Caractéristiques
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Test effectué sur :
- PlayStation 4
- Xbox One
- Nintendo Switch
- PC
- Développeur : Airship Syndicate
- Editeur : THQ Nordic
- Date de sortie : 14 février 2020
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- Note : 7/10 par 1 critique
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Existe aussi sur :
Darksiders Genesis remet la licence sur de bons rails
Alors que le jeu d’aventure connaissait des moments difficiles en 2010, les éditeurs préféraient s’engouffrer dans le FPS ou le TPS, Darksiders a su créer la surprise. Avec son univers bien plus sombre que celui d’un The Legend of Zelda, auquel il faisait fatalement penser, ce nouveau venu s’imposait comme l’un des meilleurs titres de cette année (et même de la précédente génération, à notre humble avis). On pouvait se réjouir : THQ tenait enfin une licence salvatrice, un second épisode paru en 2012, c’était bon signe. Puis patatras : l’éditeur fit faillite et le studio Vigil Games ne put être repris. Heureusement, la licence a, elle, été revendue à Nordic (devenu THQ Nordic entre temps, quelle histoire…). Et les développeurs se sont recasés. C’est ainsi que le pas très bon Darksiders 3 nous est parvenu en 2018. Trois jeux donc, pour quatre Cavaliers de l’Apocalypse. Il fallait donc un quatrième opus et, si rien ne nous dit qu’il n’y aura pas, plus tard, un nouvel épisode canonique, le spin off Darksiders Genesis fait le boulot de manière étonnante.
Si vous connaissez la licence Darksiders, vous savez à quel point l’histoire, l’ambiance qui s’en dégage, est importante. Ici, comme annoncé plus haut, l’action se déroule quelques temps avant les événements du premier épisode, mais tout de même après la purge des Nephilim qui peuplaient Éden. Discorde et Guerre, deux des responsables de ce carnage, les quatre Cavaliers de l’Apocalypse, vont se voir confier une nouvelle mission par le Conseil : s’occuper du cas de Lucifer, le maître des Enfers en personne, qui est entrain d’agir sur l’équilibre des forces du Bien et du Mal. C’est toujours avec plaisir que l’on suit le scénario, même si celui-ci se révèle un peu plus léger que celui des opus canoniques. On ne sent jamais que cela devient un prétexte pour le gameplay, mais on aurait voulu encore un peu plus de matière à propos du grand méchant, qui manque un peu de mise en valeur. Ou du rab’ de cinématiques en BD, comme celle d’ouverture, très réussie. Du reste, ça fonctionne bien et, surtout, cela donne même du relief aux événements qui se dérouleront plus tard. Signalons ici que les textes sont entièrement traduits dans un français soigné, en dehors d’une poignée de coquilles. Plus énervant, certains s’affichent en retard, surtout pendant les cinématiques…
Darksiders Genesis était surtout attendu pour le tournant qu’il représente, côté prise en mains. En effet, quelle surprise, lors de la divulgation des premières bandes annonces, que de découvrir que ce spin-off serait un soft en vue top down. D’ailleurs, cet angle de caméra a longtemps été un frein à la bonne compréhension du concept porté par Airship Syndicate (formé par un grand nombre d’anciens de chez Vigil Games, comme on se retrouve). Beaucoup parlait d’un Diablo-like, et ce n’est finalement pas le cas. On est plutôt face à la retranscription des mécaniques du premier opus de la licence, dans une représentation qui prend de la hauteur. Certes, on peut compter sur de la nouveauté, on y viendra plus bas, mais on retrouve les fondamentaux : les enchainements, les différentes orbes qui provoquent une petite saveur RPG, les chevaux sur lesquels on peut aussi combattre, les nombreuses phases d’énigme : on se sent comme dans un cocon, et certaines sensations reviennent à la surface avec joie.
Toujours aussi finement équilibré entre l’action et l’exploration
Darksiders Genesis apporte évidemment de nouvelles cordes à l’arc de la licence. Tout d’abord, il va falloir penser duo. Guerre et Discorde sont au centre du gameplay, et l’on peut switcher habilement entre les deux. Ou avoir recours au second quand le premier mord temporairement la poussière, c’est selon. Ces deux personnages traduisent parfaitement la vision d’Airship Syndicate : ne pas oublier les fondamentaux, mais apporter des nouveautés. Les premiers reviennent à Guerre, qui tabasse toujours avec autant de rage que dans le premier opus canonique. Discorde, lui, est armé de deux flingues et s’avère globalement plus fin donc agile. Voilà qui distille, dans la recette, un bouillon de Twin stick shooter conséquent, et bien goûtu. C’est du classique : on vise avec le stick droit, on tire avec la gâchette R2. Mais d’autre mécaniques s’y ajoutent, comme les balles limités mais aux effets dévastateurs, ou encore le passage en mode furie, lequel permet de tirer encore plus rapidement. Par contre attention, car Discorde se fait bien moins puissant et résistant que Guerre. Tout cela fait que l’on se doit de bien penser aux forces et faiblesses des piliers de ce duo, et l’adaptation aux situations se fait primordiale. Clairement, les combats sont l’une des grandes forces de ce jeu, pour cette raison.
