article coup de coeur

[Test] Zanki Zero Last Beginning : un mélange des genres convaincant

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
  • Développeur : Lancarse, Spike Chunsoft
  • Editeur : Spike Chunsoft
  • Date de sortie : 9 avril 2019
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Spike Chunsoft livre un nouveau jeu d’importance

image jeu zanki zero
La direction artistique est l’une des forces du jeu.

Si l’on vous dit Spike Chunsoft, vous répondez sûrement Danganronpa. Et si c’est le cas, signalons que vous êtes certainement une personne de très bon goût. Mais si, admettez-le. Car connaître, et sans doute avoir parcouru ces Visual Novel signifie beaucoup de choses. Au-delà des grandes qualités de cette licence à la fois délirante et hautement passionnante, c’est le talent du studio qui sautait aux yeux. Ces développeurs japonais excellent autant dans le roman vidéoludique et que dans un tout autre genre : le Dungeon-RPG. Rappelons que le big boss de l’entreprise n’est autre que Koichi Nakamura, génie du code et grand ami de Yuji Horii, pour qui il dirigea les cinq premiers Dragon Quest. Puis, fatigué par ce phénomène hors norme, Nakamura fonda Chunsoft, entité avec laquelle il donna naissance à la série des Mystery Dungeon. Sachez, tout de même, que Spike Chunsoft s’est ici acoquiné avec un autre studio, Lancarse, lequel a bossé sur Shin Megami Tensei : Strange Journey Redux. En d’autres termes : tous les chemins mènent à ce Zanki Zero : Last Beginning.

On peut qualifier Zanki Zero : Last Beginning de mélange de Visual Novel, de Dungeon-RPG et de survie. Et ces trois piliers sont remarquablement solides dans ce soft. Le premier, donc, nous donne beaucoup de matière scénaristique, et ici de bonne qualité. Sans ne rien vous spoiler, sachez que vous débutez votre drôle d’aventure en 2018, dans la peau de Haruto Higurashi, journaliste de 25 ans. Les présentations sont douloureuses, puisque le journaliste se suicide du haut d’une tour. Seulement, au moment de s’écraser, une ellipse intervient, et le voilà réveillé sur la plage d’une île plus qu’étrange. Évidemment remué par les événements, le voilà rejoint par Sachika Hirasaka, fillette dont on ne connaît pas l’âge, affublée de deux extensions pour meubler autant de membres manquants. Elle nous mène jusqu’à un groupe de survivants, lequel va commencer à vous faire comprendre la situation. Celle-ci va exploser aux yeux de tous par le biais d’un poste de télévision diffusant une émission à votre encontre. Les deux hôtes, Sho et le mouton Mirai, dévoilent que le monde est dévasté, et que les huit personnages ici présents sont les derniers. Il va falloir reconstruire, mais en faisant avec quelques… spécificités.

Bavard comme un Visual Novel

image rinko zanki zero
La mort n’est pas une fin…

Zanki Zero : Last Beginning ne peut cacher longtemps son appartenance au genre du Visual Novel. Si vous n’aimez pas lire (tout en anglais, pas de sous-titres français) des kilomètres de textes, vous allez déchanter. Dans le cas où cette optique ne vous gène pas, sachez que le soft est traversé par une ambiance qui manie à la fois l’étrangeté de Danganronpa, mais aussi un trait de caractère qui échappe à la série précédemment citée : le drame à tendance serial. Sans en faire des tonnes non plus, mais sachez que chaque personnage est développé par le prisme de la tare à cacher, avant qu’elle ne soit dévoilée. Là encore, il faut éviter un maximum de spoiler, mais on ne résiste pas à l’envie de vous livrer deux grandes lignes. Un journaliste aux prises avec un directeur de la publication sans scrupules va voir son reportage provoquer une tragédie. Un enfant découvre que son père est en fait son grand père. Des sujets qui, d’ailleurs, sont abordés non sans un côté un peu critique de certains réflexes humains (et pas seulement japonais, c’est à noter), ce qui termine de nous impliquer. Dernière précision, côté narration : chaque protagoniste sera incarné, et a droit à son propre donjon, lequel a évidemment un écho pour mieux situer le vécu du sujet. Une construction qui pourra rappeler cette horde de jeux analytiques, de Persona à The Canigula Effect : Overdose.

