[Test] Atelier Lydie & Suelle : l’alchimie fonctionne encore

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Nintendo Switch
  • Développeur : Gust
  • Editeur : Koei Tecmo Europe
  • Date de sortie : 30 mars 2018
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Pas parfait, mais un certain panache

image gust atelier lydie suelle
Les personnages sont prêts pour l’aventure.

Joyeux anniversaire à la licence des Atelier ! Bon, d’accord, on a un an de retard, techniquement la vingtième bougie de la série a été soufflée en 2017, au Japon. Mais le jeu que nous abordons dans ce test, Atelier Lydie & Suelle : The Alchemists and the Mysterious Paintings, est bel et bien celui qui marque le coup. Loin de regretter la sortie tardive du soft par rapport au Pays du Soleil Levant, il faut même remercier Koei Tecmo Europe (A.O.T. 2) et Koch Media pour nous permettre de découvrir autant de titres nippons parfois assez obscurs, on accueille avec plaisir cette nouvelle itération. En effet, les précédentes (Atelier Firis et Atelier Sophie) ont su tirer leur épingle du jeu, apporter de nouvelles idées à un concept assez surexploité par cette franchise. Rappelons qu’il s’agit d’un RPG tout ce qu’il y a de plus japonais, rehaussé d’une très forte saveur alchimiste. Cette recette fonctionne-t-elle toujours ?

La licence a, depuis longtemps, trouvé son public : les otakus, à travers le monde, raffolent du character design autant que de l’implication que le concept impose. Le scénario, lui, n’a jamais été véritablement un point fort pour la franchise. Signalons, tout de même, qu’Atelier Lydie & Suelle : The Alchemists and the Mysterious Paintings est le troisième et dernier opus d’une trilogie, débutée à l’occasion d’Atelier Sophie. Cependant n’ayez crainte : vous pourrez parfaitement débuter cette nouvelle aventure sans ne jamais avoir touché aux deux précédents softs, ni même à ceux qui remontent encore plus loin. Le studio de développement, Gust (Blue Reflection), met un point d’honneur à ce fait, ne veut pas fermer la porte aux nouveaux joueurs. C’est si vrai que cet épisode est sans doute l’un des plus abordables, que l’on conseillera sans mal aux nouveaux venus, malgré une sacrée difficulté sur la fin.

Un récit plutôt agréable, mais une narration lourdingue

image playstation 4 atelier lydie suelle
que serait un bon RPG japonais sans la pêche ?

Le récit d’Atelier Lydie & Suelle : The Alchemists and the Mysterious Paintings n’a pas grand chose de très passionnant. Le joueur suit l’histoire des deux filles qui donnent leurs noms au titre. Leur petite entreprise, une boutique d’Alchimie, connaît la crise. Mal positionnée, peu visitée, la boutique est un véritable fardeau. Seulement, les deux sœurs ne l’abandonneront jamais : elle est l’héritage de leur mère décédée. Des problèmes d’argent donc, surtout que le père, artiste raté, n’aide pas vraiment. C’est exactement à cet instant que le jeu mérite son sous-titre : au bord du gouffre financier, Suelle et Lydie vont être actrices d’un phénomène hors du commun. Transportées dans un tableau effectivement mystérieux, elle vont ouvrir les yeux sur un monde gavé de possibilités. Les affaires reprennent, donc. Pas de grandes problématiques au programme, mais attention : ce n’est pas pour autant que l’histoire ne remplit pas son rôle premier. On est constamment poussé à se dépasser, afin de sauver l’affaire familiale mais aussi dans le but de parcourir cet univers bien pensé.

C’est surtout la narration d’Atelier Lydie & Suelle : The Alchemists and the Mysterious Paintings qui pose quelques soucis. Le studio Gust a fait le choix des cutscenes à outrance, et parfois très (trop) bavardes. C’est une chose, que de lire les dialogues d’un PNJ, c’est même un passage obligé dans tout RPG japonais qui se respecte. Mais, ici, on est parfois prisonnier d’échanges longs, et pas spécialement utiles. C’est plutôt dommage, car l’univers parle beaucoup de lui-même : chaque décor traversé a sa personnalité, et la progression des personnages, ainsi que de leur magasin, sont des éléments qui signifient beaucoup. Aussi, l’écriture des personnages secondaires est globalement très réussie, on pensera notamment au croquignolesque Roger, ou le dragueur Mathias. On a plaisir à découvrir tout ce petit monde, il est seulement regrettable que le tout se noie un peu sous une tonne d’instants pour le moins évitables. Enfin, on regrette encore et toujours l’absence d’une localisation des textes en français, même si les voix japonaises nous mettent du baume au cœur.

Intéressant notamment pour les nouveaux-venus

image jeu atelier lydie suelle
Les combats sont classiques mais efficaces.

