conférence-débat sur la femme fatale par david lynch le 2 janvier 2025 à lyon par cécile desbrun culturellement vôtre photo lost highway patricia arquette
article coup de coeur

[Test] Code Vein : un Souls-like qui tient la route

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Xbox One
    • PC
  • Développeur : Bandai Namco Studios
  • Editeur : Bandai Namco Entertainment
  • Date de sortie : 27 septembre 2019
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Un résultat meilleur qu’espéré

image test code vein
L’apocalypse a eu lieu…

Plus de deux ans après son annonce, il est enfin temps de mettre la main sur la version finale de Code Vein. S’il ne s’agit pas de la sortie la plus médiatique de la rentrée, du moins en Occident (le jeu fait un bon démarrage au Japon), force est de constater qu’il s’agit d’une des parutions que l’on surveillait le plus. Était-ce dû à son retard d’un an qui, même s’il se sentait venir, nous avait quand même pas mal surpris ?  Non, par contre deux éléments nous mettaient l’eau à la bouche. Tout d’abord, il s’agit d’un Souls-like qui tente de sortir des sentiers battus. Écrivons-le ici : on apprécie énormément le genre, né des génies de FromSoftware, mais ses codes stricts commencent à trop se répéter à notre goût. Aussi, retrouver au développement le studio Shift (sous la bannière de Bandai Namco Studios), dont on a apprécié le travail sur God Eater Resurrection, c’est une situation agréable. On émettait, donc, des espoirs. Et on avait raison, au moins en partie.

Ce qui porte le plus atteinte à Code Vein, c’est sa propension  à avoir le fondement entre deux chaises. On sent bien que Shift a envie d’envoyer valser les codes du Souls-like, alors pourquoi montrer tant de déférence ? Le premier élément annonciateur d’une personnalité plus intéressante que celle d’un simple clone, c’est le scénario. Là où un Dark-Souls fait dans le minimalisme le plus adroit (et très écrit, paradoxalement), le jeu édité par Bandai Namco développe un univers détaillé. On fait face à un récit post-apocalyptique assez classique dans la forme : la civilisation a chuté en même temps que les immeubles, et l’humanité tente de survivre dans un contexte sombre au possible. C’est dans ce chaos général que notre avatar revient au monde, corps ramené à la vie par un parasite, après une opération aux effets secondaires aussi effrayants qu’utiles : le personnage est assoiffé de sang, amnésique, mais peut maitriser des pouvoirs surhumains. Idéal pour sauver le monde. La narration se fait assez présente, par le biais de cutscenes mais aussi de dialogues avec les survivants du camp, et c’est une bonne surprise. Tout cet effort pour nous raconter une histoire, et même réserver quelques moments dramatiques (les phases de souvenirs, touchantes), fait qu’on a un autre rapport avec ce que notre parcours réserve.

Pour vivre l’histoire de Code Vein, il faudra au préalable créer un personnage. Cette personnalisation est purement cosmétique, mais signalons ici qu’elle laisse un choix très vaste. Tout est paramétrable, du sexe au reflet sur les iris, et le rendu sonne bien manga. Après cette phase agréable, il est temps de se frotter aux mécaniques. Ici, le résultat se fait plus lambda, pour un Souls-like, même si l’on remarque quelques spécificités. Tout d’abord, le feeling s’avère très typique du genre. On a une jauge de stamina, chaque coup reçu est un drame tant la barre de vie se réduit à vue d’œil. Pour combattre, on reste là aussi sur un socle bien installé. On verrouille le vilain puis c’est parti : coup faible mais rapide, assaut fort mais lent, compétences à déclencher en maintenant la gâchette R2, esquive, parade. Vient s’ajouter un drainage afin de s’ajouter de l’Ichor, cette unité que limitée l’on doit dépenser pour utiliser une compétence (que le jeu appelle Don). Le sacro-saint principe de la monnaie (ici nommée Nuée) qui peut être perdue en cas d’échec, puis récupérée en retrouvant l’endroit de la mort est de la partie. Tout comme le repos en lieu sûr (à la pousse d’une plante, pour être précis), qui permet entre autre de monter de niveau, d’acquérir des dons, ou de se téléporter. Le tout en ayant fait la recharge en médikits, mais aussi en ennemis, lesquels réapparaissent pendant cette relâche. On le voit, le squelette du gameplay ne cherche pas à réinventer la roue. On le regrette un peu, même si le résultat l’on oublie bien vite cette sensation de déjà-joué.