Zanki Zero : Last Beginning est un jeu très verbeux, mais cette écriture généreuse trouve un écho dans le gameplay. Même si les premières heures ont tendance à se faire trop écrites, et ce pour des raisons évidentes de contextualisation (donc non, ce n’est pas gratuit), on perçoit de plus en plus distinctement les deux autres piliers : le Dungeon-RPG et la survie. Le premier intervient dès les premières secondes, avec une transition entre le titre et la prise en mains parmi les plus savoureuses qu’on ait pu expérimenter. Déplacement en case par case, carte qui se dévoile au fur et à mesure de l’exploration, les codes les plus formels du genre sont déployés au plus vite. Par la suite, vous vous en doutez, les choses évoluent. Et ce à l’image de l’histoire : avec un certain sens de la surprise. Après avoir constitué votre équipe (et après avoir fabriqué des toilettes, on y reviendra), il est temps de prendre d’assaut le premier donjon. Celui-ci est l’occasion de comprendre différentes mécaniques très originales. En premier lieu, le vieillissement. Sans trop rentrer dans les détails (encore une fois, les spoilers vous gâcheraient le plaisir de la découverte), vos carcasses sont limitées dans le temps : treize jours pour être précis. Dans ce laps de temps, les corps passent par tous les stades d’évolution, de l’enfance au troisième âge, ce qui a un impact direct sur les statistiques d’attaque et de défense. Subtilité : gravir un étage, ou changer de zone, implique d’ajouter des jours au compteur. Et, une fois arrivé en fin de vie, le personnage devra être ressuscité à l’Extend Machine, une sorte de borne d’arcade surréaliste. Mais attention, car redonner vie se mérite : il faut payer l’acte par des points accumulés lors de vos pérégrinations, et plus particulièrement grâce aux combats gagnés.

Quelques mécaniques originales et sympathiques à maitriser

image gameplay zanki zero
Les combats sont très largement perfectibles.

Zanki Zero : Last Beginning cherche, donc, à imprimer un cycle de vie des protagonistes tout à fait original dans un soft du genre, et ce n’est pas terminé. Car ressusciter est aussi une mécanique. Redonner vie à l’un de vos camarades peut s’accompagner d’un bonus appelé Shigabane, qu’on peut traduire pas « résistance contre les causes d’une mort ». Chaque décès est dû à un élément, et celui-ci se débloque suite à son expérience. Que la raison soit la plus naturelle (vieillesse, donc), ou provoquée par un piège, elle signifie aussi la possibilité permanente de s’accorder un bonus de résurrection. Oui, périr est parfois handicapant, surtout qu’il faut alors dispatcher les objets que le personnages détenait, mais on y trouve aussi de l’intérêt. Du coup, on prendra même du temps pour tester quelques échecs, juste pour gagner des bonus comme un jour de vie en plus, ou un gain d’attaque. Les possibilités sont immenses (150 Shibagane, tout de même), et l’on pourra même les coupler avec d’autres effets, cette fois nés du repos. Entre vos excursions, il faudra apprendre à bien utiliser les possibilités grandissantes de Garage Island, lieu qui fait office de hub. Ici, vous pourrez construire quelques bâtiments grâce aux éléments récupérés dans les donjons, comme un dortoir. Pioncer requinque votre énergie, mais sachez qu’il est aussi possible d’aller dans les bras de Morphée en compagnie d’un autre personnage (femme, garçon, sans distinction mais évidemment pas les enfants). Cette « fusion », si vous permettez l’expression, provoque là encore des effets bénéfiques mais, vous vous en doutez, se paie d’un jour de malus. Quand on vous dit que le jeu est bourré de possibilités !

Zanki Zero : Last Beginning est, au-delà de ces originalités, un Dungeon-RPG plus banal dans les différents niveaux qu’on est emmené à traverser. Le cheminement est parfois l’occasion d’énigmes de plus en plus difficiles, qui font parfois appel à certains indices trouvés au sein du décor, et stockés dans une salvatrice base de données. On a même droit à des salles bonus uniquement atteignables pour un enfant, ce qui force à maitriser le principe d’évolution physique. Les combats sont un peu plus problématiques, d’ailleurs il s’agit clairement de ce que le jeu fait le moins bien. Ces joutes ont lieu directement sur le terrain, pas de transition vers une arène pour du tour par tour plus classique d’un RPG japonais. Une fois que l’ennemi vous a localisé, une action de notre part provoque la même chose chez lui, dans la plus pure tradition des Donjons Mystères à la Chocobo’s Mystery Dungeon : Every Buddy. Les règles sont intéressantes : il faut prendre en compte la position de l’adversaire, et celle de vos combattants, pour utiliser au mieux leurs spécificités. Seulement on n’apprécie pas spécialement la mécanique et le rendu des coups. Il faut appuyer sur Carré, ce qui déclenche une attaque obligatoirement générale. Cela imprime un rythme élevé certes, mais on a du mal à maitriser les événements. Aussi, on est en capacité de charger une offensive, en maintenant enfoncé la même touche. Une jauge apparaît alors, avec un segment qu’il faut viser afin de provoquer un Special. Seulement, cela manque cruellement de précision, de sorte qu’on finit presque par se lancer au pifomètre. Et ne comptez par sur les Skills pour améliorer cela, même si ces derniers sont importants dans l’évolution des personnages. Enfin, sachez qu’il est aussi possible de viser une partie du corps du monstre, afin d’en sectionner un morceau à récupérer. Un conseil, ne paniquez pas, surtout contre les boss, car ce tronçonnage est primordial pour certaines créations d’objets. Dommage, donc, que les sensations de lutte ne soient pas plus soignées, même si les fondations sont assez élaborées pour espérer qu’une suite perfectionne tout ça.

