article coup de coeur

[Test] A Plague Tale Innocence : un bijou à découvrir au plus vite

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Ordinateur/PC
    • Xbox One
  • Développeur : Asobo Studio
  • Editeur : Focus Home Interactive
  • Date de sortie : 14 mai 2019
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 8/10

Sans crier gare, Asobo Studio nous livre un chef-d’œuvre

image gameplay a plague tale
Le Moyen Âge, son univers impitoyable.

Autant vous prévenir dès ces premiers mots : vous, dont l’intérêt est cet A Plague Tale : Innocence, sachez que vous allez découvrir l’un de nos gros coups de cœur 2019. C’est un peu abrupt, cela coupe un peu le suspens, mais tant mieux : on ne veut pas vous balader trop longtemps, afin de vous laisser foncer droit vers cette expérience mémorable. Avant de rentrer dans les détails de ce qui nous rend aussi dithyrambique, sachez qu’on était pourtant loin d’être conquis par avance, et ce pour plusieurs raisons. Si l’on aime suivre l’actualité d’Asobo Studio, on ne savait pas exactement que penser de son état de forme actuel, après un ReCore de triste mémoire. Aussi, les développeurs basés à Bordeaux, aussi talentueux soient-ils, ont jusqu’ici surtout travaillé sur des adaptations de licence, comme Ratatouille (déjà une histoire de rat !) ou Là-Haut. En fait, après un Fuel qui avait marqué son époque grâce à une carte plus gigantesque qu’amusante, on sentait le studio tâtonner, en livrant des softs jamais réellement mauvais, mais aussi rarement aboutis, malgré de bonnes idées. Du coup, voir l’entité s’associer à Focus Home Interactive, éditeur en vue mais là aussi dans une certaine expectative, cela éveillait l’intérêt, en même temps que la crainte. L’impact de la mandale n’en est que plus violent.

A Plague Tale : Innocence, c’est plusieurs piliers solides comme un golgoth. Le premier supporte un scénario que l’on qualifiera sans peine d’exemplaire. Le récit prend place en France, alors que la Guerre de Cent Ans fait rage. On est en l’an de grâce 1348 les cocos, et cette époque n’est pas celle des selfies sur Instagram, là il fallait envoyer du pâté pour survivre, entre la Peste Noire et l’Inquisition d’un côté, la Perfide Albion de l’autre. C’est dans cette ambiance sacrément troublée que l’on va apprendre à connaître la famille de Rune, dont la jeune fille, Amicia, va s’avérer notre avatar. Son père, le fameux Robert de Rune, chevalier très respecté ayant fait ses preuves sur le terrain en véritable héros, apprend à la jeune demoiselle à chasser en utilisant une fronde. Pas simple, mais être élevée à la dure apprend à Amicia le sens des responsabilités. Celui-ci sera bientôt mis à très rude épreuve, quand elle va devoir prendre en charge Hugo, son frère de cinq ans, atteint d’un étrange mal, que son alchimiste de mère tentait jusqu’ici de guérir.

Une histoire passionnante du début à la toute fin

Car des événements dramatiques vont bientôt se mettre en place. Pas de spoilers dans ces lignes, n’ayez crainte, on ne veut surtout pas vous gâcher le grand plaisir d’une découverte qu’Asobo Studio est parvenu à rythmer idéalement. Après avoir terminé le jeu, on s’est longuement posé la question : depuis quand n’a-t-on pas autant apprécié le scénario d’un soft en vue à la troisième personne ? Il faut remonter à God of War, et avant cela à d’autres grandes réussites comme Uncharted 2. Les points communs narratifs entre ces quelques titres prestigieux, auquel vient s’ajouter A Plague Tale : Innocence ? Le sens de la cadence, le gros travail sur l’atmosphère, et l’impressionnante adversité. Ces trois éléments sont au cœur du cheminement que le joueur vit, au plus près, avec en grande star ces rats qui forment non seulement une menace vicieuse, mais aussi plusieurs ressorts de gameplay comme nous le verrons plus bas. Ces maudits rongeurs, qui pullulent par centaines (voire plus) à l’écran ne seront pas les seuls embûches que nos protagonistes vont croiser, d’autres seront bien humaines, au moins aussi coriaces, et sans doute encore plus détestables.