Les codes sanguins relèvent drastiquement la recette de Code Vein. Votre avatar est une sorte d’Élu, car il peut maitriser toutes les classes existantes. Comme dans certains RPG, il va falloir choisir : Combattant, Mage, Enragé, chacun a une incidence drastique sur les statistiques du personnage, mais aussi sur son attirail et les compétences. Au total, c’est une trentaine de classes que vous pourrez découvrir, et bien entendu il faudra fouiller les niveaux pour trouver les plus rares (on ne les a pas toutes rassemblé à l’heure d’écrire ce test, même en débutant un new game +). Un choix assez impressionnant, surtout que cela s’accompagne d’une mécanique d’apprentissage qui vous poussera à toutes les essayer. En effet, et un peu à l’image d’un Secret Of Mana, vous pourrez apprendre les compétences en combattant sous le prisme d’une classe. Par exemple, vous trouvez que Combattant vous va comme un gant, mais vous auriez appréciez que le pouvoir de savoir s’il reste des objets dans les parages vous serait utile ? Apprenez-le, et vous pourrez l’ajouter à l’emplacement d’un Don. Bien entendu, vos statistiques se chargeront d’imposer des limites, mais les possibilités sont énormes.

Grosse emphase sur le scénario et l’exploration

image gameplay code vein
Les boss représentent des pics de difficulté.

Vous l’avez deviné, défourailler les niveaux se fait grâce à des armes. Là encore, Code Vein fait dans la prudence. Cinq types s’offrent à vous : lame à une main, à deux mains (comme l’Espadon, par exemple), marteau, hast et baïonnette. Aussi, hors de question de se balader dans ces endroits lugubres sans une protection, ici appelée Voile de sang, lequel embarque ses propres caractéristiques. Tout cela est voué à être amélioré au camp, grâce à des composants récupérés lors des escapades. Quant à l’exploration, elle est sans doute l’un des plus forts atout du soft. Certes, le level design manque parfois de profondeur, d’endroits secrets (même si ça se développe beaucoup dans la seconde partie du cheminement). Mais globalement il se fait cohérent, joue avec la verticalité quand il le faut. Survivre est déjà un objectif, mais il est aussi question de récupérer des enregistrements audios, des objets de l’ancien monde (à échanger intelligemment avec des PNJ, afin d’augmenter votre lien d’amitié et vous faire offrir des cadeaux) ou des cartes. Celles-ci vous donneront accès aux profondeurs de la villes, pour des donjons bien plus difficiles, mais généreux en Nuée et en armes. Le challenge, justement, se fait bien équilibré. Non, ce n’est pas (l’excellent) Sekiro : on a l’impression d’avancer en permanence et, outre quelques boss qui représentent de véritables pics d’intensité, on pourra atteindre la fin sans avoir trop rager. Bon, par contre ne vus méprenez pas, cous verrez l’écran de game over, et pas qu’un peu. C’est une aventure corsée mais raisonnable qui vous attend, et la durée de vie se situe sur une vingtaine d’heure pour terminer l’histoire, le double si vous voulez pousser le soft dans ses derniers retranchements grâce au new game +.

Code Vein se démarque de ses références par son scénario et son exploration plus poussée, mais aussi grâce à la présence d’un allié à nos côtés. Oui, vous pourrez jouer à l’intégralité de l’aventure en coopération. Il suffit d’envoyer un signal de détresse, un pour chaque zone, et un joueur (dont le niveau est mis en cohérence avec l’hôte) vous rejoindra. Si vous jouez en solitaire, l’allié est un PNJ du camp, que vous aurez préalablement choisi. Et cette présence fait toute la différence : cela assure des répliques pouvant donner quelques indices, mais aussi plus poids dans les batailles. Quand l’un attaque, l’autre récupère, et bien gérée cette association fait des ravages. L’allié a sa propre barre de vie, et il est possible de le soigner en sacrifiant un peu de votre énergie, par le biais d’un Don. Cela renforce la sensation de prise de risque, tout en arrangeant un ensemble plus abordable que les jeux de FromSoftware. D’ailleurs, si vous faites partie de celles et ceux qui peuvent être effrayé par ce qu’un Bloodborne vous propose, commencez par Code Vein, c’est une bonne porte d’entrée vers le Souls-like.