La survie n’est pas en reste, sans se faire envahissante

image danganronpa zanki zero
On remarque quelques clin d’œil à une autre licence de Spike Chunsoft…

Enfin, Zanki Zero : Last Beginning c’est aussi de la survie. Ici, il faut préciser que le joueur devra choisir entre plusieurs niveaux de difficulté, que l’on peut modifier à partir d’un certain moment du soft. Le plus facile transforme quasiment le cheminement en jolie petite randonnée inoffensive : on ne croise pas de monstres, sauf les boss. Du coup, cela forme un résultat agréable uniquement pour ceux qui veulent un simple Visual Novel (ou pour les joueurs fainéants qui se plaignent de la difficulté de Sekiro). Si vous voulez réellement vous amuser, ce sont les autres challenges qui doivent retenir votre attention. Outre que les ennemis y sont bien présents, il faut aussi y faire attention à bien manger et s’hydrater, sous peine de perdre de l’énergie. La gestion de ces mécanique est assez simple, même si l’on galère un peu au début. Faites gaffe, car ingurgiter de la nourriture ou boire de l’eau a une incidence sur votre digestion. D’où l’intérêt des toilettes que l’on abordait plus haut. Et, tant que vous n’aurez pas fait évoluer la construction, utiliser des WC sales provoque une hausse de stress. Bon, oui, c’est très pipi-caca, mais cela force aussi à une gestion efficace. Embarquez donc des provisions, utilisez l’option de Cuisine (un peu mise en retrait, mais importante), cependant attention à laisser de la place dans les poches de vos camarades qui ne participent pas au groupe, mais l’accompagne quand même. Leur rôle de soutien est de primordial, ils forment une véritable réserve. Si l’un des personnages combattants est trop lourd, impossible de bouger. Tout cela ajoute, donc , une fine couche de stratégie, mais sans que cela ne devienne trop envahissant : l’équilibre s’avère bon.

Techniquement, Zanki Zero : Last Beginning n’a pas fière allure. Comme souvent dans ce genre de jeu, les dédales sont un enchevêtrement de textures assez pauvres, et c’est bien dommage. Par contre, on est très client de cette direction artistique bien singulière, de ces bouts de ville effondrés dans l’océan, de ce character design (signé Fumiko Nakao) qui rend chaque protagoniste mémorable. Bien entendu, aucun ralentissement à la ronde, on n’en attendait pas moins. Quant à l’aspect purement sonore, c’est une autre satisfaction. Les voix sont proposées en anglais ou en japonais, la première solution n’étant même pas envisageable pour nous. La bande originale est composée par Tomomi Ohashi, que nous découvrons à l’occasion. Pour une première, on a été plutôt impressionné par sa maitrise du mélange entre sonorités old school, et d’autres plus modernes. Le résultat souligne bien les situations, et les donjons gagnent en personnalité grâce à ses thèmes. Signalons que le joueur débloquera la possibilité de gérer sa propre playlist, à partir des morceaux du soft. Pour finir, la durée de vie du titre est dans la moyenne de ce qu’on peut attendre d’un jeu du genre. Si vous allez droit à la fin, vous en aurez pour une grosse trentaine d’heure. La conclusion débloque un New Game Plus qui n’ajoute pas de contenu, mais qui permet de repartir à l’aventure avec tout ce qu’on a débloqué. C’est, évidemment, le meilleur moyen d’atteindre le Trophée de platine, lequel vous demandera bien du courage.

Note : 15/20

Zanki Zero : Last Beginning a bel et bien le potentiel pour devenir une licence importante pour Spike Chunsoft. Du moins on l’espère, car les quelques défauts qu’on y trouve, en premier lieu l’impact des combats, pourront être réglés dans de futures itérations. Le mélange de Visual Novel, de Dungeon-RPG et de survie fonctionne très bien, aucun des piliers n’étant victime d’un déséquilibre par rapport à un autre. Un ensemble de qualité donc, bien accompagné de mécaniques originales, et d’un univers d’ores et déjà mémorable. De quoi pousser les curieux à s’y aventurer, tout en rappelant que tout n’est pas parfait.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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