article coup de coeur

[Test] Bloodstained Ritual Of The Night : une très bonne surprise

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Xbox One
    • Nintendo Switch
    • PC
  • Développeur : ArtPlay, WayForward Technologies
  • Editeur : 505 Games
  • Date de sortie : 18 juin 2019 (PlayStation 4, Xbox One, PC), 25 juin 2019 (Nintendo Switch
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 8/10

Le grand retour de Koji Igarashi

image metroidvania bloodstained
On reconnaît de suite le style d’Igarashi.

Bloodstained : Ritual Of The Night, voilà un projet que l’on attendait de pied ferme ! Le jeu vidéo a beau être devenu une industrie (presque) comme les autres, il reste l’un de ces milieux habités par des grands noms, souvent rattachés à d’anciennes grandes licences. Hideo Kojima reviendra sur le devant de la scène avec Death Stranding, mais c’est surtout le souvenir de Metal Gear Solid qui provoque le cœur de l’attente. D’autres créateurs confirment ce fait, comme Koji Igarashi. Certes, son nom n’est pas aussi reconnu, dans le grand public, que celui d’un Shigeru Miyamoto, mais chez les passionnés, c’est une autre histoire. Car le bonhomme est l’un des grands architectes de Castlevania : Symphony Of The Night, hit absolu qui a installé durablement le genre Metroidvania dans le coeur des gamers. À tel point, d’ailleurs, que certains n’hésite pas à parler d’Igavania (mot-valise rassemblant Igarashi et Castlevania). Malheureusement, après la déconfiture de Konami, qui s’est repositionné principalement sur les softs pour smartphones, la série est désormais en sommeil (voire morte, pour les plus pessimistes).

Quelques mois après son départ de Konami, Koji Igarashi nous rassurait. Non, le producteur n’allait pas prendre une retraite anticipée, et en profitait pour dévoiler un nouveau projet. Nous sommes en 2015, et Kickstarter ne sait plus où donner de la tête. Car l’annonce de Bloodstained : Ritual Of The Night s’est accompagnée d’un financement participatif complètement dingue. Ce fut, d’ailleurs, un bon moyen de vérifier l’engouement des passionnés pour le roi du Metroidmania. Avec plus de cinq millions de dollars récoltés, le jeu a, ensuite, connu une phase de développement plus compliqué, avec des retards à la clé (la livraison était prévue, à la base, en 2017). Et, entre nous, les différents trailers nous montraient une action un peu molle. On ne lui jettera pas la pierre, tant on voit bien que les titres issus de cette méthode de production ont tendance à connaître des accouchements difficiles. Mais tout de même, le fait de voir l’éditeur 505 Games accompagner la sortie avait tendance à nous rassurer. Et, au final, on est carrément enjoué par le résultat.

Symphony Of The Bloodstained

image miriam bloodstained
On peut personnaliser Miriam, l’héroïne du jeu.

On a déjà vu mission plus difficile que décrire vaguement Bloodstained : Ritual Of The Night. Il ne vous faudra que quelques secondes pour capter les points communs avec les Castlevania de Koji Igarashi, jusque dans le scénario. Celui-ci accompagne agréablement le cheminement du jeu, surtout grâce à des personnages charismatiques. Replaçons le concept : l’action se déroule en Angleterre, à la fin du dix-huitième siècle. Le pays est en ruine, après une offensive des démons. L’univers du jeu se révèle assez poussé, d’ailleurs rassurez-vous : vous aurez droit à un Compendium très complet, avec une tonne de détails sur les protagonistes, les monstres, les termes employés. Rien de compliqué, mais tout de même, la licence refuse de se prendre à la légère, du côté de son récit tout du moins. On incarne Miriam, devenue cristaliseuse après une étrange malédiction, dans le but d’être sacrifiée par des alchimistes bien mal intentionnés. Seulement, elle fut sauvée par un miracle, et plongea dans le coma. Désormais réveillée, grâce au bienveillant Johannes, elle vogue vers l’adversité. Celle-ci est située, on vous le donne dans le mille, dans un château ayant récemment fait son apparition.

Surpris par la qualité de l’histoire, on est tout de même plus nuancé à propos de la traduction française. Entendons-nous, c’est déjà pas mal que Bloodstained : Ritual Of The Night soit traduit dans la langue de Molière. Malheureusement, les textes sont truffés de coquilles, d’espaces absents, et de tournures incertaines. Au moins, on a le sens du récit, mais c’est dommage pour la caractérisation des personnages notamment. Heureusement, ceux-ci peuvent compter sur le jeu pour les mettre en situation. On aborde donc le gameplay, et il est temps de rappeler ce qu’est un Metroidvania. C’est très simple, un mélange d’exploration, d’action, de level design basé sur le gain d’objets spéciaux afin d’atteindre des chemins précédemment inaccessibles. La touche personnelle de Koji Igarashi, c’est l’inclusion des codes du RPG : en tuant des monstres, on gagne de l’expérience, puis des niveaux et, donc, de la puissance supplémentaire. Le jeu ici abordé respecte ces codes à la lettre, en apportant tout de même les spécificités de Miriam, elles-mêmes très inspirées de… Castlevania.

Des mécaniques finement rodées

image gameplay bloodstained
On peut évoluer avec un familier.

