[Test] Romancing SaGa 3 : un classique du JRPG à découvrir d’urgence

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Xbox One
    • Nintendo Switch
    • Playstation Vita
    • iOS
    • Android
  • Développeur : Square Enix
  • Editeur : Square Enix
  • Date de sortie : 11 novembre 2019
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 8/10

Romancing SaGa 3, un J-RPG de haute volée

image test romancing saga 3
Romancing SaGa 3 séduira les amateurs de beaux pixels.

Ah, Romancing SaGa ! Si vous êtes trentenaires, et passionnés par le jeu vidéo, alors vous avez sûrement bavé en lisant, dans nos magazines d’antan, les articles qui abordaient cette série. Nous, pauvres occidentaux (snif), devions nous contenter de l’excellent Secret Of Mana, ou d’un Mystic Quest traduit à la truelle. Et gare à celui qui, à la récrée, osait dire que The Legend Of Zelda était un jeu de rôle ! Pendant ce temps, au Japon, c’était la fête du slip J-RPG, et Square en était l’un des principaux (en tout cas le plus fameux) maitres de cérémonie. Final Fantasy était bien entend leur fer de lance mais, juste derrière, Romancing SaGa tenait la baraque, notamment en terme de ventes. Le troisième épisode, que l’on aborde dans ce test, s’est tout de même écoulé à plus d’un million d’exemplaires, et ce seulement sur l’Archipel. Un succès mérité, et ce remaster ne fait que solidifier ce fait.

Replaçons un peu le contexte historique qui entoure la sortie Romancing SaGa 3, en 1995. On est au coeur de l’âge d’or du RPG japonais, qui coïncide d’ailleurs avec le règne de la Super Nintendo (la Mega Drive était aussi gâtée, ne vous inquiétez pas pour elle). Ce troisième épisode, resté dans les mémoires pour toutes les raisons que l’on abordera plus bas, est en fait le sixième de la série, débutée en 1989 sur Game Boy. Petit à petit, des codes bien précis ont su apporter une véritable identité à la licence SaGa : plus de liberté que dans la plupart des J-RPG de l’époque, les personnages jouables s’y multiplient, avec des destins qui leurs sont propres ou, comme c’est le cas pour cet épisode, un point de vue apportant des précisions sur un récit central. Enfin, et peut-être le plus important tant cela prenait les joueurs à contre-pied, le niveau de difficulté est très élevé. Voilà, là on tient le socle de SaGa.

Romancing SaGa 3 nous conte une histoire assez classique dans l’esprit, mais agréablement prenante. Il y est question d’une éclipse récalcitrante qui, à chaque fois qu’elle a lieu, provoque la mort de tous les nouveaux-nés. Tous sauf un, et cet élu aura un rôle historique à jouer : il devient un roi aimé de tous, ou un démon capable d’entrainer le monde dans une bien sombre période. Vous l’avez deviné, le jeu débute alors qu’une nouvelle éclipse est sur le point de s’abattre sur le monde, et toute la population se pose la question : le prochain élu apportera-t-il la paix, ou les ténèbres ? C’est dans ce contexte que le joueur va devoir choisir l’un des huit avatars proposés, et vivre une aventure qui redouble d’ingéniosité. On aime particulièrement la gestion de cette toile de fond, laquelle est doublée par un autre conflit, celui qui nous oppose à un odieux complot mené par Godwin (non, pas le point). Les deux éléments, cosmiques et plus terre-à-terre, s’entrecroisent idéalement, et forment un univers d’une richesse étonnante pour ce qui est, rappelons-le, un soft de 1995. Seul regret : les sous-titres sont uniquement disponibles en anglais, et l’on conseille de maitriser un niveau au moins intermédiaire (ou de s’armer d’un bon traducteur).

Romancing SaGa 3 vous fait donc choisir entre huit avatars (quatre filles, autant de garçons : pas de jaloux), mais pas de simples copies. En effet, chacun a droit à sa propre destinée, un fait d’ailleurs très marqué dans les premiers instants du cheminement. Cela ne vous rappelle rien ? Mais si : Seiken Densetsu 3 (ou Trials Of Mana, de son titre occidental). Sachez que ce dernier est sorti quelques petites semaines avant Romancing SaGa 3, mais cela n’a pas dû avoir grand impact dans le développement de ces deux hits : le beaucoup trop ardu Romancing SaGa 2 utilisait déjà cette forme d’écriture. Le concept apporte évidemment énormément à la rejouabilité, surtout que certains personnages, comme Mikhail Ausbach von Roanne, proposent une véritable différence de ton. Ce choix est important, et celui qui suit l’est tout autant : un job (parmi cinq), une spécialisation qui aura, cette fois-ci, une incidence sur les statistiques et l’évolution de l’avatar.

