Un concert grandiose
Qui aurait pu parier, en 2007, sur un tel succès ? C’est pour les vingt ans de la sortie du tout premier Final Fantasy qu’a été lancée la tournée Distant Word : Music From Final Fantasy. Plus de dix ans après la première date, le public répond toujours présent à l’appel, notamment ici, à Lyon. Les raisons sont nombreuses. Bien entendu, la première reste la qualité des compositions qui habitent les jeux, qu’elles soient signées par Nobuo Uematsu, Hitoshi Sakimoto, Masashi Hamauzu ou Yoko Shimomura. Et le culte autour de qui est l’une des deux licences reines de Square Enix, n’est évidemment pas étranger à cet engouement.
Distant World : Music From Final Fantasy a posé ses bagages à l’Amphitéâtre de Lyon, et n’est pas venu les instruments vides. Outre le compositeur Masashi Hamauzu, très applaudi, on a pu compter sur la présence exceptionnelle de RIKKI. Là, les fans de la licence peuvent comprendre à quel point l’émotion était grande : la chanteuse est la voix de ce qui est, pour nous, la plus belle chanson de la licence, Suteki da ne. Bien entendu, le morceau a été sélectionné dans le programme, et fut le moment le plus émouvant de cette soirée.
Final Fantasy 7 à l’honneur, le Remake en ligne de mire
Faisons une entorse à l’analyse chronologique de la set list, pour aborder de suite ce qui fut sur toutes les lèvres dans la file d’attente précédant le concert. La seconde partie de ce Distant World : Music World était consacré au monument Final fantasy 7. Et ce n’est certainement pas un hasard, à quelques mois de la sortie de Final Fantasy 7 Remake (prévue pour le 3 mars 2020, sur PlayStation 4). Les paris allaient bon train sur l’identité des morceaux choisis, ce qui rappelle immédiatement la grande richesse de l’œuvre de Nobuo Uematsu. C’est, d’ailleurs, l’un des éléments qui nous rend particulièrement curieux : la manière dont sera abordée l’OST dans le remake. Ce qu’on peut déjà affirmer, c’est que la technologie actuelle, qui permet des orchestrations de haut niveau, s’accordera avec la vision de l’artiste.
C’est ce qui nous a sauté aux oreilles pendant le concert : Nobuo Uematsu, s’il fut brimé par les possibilités de la première PlayStation, a tout de même composé en pensant en termes orchestraux. On s’en est particulièrement rendu compte en se laissant bercer par le toujours aussi représentatif Aerith’s Theme (impossible de ne pas se remémorer la fameuse scène, qu’on ne spoilera pas ici, sait-on jamais). La sélection était assez intelligente, avec tous les grands classiques attendus. Bien entendu, le thème principal ou One Winged Angel étaient de la partie, mais aussi des choix plus courageux. Par exemple, entendre Cinco de Chocobo n’était pas spécialement dans les fortes attentes. Et pourtant, le rythme jazzy du morceau, qui ressortait parfaitement grâce à l’orchestre, a assuré l’un des moments les plus appréciés du concert. C’est aussi ça Final Fantasy 7 : un jeu si imposant dans toutes ses composantes qu’on ne cesse de le redécouvrir…
Masashi Hamauzu et RIKKI en invités exceptionnels
Distant World : Music From Final Fantasy était aussi l’occasion de rendre hommage à un autre compositeur, Masashi Hamauzu, présent à Lyon. Autant vous le confier ici : votre dévoué serviteur n’est pas fan de Final Fantasy 13. Du tout. Ses mécaniques de combats étaient excellentes, par contre on peste encore contre le manque d’ampleur dans le level design, son character design qui confine à la faute de goût, et sa sur-écriture barbante. Par contre, sa bande originale reste l’une des plus intéressantes de la licence, voire même courageuse. son thème principal (The Promise), qui figurait à la set list, en est un exemple probant, avec sa mélancolie très surprenante bien soulignée par l’utilisation des violons. L’autre gros morceau de bravoure de cette première partie n’était autre que Suteki da ne, chantée par l’impressionnante RIKKI. Quel présence ! Si la chanson emblématique de Final Fantasy 10, composée par Nobuo Uematsu reste ce sensationnel bulldozer émotionnel que l’on connaît, il fallait ajouter la prestation de la chanteuse japonaise, toute en douceur. De bien agréables minutes.
FF 15, FF 9, FF 8, FF 14, ils étaient tous représentés. Comme vous l’aurez remarqué, Distant World : Music From Final Fantasy s’est attardé sur les épisodes sortis en Occident. Pas de Terra’s Theme ni de Dancing Mad, ce qui fut l’une de nos deux seules retenues, avec l’absence de FF 12. Bien entendu, on comprend l’intention, l’adaptation à nous autre occidentaux. Terminons par l’emballage de ce concert événement. Comme toujours avec les Distant World, on avait droit à un écran géant diffusant des images des jeux abordés. Des extraits d’époque, avec ce qu’il faut de textures à l’ancienne, mais aussi quelques extraits des trailers de Final Fantasy 7 Remake, accueillis avec un fort entrain par la salle. Quant au chef-d’orchestre, l’indéboulonnable Arnie Roth, il fut comme toujours à la hauteur. Notamment en faisant participer le public pendant One Winged Angel : faisant hurler « Sephiroth » par les fans déchainés. Si vous cherchiez une preuve du caractère fédérateur de Final Fantasy, et du septième opus, celle-ci était mémorable…