Techniquement, Code Vein est inégal. On ne peut pas écrire que les textures soient des plus précises et, surtout, on remarque que certaines de celles-ci mettent du temps à charger. On a aussi croisé des ennemis à la démarche étrangement hachée, quand ils sont très éloignés. C’est certainement un choix des développeur afin d’assurer d’une fluidité à toute épreuve. Par contre, signalons que les animations raides, que ce soit des ennemis ou de l’avatar, font que les sensations d’attaque manquent d’impact : on a parfois un peu l’impression de taper dans le vide. Plus positif, la direction artistique nous a enchanté. Si vous avez joué à God Eater Resurrection, vous remarquerez de suite des points communs assez évidents, notamment dans les structures pointues qui ont détruit l’ancien monde. C’est normal, puisque les deux jeux partagent le même directeur artistique : le doué Kurumi Kobayashi. C’est dingue ce que des immeubles écroulés, symbolisant évidemment la chute de l’humanité, peuvent créer une atmosphère lourde de sens. On apprécie aussi cette volonté de ne pas trop en faire dans l’animation des décors : un monde post-apocalyptique ce n’est pas Disney Land. Les personnages, signés Yuta Yamamoto (un antre transfuge de God Eater) ne sont pas en reste. Si les éternels puritains, en recrudescence dans certains médias, signaleront que certaines filles ont une poitrine (quelle audace, quel cliché, hum), on ne peut que se réjouir de cet effet manga qui différencie le résultat purement visuel des autres Souls-like. Et avec charme, voilà qui ne peut que nous satisfaire.

Terminons par quelques mots concernant l’une des belles surprises de Code Vein : son ambiance sonore. Avouons-le, nous ne savions pas que Go Shiina était associé à ce titre. Sinon, on aurait été préparé à la merveilleuse déflagration auditive qui baigne l’écran-titre. La bande originale se révèle épique au possible, avec des morceaux qui utilisent des chœurs grandiloquents juste ce qu’il faut. Aussi, on souligne l’intelligence de gestion : on est souvent baigné dans un silence pesant, avant d’en être extirpé subitement. Comme pour mieux souligner le danger qui s’abat sur notre avatar. Quant aux voix, vous aurez le choix entre le doublage américain et l’original. Entre nous, ce serait un blasphème que d’opter pour autre chose que le japonais. Le mixage, lui, a ses petits déboires. On pensera au juke box du camp, qui est entendu s’il reste dans le champ de vision, et non de manière dynamique. Mais cela reste un détail. Sachez, enfin, que l’intégralité du jeu est sous-titrée en français, et le niveau de traduction s’avère nickel.

Note : 15/20

Après un report d’un an, on n’attendait pas Code Vein à ce niveau de qualité. Certes, on émet quelques regrets, comme un manque de punch dans les impacts, ou une déférence trop grande au genre Souls-like. Pourtant, c’est un bon sentiment qui l’emporte en fin d’expérience, avec ce système de Code sanguin très permissif, voire jouissif à haut niveau, une difficulté bien équilibrée, une exploration qui sait récompenser les curieux. Techniquement, ce n’est pas le haut du panier mais la direction artistique se charge de rattraper le coup, et de quelle façon ! On est encore sous le charme de ces environnements délabrés, de cette ambiance pesante, de ces personnages typés manga. Aussi, la musique de Go Shiina est la la hauteur de son talent, c’est à dire immense. Voilà qui nous pousse à conseiller ce titre aux joueurs désirants une porte d’entrée vers le Souls-like, mais aussi à ceux qui commencent à trouver que le genre commence à trop se répéter.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

Et maintenant, on fait quoi ?

L'équipe de Culturellement Vôtre vous remercie pour vos visites toujours plus nombreuses, votre lecture attentive, vos encouragements, vos commentaires (en hausses) et vos remarques toujours bienvenues. Si vous aimez le site, vous pouvez nous suivre et contribuer : Culturellement Vôtre serait resté un simple blog personnel sans vous ! Alors, pourquoi en rester là ?

+1 On partage, on commente

Et pour les commentaires, c'est en bas que ça se passe !

+2 On lit d'autres articles

Vous pouvez lire aussi d'autres articles de .

+3 On rejoint la communauté

Vous pouvez suivre Culturellement Vôtre sur Facebook et Twitter (on n'a pas payé 8 euros par mois pour être certifiés, mais c'est bien nous).

+4 On contribue en faisant un don, ou par son talent

Culturellement Vôtre existe grâce à vos lectures et à l'investissement des membres de l'association à but non lucratif loi 1901 qui porte ce projet. Faites un don sur Tipeee pour que continue l'aventure d'un site culturel gratuit de qualité. Vous pouvez aussi proposer des articles ou contribuer au développement du site par d'autres talents.

S’abonner
Notification pour

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Le plus ancien
Le plus récent Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x