Caractéristiques
- Titre : Bad Trip 3D
- Réalisateur(s) : Frédéric Grousset
- Avec : Philippe Hassler, Frédérique Bruel, Julien Masdoua, Gilles Serna, Marion Trintignant
- Distributeur : Artus Films
- Genre : Comédie, Horreur
- Pays : France
- Durée : 72 minutes
- Date de sortie : 8 juin 2016
- Note du critique : 5/10 par 1 critique
Fauché, mais volontaire
Si la mode des films en 3D est désormais plus ou moins derrière nous, avec tout de même quelques sorties de blockbusters qui y croient encore (Jurassic World : Fallen Kingdom, Rampage…), il reste un courant technophile qui s’accroche. Il faut écrire que cet effet est, à la base, bien plus intéressant que ce qu’on a bien pu vivre, dans certaines productions très fainéantes, qui n’utilisaient cette technologie que dans un but mercantile, sans véritable idée. Un genre populaire était passé, jusqu’ici, dans les mailles du filet : le found footage. C’est sans doute une partie de ce qui a motivé Frédéric Grousset, réalisateur courageux, auteur notamment du thriller Climax (non, rien à voir avec le film de Gaspar Noé), à se lancer dans l’aventure Bad Trip 3D.
Autant ne pas tourner autour du pot, Bad Trip 3D n’est pas une grosse production. On trouve, derrière cet effort, le très important (pour la cinéphilie) éditeur Artus Films. Le France a bien du mal à se lancer dans le cinéma de genre, les producteurs sont frileux, il faut donc créer sans leur appui. C’est déjà une satisfaction : que ce long métrage existe s’avère une fierté, que ce soit pour son réalisateur, ou le public visé. Nous, les passionnés. Ceux-ci pourront découvrir une histoire qui tient sur un timbre poste : armé de son caméscope 3D, Johann se prépare à filmer la soirée d’enterrement de vie de garçon de Julien, organisée par ses vieux amis Philippe et Gilles. C’est une surprise totale et l’homme de la soirée se fait quelque peu prier avant d’accepter. La fête commence. Les ennuis ne vont pas tarder à pointer le bout de leur nez.
Rigolard, mais pas bête
Un récit qui ne s’embarrasse pas d’artifices, mais un scénario loin d’être vidé de toute substance. Bad Trip 3D, c’est autant une comédie bien franchouillarde, blindée de répliques qui pourront devenir cultes dans le milieu « pizza, bière, cinoche », qu’une preuve de l’amour qui subsiste en France pour le genre. Non, nous ne sommes pas que le pays de Jean-Luc Godard et de Kev Adams ! Il va falloir écarter les limites dues au budget, afin de percevoir quelques éléments intéressants. Le rire, tout d’abord, est assez fréquent, mais pas en dépit de l’œuvre en elle-même. Oui, cet enterrement de vie de garçon pue la défaite, et réserve quelques moments gratinés. C’est ici que débute la véritable surprise : le réalisateur ne mise pas tout sur la comédie, et introduit quelques passages beaucoup plus embarrassants. Sciemment, cela va sans dire. Les trois amis boivent, beaucoup, et perdent parfois le contrôle. Cela accouche de situations un peu tendues, comme une drague beaucoup trop lourde. Le point d’orgue sera atteint lors d’un strip-tease vraiment glauque, tout sauf excitant…
On voit exactement où veut aller le réalisateur, Frédéric Grousset. Faire naître un certain paradoxe, entre un esprit rigolard, et des actes carrément malaisés. Bad Trip 3D mérite son titre, et verse carrément dans l’horreur, dans sa dernière partie. Ici, l’esprit est toujours clair, mais le rendu est plus maladroit. Les acteurs ne sont pas souvent très justes, alors qu’ils le sont le reste du temps c’est à souligner, et la menace paranormale a un peu de mal à nous atteindre. On tombe dans le « film de forêt avec buissons en gros plan », cela manque d’originalité et rappelle bien des classiques du genre. Par contre, l’envie est toujours là, ce long métrage est honnête d’un bout à l’autre. Cela se vérifie dans les effets spéciaux, très satisfaisants pour une telle production. On termine cet article en abordant rapidement la 3D. Celle-ci tient plus de l’artifice qu’autre chose, et pourra même un peu handicaper quelques plans, sur la fin. On peut s’en passer sans sourciller, alors que nous conseillons tout de même le film aux amateurs d’efforts aussi fauchés que volontaires.
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