Caractéristiques
- Titre : Dragons 3 : Le Monde Caché
- Titre original : How to Train Your Dragon 3: The Hidden World
- Réalisateur(s) : Dean DeBlois
- Avec : (les voix originales de) Jay Baruchel, America Ferrera, Cate Blanchett, F. Murray Abraham...
- Distributeur : Universal Pictures International France
- Genre : Animation, Aventure
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 1h34
- Date de sortie : 6 février 2019
- Note du critique : 8/10 par 1 critique
La conclusion de la saga Dragons
Près de 5 ans après Dragons 2, voilà que les aventures d’Harold et Krokmou touchent à leur fin. En effet, le réalisateur Dean DeBlois s’était engagé sur Dragons 2 à la condition expresse que la franchise s’arrête après le 3e volet. Dragons 3 : Le monde caché met donc fin à la fois aux aventures cinématographiques de nos héros, mais aussi à l’excellente série diffusée sur Netflix depuis 6 saisons. C’est donc avec une véritable émotion que nous découvrons ce dernier chapitre qui, loin de décevoir, clôt la trilogie de la plus belle des manières, et ce malgré un méchant que l’on aurait aimé plus épique et qui demeure en réalité (et de manière tout à fait volontaire) assez secondaire.
C’est en effet le seul « défaut » que l’on pourrait reprocher au Monde caché : lors de son introduction, on pense que le grand méchant — qui n’est pas sans rappeler Drago de Dragons 2 dans sa manière de contrôler les dragons par la force — va véritablement donner du fil à retordre à Harold et sa bande, or, il reste curieusement absent d’une grande partie du film, s’illustrant surtout à la fin, et de manière bien moins vicieuse que son prédécesseur. Les clins d’oeil au 2e opus fonctionnent moins bien et, de manière générale, Dragons 3 est un peu moins épique…
Ce qui n’empêche pas de superbes scènes de vol, notamment l’une où Krokmou et sa copine Furie Blanche traversent un orage en se poursuivant. Oui, vous avez bien lu : Krokmou rencontre une jolie dragonne, son parfait alter ego en blanc, ce qui donne lieu à des scènes absolument hilarantes où Harold, au départ jaloux, finit par coacher son dragon pour séduire la belle. Ces scènes muettes sont parmi les plus réussies du film. Quant à l’animation, elle est encore plus belle, progrès techniques obligent et on est impressionnés par la fluidité des mouvements des dragons, mais aussi les textures des peaux, de l’eau (quasi photo-réaliste) et la beauté des décors. La musique de John Powell, entre envolées épiques et émotion, accompagne toujours aussi bien l’intrigue et fait presque figure, comme pour les deux premiers opus, de personnage à part entière.
L’émouvant final d’un récit initiatique sur l’émancipation
Difficile d’aller plus en avant dans l’analyse du film sans en spoiler la fin, mais disons que ce qui nous colle définitivement des frissons dans Dragons 3, c’est de voir que l’intrigue permet de boucler la boucle et de terminer sur une très belle note les aventures d’Harold et Krokmou, le garçon et son dragon ne faisant quasiment qu’un durant les deux films précédents. Rappelons-le, Dragons est un magnifique récit initiatique, et une allégorie du passage à l’âge adulte où un passage de relais s’effectue progressivement. Dans le premier film sorti en 2010, Harold est ce jeune Viking maladroit moqué de tous, et qui a du mal à trouver sa place parmi les siens. Son père voudrait qu’il soit comme lui (un tueur de dragons), mais lui sait qu’il est différent et cela ne le rassure pas. Lorsque Krokmou arrive, il gagne peu à peu confiance, ses progrès avec le dragon se reflétant aussi dans ses relations au sein du village. Il est difficile de ne pas voir, alors, que, à la manière de Lyra et son daemon qui est une extension d’elle dans A la croisée des mondes de Philip Pullman, Harold et Krokmou ne font littéralement qu’un.
Ce que confirmait d’ailleurs la réplique d’Harold à Astrid lorsqu’il lui explique pourquoi il a été incapable de tuer la Furie Nocturne blessée : « Il était aussi effrayé que moi. Je l’ai regardé et je me suis vu ». Et, de manière logique, Krokmou ne peut voler qu’avec Harold, qui manipule son aileron artificiel lorsqu’il le chevauche. En un sens, le dragon représente l’instinct du jeune héros et son désir d’émancipation, qu’il doit apprendre à apprivoiser. Ainsi, lorsque dans le premier film Krokmou s’emballe lorsque Astrid et Harold sont sur son dos, on a l’impression que le dragon cherche à impressionner la jeune fille. Or, en réalité, c’est bel et bien Harold qui cherche à impressionner Astrid !
Prendre sa place au sein du monde… et parmi les siens
Après avoir bravé le regard de son père et des Vikings, Harold doit ensuite affronter sa peur de remplacer son père car il a encore le sentiment d’ignorer qui il est, mais, après avoir rencontré sa mère, qui vit parmi les dragons, il se verra obligé de devenir chef lorsque Krokmou, sous l’influence de l’Alpha, tue accidentellement Stoick. Symboliquement, il tue donc le père. Pour ce 3e volet, la suite logique serait donc le mariage et des enfants pour Harold et Astrid. Tout le village les pousse à cela, mais Harold ne se sent pas prêt et passe tout son temps avec Krokmou, sans lequel il a l’impression de ne rien être. Cette fois, son désir d’indépendance, qui était autrefois désir d’émancipation, lui fait barrage. Mais, bien évidemment, les choses vont changer lorsque Krokmou rencontrera la jolie dragonne blanche, d’autant plus qu’Harold lui a confectionné un aileron qu’il peut activer sans son aide… Le cheminement du dragon anticipe alors, pour une fois, celui d’Harold et lui montre le chemin.
Dragons 3 : Le monde caché est parfaitement mené de ce côté-là et boucle la boucle avec intelligence et émotion. Le lien générationnel, qui est le fil rouge de la saga, est bel et bien présent et, si on voit venir la fin logique de l’intrigue (que l’on vous laisse donc découvrir), il est difficile de ne pas verser sa petite larme lors du très très beau final. Ainsi, malgré la (toute) petite réserve liée au méchant, Dragons 3 : Le monde caché vient clore avec beaucoup de force ce qui est, à nos yeux, la meilleure saga d’animation des années 2010. Et si l’on est un peu triste de quitter Harold et Krokmou, on se consolera avec l’excellente exposition gratuite à Paris, le dernier jeu vidéo, ou encore les deux séries animées Dreamworks, qui totalisent mine de rien 8 saisons complètes !