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article coup de coeur

[Test] Yu-No : un visual novel culte fait son come-back

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Nintendo Switch
    • PC
  • Développeur : 5pb.
  • Editeur : Spike Chunsoft
  • Date de sortie : 4 octobre 2019
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 8/10

Un classique du visual novel débarque enfin en Occident

image gameplay yu-no
Apparemment, notre personnage a une sacrée réputation…

Chez Culturellement Vôtre, on aime parfois s’écarter des grosses productions, des blockbusters et autres titres AAA qui, selon nous phagocytent et handicapent toutes les industries du loisir, leurs capacités à créer. Du coup, quand on voit arriver un jeu comme Yu-No : A Girl Who Chants Love at the Bound of this World (que l’on réduira à Yu-No par la suite), on se dit qu’on ne peut pas passer à côté du sujet. Un intérêt qui se drape d’une grosse curiosité : on aime le visual novel, et l’on chérie chaque occasion de découvrir l’un des classiques de ce genre. Signalons ici qu’un nouvel acteur est entrain de se faire une place dans notre cœur de gamer japanophile : Numskull Games, qui s’est déjà fait remarqué avec la sortie de Deadly Premonition Origins, et dont les prochaines parutions devraient retenir votre attention.

Tout comme nous, vous connaissiez peut-être Yu-No de titre. Mais pensons à celles et ceux qui en entendent parler pour la première fois. Rappelons qu’il s’agit d’un grand classique du visual novel, certains passionnés estimant même qu’il a révolutionné le genre. Sorti en 1996 (à l’époque sur Nec PC 98, puis sur PC, Saturn et Vita bien plus tard), le soft n’avait jamais dépassé les frontières japonaises. Et c’est bien normal, il a fallu du temps avant que ce style de jeu, très littéraire, soit au goût de certains occidentaux. Bref, le succès fut au rendez-vous et, ou plutôt surtout, on sentait bien que les particularités de l’aventure créait une émulsion, une nouvelle demande chez le public. Du coup, on peut parler d’une œuvre séminale. Et sachez que le jeu est si reconnu qu’il a fait l’objet d’une adaptation tardive en animé.

Si l’on vous dit que Yu-No s’intéresse aux voyages dans le temps, ça ne vous rappelle rien ? Steins;Gate s’en est pas mal inspiré, pour un résultat lui-aussi tout à fait probant. Mais revenons au jeu ici testé. L’histoire est évidemment au centre de l’expérience. Et elle est entièrement traduite en anglais. Oui, ça fait des tonnes et des tonnes de textes à lire, en maitrisant un bon niveau linguistique. Si vous débutez à peine, armez-vous d’un traducteur, pour ne pas perdre une miette de cette adaptation convaincante. On est propulsé dans la peau de Takuya Arima, un étudiant à l’académie Sakaimachi. On ne peut pas dire que ce personnage passe de doux moments : sa mère est morte depuis longtemps, et son père vient à peine de la rejoindre. heureusement, son caractère quelque peu polisson lui permet de faire tout de même preuve d’un humour grivois. Deux mois plus tard, il reçoit un colis de son parent décédé, qui contient une petite machine à voyager dans le temps. L’occasion parfaite pour aller enquêter sur les réelles causes de ces morts tragiques.

Une très belle finesse d’écriture

image test yu-no
On se doit aussi de fouiller les décors.