Atelier Lydie & Suelle : The Alchemists and the Mysterious Paintings, c’est aussi et surtout un gameplay à poncer. Plus haut dans ce test, on abordait les nouveaux venus, qui pourraient trouver là une porte idéale afin de découvrir la licence. C’est évident grâce à deux  choix, sciemment formulés par les développeurs : l’absence du compte à rebours, et l’aspect un peu pot-pourri des différentes mécaniques. Non, vous ne serez plus pressés par le temps, ce qui pourra fâcher les fondamentalistes, mais ravira celles et ceux qui ont plutôt envie de prendre leur temps, tout du long. Dorénavant, il faudra bosser pour augmenter le niveau de votre échoppe, et c’est seulement à ce prix qu’il sera possible de changer de chapitre. Pour y parvenir, il faudra s’acquitter de nombreuses missions, bien évidement de plus en plus difficile. Cela découpe le jeu de manière bien marquée, ce qui n’est pas pour déplaire. Et petite précision qui a son importance : Gust a pensé à tout le monde, en permettant aux novices de tout de même s’amuser, avec un mode Facile. Que les ayatollahs de l’alchimie se rassurent, le niveau Difficile existe aussi, et croyez-nous vous allez bien galérer, surtout dans le dernier tiers.

La forme a changé, mais moins le fond. Atelier Lydie & Suelle : The Alchemists and the Mysterious Paintings va évidemment vous demander de maitriser l’alchimie, grâce à un système un peu difficile à capter, mais très efficace quand il est bien digéré. Dans chacun des mondes, il va falloir se procurer des ingrédients, comme autant de matières premières pour des recettes utiles à bien des égards. Un mini-jeu devra être déjoué, afin de bien finaliser le savant mélange, lequel pourra résulter sur une bombe, de l’armement ou des moyens de défense. Cela ajoute un peu de suspens à la mécanique, et ne fait qu’enrober un principe bien addictif. Vous allez en passer, du temps, à chasser le monstre dans l’espoir de récupérer l’agrément désiré. Autre véritable quête dans la quête : celle du catalyseur idéal. Pour faire simple, car les choses se corseront d’elles-mêmes, il s’agit d’une base pour votre tambouille, dont vous devrez remplir les cases, dont certaines totalement bonus et très intéressantes pour la finalisation. De quoi émoustiller les plus perfectionnistes d’entre vous.

Techniquement pas folichon

image gameplay atelier lydie suelle
Un tableau techniquement perfectible.

Battre des monstres pour récolter des ingrédients, cela repose sur un système de combat là encore satisfaisant. Atelier Lydie & Suelle : The Alchemists and the Mysterious Paintings ne fait pas dans l’innovation, très clairement. On a droit à deux lignes de trois personnages, donc un agencement en terme de proximité. Les balèze devant, les plus faibles derrière, en gros. Attaque, Magie, Défense, rien de bien renversant mais ça fonctionne. On peut aussi compter sur un assaut en binôme, après que la barre de lancement se soit complétée. Signalons aussi la pas si optionnelle création d’objets en pleine joute. C’est, par ailleurs, la seule petite originalité de ces batailles, même si l’on remarque que l’avancée est encore au stade embryonnaire. Suelle et Lydie peuvent créer des objets utiles, défensifs ou offensifs, mais c’est encore brouillon dans l’exécution. Nul doute que Gust tient là une piste à explorer, pour la prochaine trilogie.

Pour finir, la technique d’Atelier Lydie & Suelle : The Alchemists and the Mysterious Paintings fait partie des petits regrets que l’on formule, même si tout n’est pas à jeter, bien au contraire. Écrivons-le de manière bien nette : les textures font datées, il serait temps que Gust passe au niveau supérieur de ce côté. Car, autrement, le studio fait preuve d’une belle maitrise dans la direction artistique, avec des mondes qui nous séduisent de par leurs spécificités. On voyage, les couleurs pétillent, et ça fait du bien. Le character design est, lui aussi, au niveau des attentes, ce qui n’est pas de moindre importance tant cet aspect est toujours observé, dans la série des Atelier. Heureusement, la PlayStation 4 fait tourner tout ça avec une fluidité quasi constante, mais on apprécierait tellement une distance d’affichage plus en rapport avec ce que cette génération de consoles peut offrir… Quant à la musique, elle est le résultat de plusieurs compositeurs (Chroma, Tomisawa Tai, Yano Tatsuya, Achiwa Daisuke, Asano Hayato, Kobayashi Miyoko, Toyoda Ayako, Yanagawa Kazuki) et se révèle tout à fait apte à supporter la comparaison des meilleurs travaux sonores de la licence. Et quand on sait que les mélodies font partie des grandes qualités de la série, ça signifie beaucoup.

Note : 14/20

Atelier Lydie & Suelle : The Alchemists and the Mysterious Paintings tient son rôle d’épisode anniversaire avec un certain panache, même si tout n’est pas parfait. On regrettera une histoire mal soutenue par une narration lourdingue, et une technique datée. Tout le reste vogue du satisfaisant au carrément plaisant. Le gameplay saura se faire assez représentatif de la licence pour intéresser les nouveaux venus, tandis que la difficulté, paramétrable, ravira les amateurs d’un challenge masochiste. On a toujours plaisir à concocter de savantes préparations, et l’on pourra même féliciter Gust de finalement s’être séparé du compte à rebours, qui empêchait toute envie bucolique, du moins dans un premier temps. Si vous accrochez, ce ne sont pas moins d’une cinquantaine d’heures qu’il vous faudra pour venir à bout du scénario principal, mais si vous êtes du genre jusqu’au-boutistes… c’est le double qui vous attend ! Voilà une bonne proposition pour bercer les longues soirées printanières.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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