[Critique] Ma : Un thriller plutôt efficace

Caractéristiques

  • Réalisateur(s) : Tate Taylor
  • Avec : Octavia Spencer, Juliette Lewis, Diana Silvers, Luke Evans, McKaley Miller
  • Distributeur : Universal Pictures International
  • Genre : Horreur
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 100 minutes
  • Date de sortie : 5 juin 2019
  • Note du critique : 6/10

Entre Misery et le Slasher

image critique ma
Ne vous fiez pas à ce joli sourire.

Petit dernier des productions Blumhouse, adepte des longs métrages horrifiques à moindre budget comme les sagas Insidious et Sinister, ainsi que des films moins galvanisants comme Action Ou Vérité, Ma ne déroge pas à la règle et s’inscrit dans la continuité politique du studio. Laquelle est, le plus souvent, de réussir à réaliser une œuvre avec peu de moyens, mais en privilégiant si possible la narration en contrepartie. Trouvant dans le cas présent ses inspirations du côté du roman Misery, dont le personnage de Ma pourrait être une démarcation de la terrifiante Annie Wilkes jadis incarnée au cinéma par Kathy Bates en 1991 (qui n’avait pas volé à l’époque son Oscar et son Golden Globe). Mais ici, en lieu et place de l’écrivain séquestré, nous avons une bande de teenagers, naïfs et imprudents, qui inscrit également le film dans la mouvance du bon slasher façon années 1980. Cette seconde référence est cependant moins présente tant le réalisateur Tate Taylor (déjà exercé aux personnages féminins complexes dans La Fille du Train) semble davantage intéressé par l’idée d’explorer la psyché progressivement vacillante de sa protagoniste, que de verser abusivement dans le meurtre à répétition façon Halloween. Une initiative intéressante qui confère à Ma toute sa particularité et sa richesse.

Ma, sinon rien

Si la majorité du casting ne démérite pas et parvient à faire exister leurs personnages, c’est bien Ma, joué avec grande finesse par Octavia Spencer, qui fait tout l’attrait du film. D’abord d’apparence extrêmement débonnaire au début du film, lorsque la jeune Maggie, fraîchement débarquée en ville, lui demander d’aller acheter de l’alcool pour impressionner ses nouveaux amis, le personnage va lentement révéler une part nettement plus sombre de sa personnalité. Ayant jadis subi une terrible humiliation durant son enfance, Ma est un personnage profondément écorché et rabaissé, vis-à-vis duquel la vie n’a pas été tendre. Cette idée justifie son besoin compulsif de reconnaissance ainsi que sa volonté d’exister aux regards de ces adolescents qui symbolisent une époque révolue, dont elle n’a jamais pu s’affranchir ou s’exorciser. Rapidement, la femme va donc proposer son sous-sol comme lieu de festivité, et retrouver ainsi un semblant de jeunesse. Mais le temps a fait son œuvre, et ses secrets ne vont pas tarder à la rattraper, la faisant progressivement passer de sympathique à envahissante puis à carrément menaçante pour ceux qui ont l’audace de la snober à nouveau. L’explosion de violence n’est pas loin, et tout le monde en subira les conséquences. Que ce soit la jeune Maggie (joué avec conviction par Diana Silvers) et ses amis, voire même leurs parents joués respectivement par la revenante Juliette Lewis, et par Luke Evans (dans le rôle d’un magnifique connard), partageant le secret du traumatisme de Ma.

Convenu mais néanmoins original

Bien sûr tout n’est pas parfait dans cette nouvelle production Blumhouse. Certains lui reprocheront certainement sa trop grande lenteur, d’autres au contraire en voudront à son final grand guignolesque à l’opposé total de ce qu’il annonçait à l’origine. Peut-être que l’initiative est quelque peu maladroite en effet, et ne parvient pas à se hisser au-delà du simple divertissement horrifique. Mais au moins c’est une proposition. En faisant de l’antagoniste le sujet principal, Ma renoue avec une logique hitchcockienne dans laquelle le mal se doit d’être complexe, compréhensible à défaut d’être excusable, victime autant que bourreau. Les purs méchants existent aussi, et sont souvent un régal cinématographique dans les productions d’actions viriles. Mais d’autres se doivent d’être plus ambiguës, plus malsains car plus propices à l’empathie, vis-à-vis du public. En sortant de la salle, il est clair que vous ne garderez pas un souvenir impérissable du film de Tate Taylor, mais il vous sera certainement plus difficile de vous libérer du sourire glaçant de Ma. Rien que pour ça, le film mérite d’être vu.

Article écrit par

Depuis toujours, je perçois le cinéma, certes comme un art et un divertissement, mais aussi et surtout comme une porte vers l'imaginaire et la création. On pourrait dire en ce sens que je partage la vision qu'en avait Georges Méliès. Avec le temps, de nombreux genres ont émergé, souvent représentatifs de leurs époques respectives et les bons films comme les mauvais deviennent ainsi les témoins de nos rêves, nos craintes ou nos désirs. J'ai fait des études de lettres et occupé divers emplois qui jamais ne m'ont éloigné de ma passion. Actuellement, sous le pseudonyme de Mark Wayne (en hommage à l'acteur John Wayne et au personnage de fiction Bruce Wayne alias Batman), je rédige des critiques pour le site "Culturellement Vôtre". Très exigeant dans ma notation des films, en particulier concernant le scénario car c'est la base sur lequel aucun bon film ne peut émerger s'il est bancal ou pour le moins en contradiction avec son sujet. Je conserve une certaine nostalgie d'une époque qui me semble (pour l'instant) révolue où le cinéma ne se faisait pas à base de remakes, intrigues photocopiées et bien-pensance. Néanmoins, rien n'entame mon amour du cinéma, et chaque film que je regarde me le rappelle, car bons ou mauvais, ils restent le reflet de notre époque.

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