Darksiders Genesis ne renie absolument pas, pour autant, son aspect aventure. Celle-ci se divise en missions assez courtes, à enchainer afin d’aller botter le cul de Lucifer. Une place est laissée à l’exploration, mais surtout à la rejouabilité des missions. C’est ici que la différence se fait, côté durée de vie, car si vous y accrochez alors vous reviendrez sur chacun des niveaux (lesquels sont agencés autour d’un hub, ce qui fera même penser à du proto-Donjon-RPG) afin de découvrir de nouveaux passages, de nouveau objets à collecter dans le but de parfaire les avatars, etc. Aussi, sachez que les phases d’énigme et de plateforme se font assez nombreuses et plutôt agréables. On aura bien quelques passages rendus délicats par le positionnement de la caméra, et l’impossibilité de la maitriser, mais cela reste marginal. Bien entendu, on retrouve aussi l’utilisation de pouvoirs, que ce soit au cours des batailles (ils vous sauveront plusieurs fois, notamment contre les très impressionnants boss), ou pendant les casse-têtes. Il faudra, là encore, ne pas hésiter à switcher entre les portails de Guerre, la lame plus ou moins boomerang de Discorde, et la main fantomatique (pouvant servir de grappin sur des points précis) que les deux maitrisent.
Côté technique, Darksiders Genesis souffle le chaud et le froid. Le chaud concerne avant tout la direction artistique et le level design. Pour la première, on sent toujours la vivifiante influence du style Joe Madureira, l’excellent dessinateur de comics (Uncanny X-Men)… et fondateur d’Airship Syndicate. Oui, le bonhomme revient aux affaires, après avoir passé son tour pour le troisième opus canonique. Et cela se ressent de partout, des décors aux ennemis, en passant évidemment par Guerre et Discorde. Le level design, lui, démontre que le studio est parfaitement conscient des besoins d’un jeu aussi balancé entre l’action et l’aventure. Les niveaux regorgent de routes cachées, annexes, de choses à découvrir, mais sans non plus trop en faire. Le cheval aura d’ailleurs toute son importance à certains moments, pour couvrir des domaines assez larges. C’est globalement futé, et cela ne fait que pousser à y revenir. D’où une durée de vie solide, que l’on situe à vingt-cinq heures, et bien plus pour les complétistes. Ce qui va moins bien, c’est la finition Tout d’abord, l’ergonomie des menus est à revoir : on se sent le cul entre deux chaises, celle de la console et du PC. On a aussi relevé un certain nombre de bugs de collision, et une fluidité parfois en dents de scie. Cela ne gâche pas l’expérience, mais ne la relève pas non plus. Enfin, côté musiques, Gareth Coker est en bonne forme, avec des thèmes remarquablement épiques, parfois avec des voix bien impressionnantes. Par contre, les doublages français ne sont pas vraiment à la hauteur, même si l’on ne louera jamais assez le plaisir de ne pas avoir à lire des sous-titres pendant des phases de gameplay, n’est-ce pas Rockstar ?
Note : 15/20
Après un Darksiders 3 en demie-teinte, on espérait que Darksiders Genesis rectifie le tir. Et soyez heureux : c’est le cas. Si la nouvelle caméra, qui rappelle obligatoirement le Diablo-like, peut tout d’abord prêter à confusion, elle devient bien vite très à-propos, malgré quelques petits soucis de lisibilité très marginaux. Les mécaniques de gameplay reviennent à ce qu’on a connu avec le premier opus, et Airship Syndicate distille de la nouveauté avec intelligence, sans trop en faire ni en prenant les joueurs pour des jambons. Le switch de personnages sert vraiment dans les batailles, et renouvelle les sensations. On regrettera simplement une finition pas optimale, mais contrebalancée par une remarquable science du level design, et une agréable direction artistique. Mission accomplie, pour Discorde et Guerre.