Miriam et Alucard, même combat ? Que les amateurs du fils de Dracula se réjouissent, c’est en partie le cas, mais Bloodstained : Ritual Of The Night va encore plus loin dans le mimétisme avec les Castlevania de Koji Igarashi. Car Miriam, grâce à son état de cristaliseuse, peut drainer des Fragments, des pouvoirs démoniaques que l’on a une chance de récolter en tuant les monstres. Ces magies sont divisées en plusieurs catégories : action, effet, direction, enchantement et familier. Cette mécanique vous rappelle l’excellent Aria of Sorrow ? C’est normal, même si le jeu ici testé va un peu plus loin, en introduisant le gain de niveau de ces pouvoirs, tout simplement en récupérant plusieurs du même type. Eh non, ce n’est pas une nouveauté, puisque Dawn Of Sorrow, encore un excellent soft, l’avait déjà utilisée. Par contre, on accueille, les bras ouverts, un système d’artisanat très efficace. Passer votre temps à détruire des Barbiers tueurs, ou des Chevaliers broyeurs, est une activité qui gagne ainsi une autre dimension. Oui, il faut parfois grinder, mais la nécessité de dénicher tel ou tel élément indispensable pour forger l’épée de vos rêves aide grandement la tâche.

On a beaucoup pointé les accointances (positives) avec Castlevania, mais ce serait injuste de ne pas signaler que Bloodstained : Ritual Of The Night impose sa propre personnalité. Comme écrit plus haut, on prend beaucoup de plaisir à trucider des vilains, pour ce qu’ils rapportent directement (l’expérience), mais aussi potentiellement (Fragments et objets). Aussi, on doit faire amende honorable : le côté mou, que l’on sentait dans les différents trailers, implique en fait une manière d’aborder les adversaires assez différentes que dans la licence de Konami. Miriam peut esquiver, mais elle n’est pas infaillible, et l’on prend plus de coups que dans les Aria Of Sorrow et Dawn Of Sorrow précédemment cités. Globalement, le jeu est d’une difficulté supérieur à ceux-ci, et pourra même atteindre un niveau bien coriace de Difficile. En  Normal, quelques boss proposent une bonne opposition, avec ce qu’il faut de patterns funs à déchiffrer. C’est dans le ressenti, les sensations, que le titre prend le large, pour le meilleur. Et même si l’enrobage, les jauges de magie, les différents pouvoirs, sentent un peu le réchauffé, on l’oubli bien vite.

Grosse durée de vie, mais techniquement imparfait

image test bloodstained
La direction artistique est parfois un peu space.

Autre qualité inattendue pour Bloodstained : Ritual Of The Night, sa durée de vie. Comme on sait que les joueurs de Metroidvania sont du genre à vouloir atteindre les 100%, et l’on fait partie de ceux-là, sachez qu’il vous faudra au moins vingt-cinq heures pour tout voir. Si vous allez vers la fin en ligne droite (blasphème !), comptez tout de même sur une douzaine, ce qui reste tout de même conséquent pour un jeu de ce genre. Le château est gigantesque, regorge de secrets, de murs à briser et de coffres à atteindre. On a aussi droit à une bonne dose de quêtes annexes, plus intéressantes de par les récompenses qu’elles occasionnent, que la mission en elle-même. En gros, vous allez tuer un certain type d’ennemi pour une veuve revancharde, concocter des plats afin de rassasier une vieille dame, dénicher des objets précis dans le but de garnir le cimetière local. Aussi, les complétistes voudront sûrement posséder les innombrables armes et armures, mais aussi expérimenter de nouvelles coupes de cheveux pour Miriam. Enfin, sachez que quelques bonus vous attendent, comme un boss rush bien énervé. De quoi faire, donc.

Pour terminer, il va falloir aborder le point le moins agréable. Car la technique de Bloodstained : Ritual Of The Night est inégale. On n’a rien à reprocher à la fluidité, elle est bien au rendez-vous. Par contre, on a remarqué pas mal de bugs de collision, des textures qui s’affichent mal, des temps de chargement parfois interminables et des micro-freeze. Si la plupart des animations sont qualitatives, certaines connaissent une baisse de régime, comme la nage de Miriam. Aussi, la direction artistique se révèle un peu déséquilibrée. Et, pour le coup, le financement participatif est en cause. Pour une somme très élevée, on pouvait voir son chien, ou son chat, modélisé dans le jeu. Une bonne idée, sauf qu’on se retrouve avec une tête de félin gigantesque, ornée de cornes diaboliques, pas vraiment du meilleure goût. Surtout, cela porte atteinte, sans grande gravité (n’exagérons rien !), à la cohérence visuelle. Enfin, les environnements restent plutôt génériques, même si certains sortent du lot, et l’ensemble reste tout de même agréable à l’œil. Enfin, on retrouve un second grand nom, cette fois-ci à la signature des musiques : Michiru Yamane, autre transfuge de Konami (et de la licence Castlevania, évidemment). Notons ici qu’il est aidé par Keisuke Ito. Le style éminemment gothique reste reconnaissable dès les premières notes, et les mélodies gagnent en puissance tout au long du cheminement. Peut-être pas son meilleur travail, quelques thèmes d’environnements du château sont un peu en-dessous, mais ça reste une bande originale hautement plaisante. Signalons que les doublages japonais sont disponibles, et qu’ils s’avèrent plus que conseillés.

Note : 16/20

On n’avait plus autant pris notre pied sur un Metroidvania depuis Guacamelee 2 ! Bloodstained : Ritual Of The Night est clairement un jeu construit pour plaire aux fans des Castlevania de Koji Igarashi, lequel s’en donne à cœur joie dans l’utilisation de codes qu’il a lui-même imposé depuis tant d’années. Seule ombre au tableau, la technique n’est pas exempt de tous reproches, avec quelques bugs de collision et des temps de chargement parfois alarmants. Pas de quoi oublier le grand plaisir qu »on a pris à parcourir ce nouveau château maudit, notamment grâce à un feeling qui sait prendre ses distances avec la licence de Konami. Si l’on ajoute une durée de vie solide, et des musiques excellentes de Michiru Yamane, alors on obtient un titre à conseiller vivement !

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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