Caractéristiques
- Titre : J'accuse
- Réalisateur(s) : Roman Polanski
- Avec : Jean Dujardin, Louis Garrel, Emmanuelle Seigner, Mathieu Amalric, Melvil Poupaud, Vincent Perez et Denis Podalydès.
- Distributeur : Gaumont Distribution
- Genre : Drame, Historique, Thriller
- Pays : Royaume-Uni, Pologne, France
- Durée : 132 minutes
- Date de sortie : 13 novembre 2019
- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Une bonne reconstitution historique
Nouveau long-métrage de Roman Polanski (Le Pianiste, The Ghost Writer, Vénus à la Fourrure), J’Accuse s’attaque à un des plus gros scandales français de la fin du XIXe siècle, à savoir l’affaire Dreyfus. Une oeuvre historique donc, genre dans lequel le réalisateur a excellé avec Le Pianiste. Pendant les 12 années qu’elle dura, l’Affaire Dreyfus déchira la France, provoquant un véritable séisme dans le monde entier. Dans cet immense scandale se mêlent erreur judiciaire, déni de justice et antisémitisme. L’affaire est racontée du point de vue du Colonel Picquart qui, une fois nommé à la tête du contre-espionnage, va découvrir que les preuves contre le Capitaine Alfred Dreyfus avaient été fabriquées. A partir de cet instant, et au péril de sa carrière puis de sa vie, il n’aura de cesse d’identifier les vrais coupables et de réhabiliter Alfred Dreyfus.
Le scénario, co-écrit par Roman Polanski et Robert Harris, est tiré du roman D. de ce dernier, paru en 2013. Il prend comme personnage principal le Colonel Picquart, un militaire qui avait participé à l’enquête sur Dreyfus et se retrouve à la tête du contre-espionnage. En découvrant que Dreyfus n’est pas le vrai coupable, il va tout faire pour l’innocenter. La première bonne idée de cette histoire est donc de peu montrer Dreyfus. Au lieu de suivre sa déchéance et sa réhabilitation, nous avons là un autre point de vue, qui permet surtout de voir la contre-enquête qui a suivi, voire comment l’armée a voulu cacher son erreur et mis en danger des vies pour ça. On a donc une première partie d’enquête, et une seconde plus orientée thriller.
Il faut admettre que ce changement de genre au milieu du film n’est pas un problème et est même très bien amené. La première partie d’enquête est bien menée et surtout, elle nous permet de nous familiariser avec le fonctionnement de l’armée et ceux qui l’a composent, ce qui est un avantage pour la seconde partie, dans laquelle on voit les machinations des Généraux pour éviter le pire. Le tout étant justement dosé, sans trop être explicatif.
C’est aussi facilité du fait que nous suivons le point de vue de Picquart durant toute cette affaire. Enfin, il est aussi bien montré l’époque dans laquelle on évolue. Durant cette période, l’antisémitisme était déjà présent en France. Celui-ci montera jusqu’aux événements que nous connaissons. Un scénario passionnant et équilibré.
Une réalisation en dents de scie et un casting inégal
Si l’on peut louer un scénario sans faiblesses, il n’en est pas de même en ce qui concerne la réalisation. Si Roman Polanski a quelques bonnes idées de mise en scène, comme, par exemple, la scène d’ouverture du film, certaines séquences ne sont pas au niveau de ce que le réalisateur peut accomplir. L’exemple le plus flagrant étant les transitions de certaines scènes, qui peuvent intéressantes par des fondus et d’autres coupées trop brutalement. Une réalisation générale moyenne, donc.
On notera tout de même une très belle lumière naturelle de Pawel Edelman (déjà directeur de la photo sur Le Pianiste) et la composition musicale intéressante d’Alexandre Desplat. Musique qui est très peu présente dans le long-métrage, laissant surtout place aux dialogues pour rendre le tout réaliste. Nous avons déjà parlé du montage qui est également en dents de scie. Il faut tout de même admettre que le film ne souffre d’aucune baisse de rythme. Alors oui, celui-ci est lent, mais l’ennui ne se fait jamais sentir. Enfin, il faut noter le superbe travail de reconstitution qui a été fait pour le film. Que ce soit pour les costumes ou les décors, tout est fait pour nous plonger dans la fin du 19ème siècle.
Concernant le casting, c’est aussi assez inégal. Jean Dujardin (Le Daim) porte parfaitement le film sur ses épaules même si sa prestation est moins bonne dans quelques scènes. Louis Garrel est bluffant dans le rôle d’Alfred Dreyfus, malgré une présence limitée à l’écran. Mathieu Amalric (Le Grand Bain), Melvil Poupaud, Vincent Perez et Denis Podalydès offrent des prestations solides. Mais le gros point noir de ce casting est Emmanuelle Seigner, la femme du réalisateur, qui nous prouve encore une fois par sa performance catastrophique qu’elle devrait arrêter de faire du cinéma.
Au final, J’Accuse est un drame et un thriller historique prenant qui montre l’un des plus grands scandales français de manière saisissante. Imparfait, mais indispensable.