L’aventure que va vivre Amicia prend évidemment la forme d’un parcours initiatique, le TPS étant une forme assez idéale pour ce genre de fond. On pourra aussi imaginer qu’entre studios français, on discute un peu, tant le rapport entre notre avatar et son frère pourra rappeler, dans les grandes lignes, celui que DONTNOD est entrain de décrire dans Life Is Strange 2. Bien entendu, A Plague Tale : Innocence ne s’inscrit pas dans le même genre, ici il n’est nulle question de choix qui pourraient changer le cours du récit, mais l’écriture se charge de nous faire ressentir l’évolution de nos deux protégés. On est particulièrement touché par ceux-ci, l’héroïne devenant même l’un des protagonistes féminins les plus forts qu’on ait vu dans un jeu vidéo. Oui, carrément, et pas parce qu’elle serait toute puissante. Au contraire, c’est grâce à ses petits moments de faiblesse, ses doutes, son sens de la responsabilité qui se construit au fur et à mesure, et qui va se décupler quand certains survivants vont la rejoindre. Il n’est pas question, ici, d’en faire une image trop parfaite, ni même de l’utiliser comme moyen de s’inscrire dans un féminisme agressif. Non, elle gagne ses galons en agissant intelligemment, certes en remettant quelques hommes en place, mais surtout pas dans cet unique but : survivre. On insiste sur ce point, car cela devient rare, et d’autant plus précieux.

Un sentiment d’évolution permanent

image rats a plague tale
Là, mieux vaut ne pas lâcher la torche.

Trêve de détails concernant le scénario. Sachez juste, en complément, qu’il est découpé en plusieurs chapitres, et se voit approfondi d’une poignée de détails sur l’univers, par le biais d’objets à récupérer ici ou là. Ce qui nous emmène tout droit vers le gameplay. Quand nous avons découvert A Plague Tale : Innocence, voilà quelques années lors d’un événement organisé par Focus Home Interactive, on a de suite été intéressé par les promesses. Il s’agissait déjà d’un TPS, et d’énigmes basées sur la réaction des rats à la lumière. Cependant, on avait du mal à imaginer ce concept passer le cap de la simple feature. Grave erreur. La grande réussite d’Asobo Studio, de ce côté, a été de capter les possibilités, ainsi que les limites des mécaniques qui se dessinaient. Le résultat, une fois l’œuvre terminée, n’en est que plus pertinent, agréable à manipuler, à déjouer. On doit donc traverser des niveaux entiers, au level design principalement horizontal mais permettant plusieurs possibilités, en jonglant entre discrétion et réflexion. Discrétion pour les gardes, qui peuvent s’exprimer via différents modèles. On a l’ennemi qui se balade sans casque, à la bien, l’autre dont la prudence le pousse à porter une armure. Et, parfois, ceux-ci embarquent une source de lumière (brisable) afin d’éloigner ces fichus rongeurs assoiffés de sang. Ici, nous émettront une petite réserve : il paraît assez évident que le champ de vision des adversaires est un chouïa trop peu développé. Ainsi, on a pu parfois déjouer certaines rondes sans trop de difficulté, ce qui sera la principale retenue à propos de ce jeu : globalement, le challenge n’est que peu ardu, du moins avant d’arriver dans le dernier quart.

Amicia se révèle aussi intelligente qu’habile, et la fronde apparaît comme un moyen idéal pour mettre en avant cette spécificité. Si, au début de l’aventure, ce sont de simples mais redoutables cailloux qui peuvent être projetés (viser la tête d’un opposant provoque la mort, Thierry la Fronde n’a qu’à bien se tenir), tout autant par le biais de l’arme qu’à la main pour envoyer des ennemis vers de fausses pistes, au fil du temps vous pourrez fabriquer des munitions spéciales. L’une d’elles permet d’allumer des braises qui ne demandent que ça, l’autre attire les rats vers un endroit précis, celle-ci provoque le besoin irrémédiable de retirer son casque. On ressent une véritable évolution dans cet arsenal, au fur et à mesure des rencontres et de l’adversité. A Plague Tale : Innocence parvient à introduire chacune de ces possibilités comme autant d’événements, ce qui nous rend leur utilisation que plus naturelle, fluide. Et autant vous teaser un peu : vous découvrirez des choses jusqu’à la presque toute fin du soft ! Tout cela provoque un sentiment délicieux de constante progression, renforcé par une roue de sélection efficace au possible, laquelle permet à la fois le choix et la fabrication. Car il va falloir compter sur votre capacité à dénicher différents ingrédients, ce qui pousse à bien explorer des environnements parfois plus vastes qu’on ne l’imaginait. Attention, donc, à bien pousser la farfouille dans les moindres recoins, et sachez qu’il est parfois intéressant de sacrifier quelques produits rares pour atteindre des charrettes d’alchimiste difficilement accessibles.

