[Critique] Jigsaw : putassier comme jamais

Caractéristiques

  • Réalisateur(s) : Michael Spierig, Peter Spierig
  • Avec : Matt Passmore, Callum Keith Rennie, Clé Bennett, Hannah Emily Anderson, Laura Vandervoort, Paul Braunstein
  • Distributeur : Lions Gate Films
  • Genre : Horreur
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 92 minutes
  • Date de sortie : 1er novembre 2017
  • Note du critique : 1/10

Stop

image critique jigsaw
“Mais que viens-je faire dans cette galère ?”

Nan mais là, non. Votre dévoué serviteur tente toujours de remettre un contexte, pourquoi pas un minimum de suspens. Mais sortir de Jigsaw, et tenter de l’aborder, vraiment, c’est difficile. Bon. Aller soyons professionnels. On se trouve là face à la huitième itération de la franchise Saw. Et pas question de minimiser son importance dans l’histoire du film d’horreur, du moins pour ses deux ou trois premiers opus. Si l’on n’est pas spécialement fan de James Wan, et de ses ficelles semblables à des troncs d’arbres (mais Hollywood adore sa propension à créer des licences exploitables, alors il paraît qu’on se doit de respecter sa carrière), il faut bien avouer qu’il est à l’origine de la mode torture porn. Un aveu à double tranchant, tant on le maudit pour les multiples rejetons infâmes qu’il a provoqué, à l’image du récent Escape Room. Mais le pire est sûrement de l’ordre du canon…

Pourtant, tout partait plutôt du bon pied. Les frères Spierig, s’ils n’avaient jamais réellement fait leurs preuves, étaient les auteurs d’un plutôt honorable Undead, resté dans les bribes de mémoire des bissophiles les plus convaincus. Seulement, comme tout le monde, ils ont besoin d’un scénario qui assure un minimum. Avec Jigsaw, ils n’ont pas ce luxe. Pire, ils doivent composer avec l’une des écritures les plus faibles de la franchise. Et si vous vous êtes infligés les Saw, depuis le quatrième, vous comprendrez à quel point on parle de récit famélique. Donc, des gens sont enfermés, et ils doivent confier leurs pires pêchés avant que le plus ou moins légendaire John Kramer, ou un copycat, ne les punisse. Avec de cruels et vicieuses effusions de sang, si possible.

La fin, espérons

Il ne se passe rien dans Jigsaw, si l’on excepte quelques décès brutaux un peu gratinés, mais sans grande originalité. On vous le promet, c’est le vide. À moins que, pour vous, une mise à mort soit une histoire à elle seule. On aura bien une enquête policière, en parallèle du calvaire enduré par les victimes de l’antagoniste, mais elle est tellement traitée par dessus la jambe qu’il paraît impossible de réellement s’y intéresser. Un médecin veuf, son adjointe recouverte de tatouages et autres piercings (oulala, ça fait naître des soupçons), le tout chapeauté par un flic à la limite du raisonnable. Et débrouillez vous ! Pendant ce temps, à l’aide d’un montage qu’on ne saurait qualifier de parallèle ou d’alterné tellement c’est un bordel sans nom, les victimes du nouveau jeu inventé par l’homme au masque de porc trépassent plus ou moins avec panache. Voilà le seul intérêt de la démarche : faire hurler des personnages sans le moindre charisme, ni un soupçon de background. On les voit se faire découper, et basta. La génération millennial va liker, les autres seront sûrement atterrés.

Alors certes, on pourra rire devant une séquence de découpage de jambe, ou sur une seringue malencontreusement plantée. Mais bon sang, ça dure quatre-vingt dix minutes ! C’est long, mais long ! C’est d’un putassier sans limite, avec un relent de donneur de leçon carrément insupportable. On n’a rien contre l’expiation, bien au contraire. Bien des films ont articulé leur récit autour de cette démarche, à l’image du très bon Lady Vengeance, de Park Chan-wook. Seulement, il faut que le spectateur puisse s’y retrouver, et ce n’est jamais le cas dans Jigsaw. Le sujet des actes inavouables n’est que prétexte à des séquences plus ou moins violentes, même pas passionnantes grâce à un quelconque suspens. Pire, des passages tirent vers la putasserie, le racolage bien immonde, histoire de faire suer dans les chaumières les plus assujetties à la seule violence graphique. Les autres, ceux qui apprécient les contextes, auront bien du mal à garder leur calme tout du long. On savait la licence en fin de vie artistique, il est désormais crucial qu’elle cesse de salir le cinéma de genre. Malheureusement, le film a rapporté plus de cent millions de dollars, on aura donc des suites…

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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