On n’en dévoilera pas plus sur le scénario de Yu-No, on vous laissera vivre sa montée en puissance jusqu’à un dernier quart particulièrement efficace (on en a encore la chair de poule). Car il est assez rare de tomber sur un visual novel qui distille autant de moments surprenants. Sachez simplement que, bien vite, les personnages secondaires vont se multiplier. Bien entendu, on a Yu-No, mais aussi une trentaine d’autres. Si leur importance varie, on est tout de même surpris par la qualité d’écriture dont chacun profite. Enfin, surpris plus ou moins, car la puissance et la « maturité » (écrivons, pour être plus précis, que le soft se destine aux adultes) du récit pousse cela. En effet, il faut absolument s’attacher aux protagonistes, et notamment aux femmes, qu’il nous reviendra de draguer. Au-delà de ce point, le cheminement se veut tout sauf linéaire. Les développeurs (ELF Corporation à l’origine, et 5pb. pour cette version) s’appuient sur l’A.D.M.S. (acronyme d’Automatic Diverge Mapping System) afin d’ouvrir plusieurs voies. Lesquelles sont évidemment liées à vos choix. Vous la voyez venir, la grosse durée de vie ? Vous avez raison : le cheminement se boucle en plus ou moins quarante heures, selon votre rythme de lecture. Mais si vous désirez voir toutes les fins, tous les embranchements, alors là vous allez devoir multiplier ce chiffre plusieurs fois. Surtout que certaines sont bien cachées, vous demanderont l’utilisation d’objets précis…

Yu-No ce n’est pas qu’une histoire de haute volée. Le jeu édité par Spike Chunsoft est aussi l’exemple typique d’un visual novel qui ne se contente pas du texte. Oui, celui-ci est au centre de l’expérience, mais l’on remarque tout de même une envie de nous en faire sortir. On n’ira pas jusqu’à parler d’un point and click, ce serait amplement exagéré, mais ça en prendrait presque le chemin. On passe beaucoup de temps à bien observer les environnements pour trouver les points d’intérêt. Signalons qu’une option existe afin de les dévoiler. On récupère pas mal d’objets, qui iront se réfugier dans un inventaire assez rapidement bien garni. Les mécaniques de gameplay se basent sur de l’exploration dans des décors fixes (notamment pour trouver des joyaux dont vous comprendrez rapidement l’importance primordiale), des choix cornéliens, et des phases d’enquête liées aux mouvements des personnages. Ce sont ces dernières qui s’avèrent le gros morceau : on observe des itinéraires, ceci en fonction d’une carte des divergences. On reste sciemment évasif, car cette mécanique constitue l’une des belles surprises du soft, tant par son intelligence que sa profondeur.

Ne restait plus qu’à assurer la partie technique. Précisons que Yu-No se base sur le remake de 2017, sorti sur PlayStation Vita. Et que celui-ci reprenait la version Saturn. Cela écarte déjà la question du hentai, puisque les séquences les plus crues se concentraient sur Nec PC 98. Par contre, les versions PlayStation 4 et Nintendo Switch restent censurées. C’est très minime : un filet de lumière sur une zone corporelle, un pointeur trop explicite qui change de forme. Mais, pour nous, c’est déjà trop. Du coup, nous vous conseillons de vous tourner vers le PC (par le biais de Steam), qui propose le jeu sans modifications puritaines. Artistiquement, c’est du haut niveau. Le character design s’avère mémorable, dans un style évidemment très manga. Le résultat manque d’animations, mais la direction artistique reste de l’ordre de l’exemplaire. Quant aux musiques, nombreuses et toutes parfaitement dans le ton, elles sont signées Keishi Yonao pour le remake. La bonne nouvelle, c’est qu’on peut aussi opter pour les thèmes originaux, histoire de bien se rendre compte du chemin parcouru entre les deux versions.

Note : 17/20

Doucement mais sûrement, l’Occident découvre les plus grands hits du visual novel. Et Yu-No en fait partie. On a été stupéfait par la qualité de l’écriture et la richesse de l’univers. Le récit est parsemé de rebondissements importants, et cela ne faiblit pas. Mieux, ça s’emballe encore plus dans un très mémorable dernier quart d’intrigue. aussi, on apprécie que la multitude de personnages secondaires ne soit pas synonyme de sous-traitement de ceux-ci : on s’attache à presque tous. Ajoutons une durée de vie énorme, des phases d’enquête profondes, et une direction artistique exemplaire. Le trip parfait ? Hélas non, car la censure a encore frappé sur consoles. Du coup, le titre perd un point, qu’il récupérera si vous jouez sur PC, puisqu’il n’est pas touché par cette manifestation de puritanisme aigu. Du coup, que vous soyez regardant sur le fait de posséder une version édulcorée ou non, vous en sortirez gagnant…

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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