Caractéristiques
- Titre : Tulip Fever
- Réalisateur(s) : Justin Chadwick
- Avec : Alicia Vikander, Christop Waltz, Dane DeHaan, Judi Dench, Holliday Granger, Zach Galifianakis, Cara Delevingne...
- Editeur : Gaumont
- Date de sortie Blu-Ray : 12 juillet 2018 (VOD)
- Durée : 1h47
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- Note : 5/10 par 1 critique
Un drame historique qui a bien failli ne jamais sortir
Cette adaptation du roman Le peintre des vanités de Deborah Moggach a bien failli ne jamais voir le jour ! Lancé en 2004 avec Keira Knightley et Jude Law en têtes d’affiches, une première mouture est annulée à quelques semaines du tournage suite à la suppression d’un programme de déductions fiscales par le gouvernement britannique, qui a pour conséquence de gonfler brusquement le budget du film de 17 millions de dollars. Finalement, c’est en 2014 que le projet connaît une résurrection inattendue grâce à Ruby Films, pour un budget plus modeste (25 millions au lieu de 40), avec cette fois-ci l’actrice suédoise oscarisée Alicia Vikander (The Danish Girl), Christoph Waltz (The Green Hornet, Django Unchained) et Dane DeHaan (Valerian et la Cité des mille planètes) dans les rôles principaux. Tourné il y a donc maintenant quatre ans, le drame historique a cependant du mal à trouver un distributeur en salles, et c’est finalement en VOD que le film trouvera son chemin jusqu’à son public dès le 12 juillet.
L’histoire, romanesque à souhait, se situe dans la Hollande du XVIIe siècle et possède un contexte (véridique) pour le moins original, puisque à priori jamais encore exploité à l’écran : celui du commerce des tulipes, qui avait engendré une véritable frénésie de spéculations à Amsterdam… Cependant, le sujet principal du film n’est pas tant le commerce des fleurs que la passion amoureuse qui éclôt entre une jeune femme orpheline ayant conclu un mariage arrangé avec un riche marchand et un jeune peintre pauvre et talentueux chargé de peindre le portrait du couple. Un amour impossible donc, puisque Sophia (Alicia Vikander) dépend entièrement de son mari (Christoph Waltz) qui attend par ailleurs d’elle qu’elle lui donne un enfant, ce qui semble ne jamais devoir arriver. Lorsque la servante de la maisonnée (Holliday Granger) tombe accidentellement enceinte de son amant poissonnier, Sophia a l’idée de mettre au point une supercherie pour faire croire à son mari que c’est bien elle qui est enceinte. Avec, au-delà de la volonté de les protéger toutes deux, un mystérieux plan pour lui permettre de fuir Amsterdam avec son peintre. Pour cela, il leur faudra bien évidemment beaucoup d’argent, et c’est ainsi que Jan (Dane DeHaan) entre dans le marché des tulipes…
Christoph Waltz émeut au sein d’un film inégal
Autant le dire : Tulip Fever est un film inégal, quoique non dépourvu de qualités. Moins épique que ce qu’il aurait pu être du point de vue de la reconstitution historique en raison de son budget restreint, le film de Justin Chadwick parvient tout de même à interpeller grâce à un contexte posé avec soin et justesse, et une photographie qui, associée aux cadrages, évoque ouvertement la peinture flamande de l’époque, un peu à la manière de La jeune fille à la perle de Peter Webber. Restait alors à convaincre avec cette histoire d’amour aux ressorts cruels, et c’est malheureusement là que le bât blesse. Pour le dire simplement, Dane DeHaan est tout aussi peu charismatique et convaincant en amoureux transi qu’il l’était en héros SF dans le film de Luc Besson. Résultat : l’alchimie n’opère pas avec Alicia Vikander, et on a dès lors le plus grand mal à croire à cette passion dévastatrice, ce qui est bien évidemment problématique étant donné que toute l’intrigue ou presque tourne autour de celle-ci. Le film en perd du même coup une bonne partie de sa puissance tragique, bien que le récit en lui-même soit mené de manière tout à fait cohérente.
Heureusement, la présence de Christoph Waltz permet de relever la barre, et c’est finalement son personnage qui apparaît aux côtés de Sophia comme la véritable figure tragique de cette triste histoire. Au départ présenté comme un homme qui n’hésite pas à s’acheter une compagne qu’il tient sous son joug et qu’il pourrait tout aussi bien renier si elle ne devait pas lui donner d’enfant, il apparaît peu à peu comme un être sensible marqué par les coups du sort, qui est véritablement tombé amoureux de son épouse indifférente et portera en lui le poids d’une culpabilité véritable pour avoir voulu jadis posséder une femme comme on achèterait des étoffes précieuses. Le traitement de cette partie de l’intrigue est d’une belle justesse, et donne lieu à quelques scènes véritablement poignantes dans la dernière partie du film, là où toute émotion est absente au sein du couple Sophia-Jan. Cela permet finalement de faire preuve d’un peu d’indulgence, et d’apprécier malgré tout un drame romanesque déséquilibré, qui est loin de tenir toutes ses promesses malgré des qualités certaines.