Aussi beau à regarder qu’à écouter

image test a plague tale
Un cheminement qui vous mènera vers des endroits parfois très lugubres.

Ce n’est pas tout, car votre fronde, ainsi que l’attirail (poche pour ranger les ingrédients, ou les munitions) sont évolutifs, cette fois-ci en passant par une table prévue à cet effet. Elles sont distillées ici ou là, et deviendront même dépassées si vous parvenez à débloquer la possibilité de construire depuis les menus, sans cet appui. A Plague Tale : Innocence parvient donc à imprimer une évolution matérielle, en parallèle à celle, plus intime, d’Amicia, et ça fonctionne sans anicroche. Tout cela afin, dans le même temps, de mieux s’en sortir face aux hordes rampantes qui ne rêvent que de grignoter chaque centimètre de votre avatar. Celles-ci vous réserveront bien des surprises, à la fois grâce à une mise en scène fichtrement efficace (il faut les voir se hisser hors du sol,c’est impressionnant), mais aussi pour les mécaniques qu’elles imposent. La plupart des environnements sont pensés pour exploiter leur faiblesse à la lumière, et donc aux flammes. Il faut mettre le feu, mais aussi chercher à l’éteindre quand certains gardes peuvent en faire les frais. Aussi, plusieurs passages vous demanderont un certain sens du timing, afin de bien manipuler les mouvements de ces bestiaux carnivores, les emprisonner d’un côté ou de l’autre d’une source de lumière, dans le but d’avoir place nette. Bluffant, tant l’ensemble est fonctionnelle. Signalons aussi que la mort d’un de nos compagnons signifient le game over, dés lors faites bien attention à ordonner aux accompagnants de vous attendre en sureté. C’est, d’ailleurs, l’occasion de souligner l’excellente tenue des commandes : tout répond au doigt et à l’oeil, même quand cela implique l’action intimée à un autre personnage, ce qui n’est jamais simple. Preuve que les développeurs ont poncé leur jeu dans les moindres détails.

Terminons ce tour d’horizon bien agréable par l’aspect technique. A Plague Tale : Innocence est beau, c’est une évidence. Les textures ne comptent pas parmi les plus impressionnantes qu’on ait vu sur consoles, mais Asobo Studio déploie une véritable science de la mise en scène, du soutien émotionnelle par l’utilisation du panorama. On se souviendra longtemps de ce château en ruine qui se dessine au loin, alors que l’orage fait rage, offrant d’ailleurs une petite mécanique liée à la lumière provoquée. Quand on vous dit qu’ils ont pensé à tout ! On n’en dévoilera pas plus, en tout cas l’on ne peut qu’être séduit par le résultat, et ce même sur une simple PlayStation 4 standard. On a bien une ou deux petites baisses de framerate ici ou là, mais rien de visible pour un œil  humain. Surtout, et cela fait partie de nos chevaux de bataille : le soft est déjà particulièrement stable avant même la mise à jour day one. Celle-ci existe, et apporte quelques perfectionnements, mais finalement assez peu. Si, un jour, vous voudrez y jouer sans connexion à Internet, le jeu sera dans un état largement valable. Une belle satisfaction visuelle, qui s’accompagne d’un dernier coup de cœur : l’ambiance sonore se révèle somptueuse. Des doublages (oui, même français !), aux bruitages (avec un mixage pensé pour le casque, que nous vous recommandons), aux compositions magistrales signées Olivier Derivière, c’est un plaisir des esgourdes à chaque seconde. Avec un petit accessit pour l’incroyable morceau The Inquisition, qui va longtemps habiter nos cauchemars. Rien que de vous en toucher quelques mots, cela nous donne envie de replonger dans cette aventure longue de huit heures.

Note : 17/20

C’est un choc, mes aïeux ! Que dire, à part qu’on aimerait vivre ce genre d’énorme surprise plus souvent ? A Plague Tale : Innocence est un grand jeu, un TPS qui parvient à marier l’intelligence des mécaniques, une histoire passionnante, et une progression ultra fluide. C’est une véritable leçon que produit Asobo Studio, qui nous apprend prend ici au dépourvu : ce serait mentir que de vous assurer qu’on les attendait à ce niveau. Bon, écoutez, c’est beau, c’est exemplaire dans la prise en mains, on en sort comblé. Alors que faites-vous encore là ? Foncez le découvrir au plus vite, qu’on ait le droit à d’autres productions de ce genre.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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