walker sait terminer ses films. Bien évidemment, nous ne vous dévoilerons rien, mais sachez que le destin de certains personnages va vous surprendre, faire monter la tension. Et ce jusqu’à un final qui hante le spectateur, bien après que le générique de fin se soit achevé. Là encore, ce résultat mémorable n’aurait pu atteindre un tel niveau sans une véritable maitrise de la mise en scène. Le réalisateur déploie son talent sans chercher à en mettre plein la vue, en justifiant ses effets, tout en soignant sa direction des acteurs. Espérons qu’Artus Films aura l’idée de sortir d’autres œuvres de cet auteur, décidément intriguant.

Retrouvez aussi notre test du blu-ray, prévu pour le 6 mars 2018.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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