Des prises de risque agréablement étonnantes

image square romancing saga 3
Les combats figurent parmi les très bons points de Romancing SaGa 3.

Romancing SaGa 3 est l’exemple typique de ces RPG japonais qui jouent intelligemment avec les codes du genre. Oui, on retrouve le sacro-saint tour-par-tour, un peu chahuté de nos jours par des gamers trop bercés à la rapidité de notre société, et qui ne peuvent pus supporter un système de combat faisant place à une certaine forme de lenteur. Donc un peu de classicisme mais, très vite, on fait face à de véritables originalités. Celle qui nous a le plus marqué, c’est sans aucun doute la méthode d’apprentissage des techniques. Elles se déclarent à nous aléatoirement, en plein combat, après utilisation d’une arme en attaque. Pour les maitriser, et ainsi pouvoir les faire apprendre aux personnages qui constituent l’équipe, il faut les déclencher un certain nombre de fois. Voilà qui nous pousse à la bataille. Celle-ci fait aussi valoir une certaine dose de tactique : le placement des combattants s’avère d’une grande importance. On ne peut que vous conseiller de positionner votre héros en retrait, afin qu’il devienne Commander et puisse lancer des offensives surpuissantes. Enfin, sachez aussi que votre jauge de HP est rechargée à chaque fin de joute, mais pas celle de Life Points. Dans le cas où l’un des membre du groupe voit ses HP réduits à néant, il tombe dans le coma, et chaque coup infligé à partir de cet instant lui démolit ses LP. Si ceux-ci arrivent à leur terme, c’est la mort et il faudra attendre pour pouvoir le recruter à nouveau.

Romancing SaGa 3 peut, à quelques occasions, impressionner par sa notion de liberté, assez jusqu’au-boutiste pour un J-RPG. On manque parfois d’informations à propos de la quête en cours, et il n’est pas rare de tourner en rond afin de trouver la prochaine étape du scénario. Mais en s’accrochant et, surtout, en faisant preuve de déduction, on parvient tout de même à se diriger. Voilà qui ne peut que souligner nos propres lacunes, elles-mêmes dues à la simplification du jeu vidéo, en cours depuis quelques années maintenant. Non, vous n’aurez pas droit à un radar, et encore moins à des indications fléchées qui, avouons-le, font de nous des assistés vidéoludiques. Alors la discussion avec les PNJ se révèle d’une importance capitale, et l’on vous conseille de ne pas hésiter à noter certains indices. On ne vous cache pas qu’on a parfois été à la limite du rage quit, mais au bout du compte on en restient surtout les bienfaits : c’est en passant du temps à chercher que l’on savoure d’autant plus la trouvaille…

Cette ressortie de Romancing SaGa 3 est l’occasion d’un remaster, respectueux dans l’esprit mais qui n’hésite pas aussi à nous livrer une bonne surprise. Il s’agit d’un nouveau donjon, appelé Phantom Maze. Petit indice pour le dénicher : Ryblov et Pidona sont dans la place. Cet endroit est d’ailleurs l’occasion d’une nouvelle cutscene, boss etc. Bref, ce n’est pas qu’un petit ajout, et cela joue un rôle dans la solide duréede vie du titre. Comptez une grosse quarantaine d’heures pour en voir la plupart du contenu. Techniquement, Square Enix a opté pour une mise à niveau de celle d’antan. Et c’est une bonne chose : en 1995, le pixel est à son apogée, et cela se répercute dans les décors et le character design. Le rendu se veut aussi un peu plus coloré, mais sans trahir le travail original. Un bienfait que l’on doit à Akitoshi Kawazu (aussi Executive Producer sur The Last Remnant), l’auteur du jeu original qui a supervisé cette nouvelle édition. Aussi, le compositeur d’origine, le trop rare Kenji Ito, revient pour dépoussiérer ses thèmes. Et, là encore, c’est une réussite.

Note : 16/20

Romancing SaGa 3 est l’exemple typique de ces RPG japonais de belle qualité qui se bousculaient chez Square dans les années 1990. Ce remaster fait le choix de la fidélité : la technique est certes retouchée afin de ne pas nous bruler nos rétines de 2019, mais on reste dans du pixel très maitrisé. Aussi, on souligne l’ajout d’un nouveau donjon, pas simple mais récompensant. Cependant, cette expérience vaut surtout pour le jusqu’au-boutisme de son game design, entre liberté de mouvement, combats étonnants et de multiples façons de vivre le scénario. Oui, on pourra parfois se sentir un peu perdu, mais on ne peut que vous conseiller de vous accrocher, du moins si le J-RPG est l’un de vos genres préférés : ce jeu en est l’un des plus dignes représentant, historiquement parlant.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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