[Critique] Donnybrook : Un résultat peu convaincant

Caractéristiques

  • Titre : Donnybrook
  • Réalisateur(s) : Tim Sutton
  • Avec : Jamie Bell, Frank Grillo, Margaret Qualley, James Badge Dale et Chris Browning.
  • Distributeur : Les Bookmakers / The Jokers
  • Genre : Thriller, Drame
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 101 minutes
  • Date de sortie : 25 Mars 2020 en VOD
  • Note du critique : 4/10


Donnybrook est un film étrange dont les thématiques de fond s’avèrent souvent plus intéressantes que le métrage en lui-même.

Jamie Bell (Nymphomaniac, Les aventures de Tintin) y incarne Jarhead, ex-Marine et père désespéré prêt à tout pour nourrir sa famille. Egalement combattant redoutable, il décide de participer au “Donnybrook”, un violent tournoi de combat à mains nues se déroulant dans les forêts de l’Indiana, afin de remporter le prix en espèces et résoudre ainsi tous ses problèmes. Mais face à lui va se dresser Chainsaw Angus (Frank Grillo), véritable légende des combats clandestins jusqu’ici invaincu et reconverti depuis avec sa sœur Liz dans la fabrication de méthamphétamine.

Au vu de ce résumé et de la bande-annonce du film, on pourrait penser que Donnybrook ressemble à un film d’action très années 80. Mais ce n’est pas l’intention du réalisateur Tim Sutton qui, au contraire, limite les scènes de violences physiques au profit d’une dramaturgie plus psychologique mais non moins cruelle. Il est dommage néanmoins que cette tentative ne soit pas pleinement couronnée de succès.

Un manque de cohésion

image jamie bell donnybrook

La mise en place du film ainsi que de ses personnages principaux s’avère rapide mais, passé les 20 premières minutes, un rythme lent et contemplatif s’installe (on pense à Terrence Mallick), ne laissant que de très rares explosions de violences ponctuer le récit et ce, jusqu’au tournoi final, le fameux “Donnybrook”.

Ce choix en lui-même constitue un pari risqué que Tim Sutton ne relève qu’à moitié. Si certaines scènes possèdent une véritable puissance narrative, le rythme trop décousu du film donne l’impression qu’elles ont été pensées puis tournées avant même que le réalisateur ne se demande comment les relier artificiellement entre elles.

Emotionnellement, Donnybrook pâtit beaucoup de ce manque de cohésion car le spectateur peine à s’immerger pleinement dans le récit.

Excellents acteurs pour personnages vides

image frank grillo donnybrook

Voici certainement le point qui résume à lui seul l’ambivalence qualitative de Donnybrook : les acteurs face à leurs personnages.

Autant le dire d’emblée, il n’y a strictement aucune fausse note à relever sur l’interprétation proprement dite. Le casting dans son ensemble s’est investi dans leurs rôles avec conviction. Cependant, les profils psychologiques des protagonistes n’est qu’un mélange de clichés, voire de trous narratifs béants qui nous empêchent parfois de comprendre leurs actes ou leurs réactions.

Jamie Bell (révélé dans Billy Elliot) a un jeu intense, mais son personnage tourne en rond. Frank Grillo incarne un psychopathe flippant, mais dont la cruauté des actes est souvent vide de sens. Psychologiquement, il est aussi profond qu’un méchant de Walker Texas Ranger. Tout comme sa sœur, incarnée par Margaret Qualley (Il était une fois à Hollywood), qui passe soudainement sans explication d’une nymphomane assassine à celle de victime complaisante. Cherchez l’erreur…

Enfin, notons la présence d’un shérif joué par James Badge Dale, dont le personnage, incompréhensible (hormis pour le sous-texte du film), traverse le récit avant de disparaître de manière ridicule.

Un contexte de fond intéressant

image tim sutton donnybrook

Si la réalisation elle-même n’est pas toujours aussi pointue qu’on le souhaiterait, il n’en va pas de même pour l’ambiance, dont la noirceur interpelle et fascine. La désespérance des personnages obligés de se battre constamment pour s’affranchir de leurs malheurs fait écho à l’imagerie sombre des paysages de l’Indiana, un état américain en proie à la misère et à la drogue, dont une grande partie des administrés est touchée par ce fléau  – y compris les représentants de la loi, comme le démontre le shérif.

En plus de pointer du doigt cette situation tragique, Donnybrook, par le biais du personnage de Jamie Bell, met également en lumière le sort souvent peu enviable des anciens soldats qui, bien qu’ayant versé leur sang pour leur pays, n’obtiennent à leur retour que précarité et indifférence.

Donnybrook ou le rendez-vous manqué

image jamie bell donnybrook

En conclusion, nous dirions que Donnybrook, malgré de sincères ambitions ne parvient pas à créer une histoire suffisamment immersive pour convaincre. Cela est d’autant plus dommage que beaucoup de sujets trop méconnus sont traités en sous-texte et auraient sans nul doute mérité un écrin plus subtil et cohérent.

Les acteurs, tous convaincants, ne peuvent eux non plus sauver le spectateur du profond ennui qui l’assaille durant la majeure partie du métrage. Espérons que le réalisateur Tim Sutton comble à l’avenir ses lacunes pour enrichir son propos.

Article écrit par

Depuis toujours, je perçois le cinéma, certes comme un art et un divertissement, mais aussi et surtout comme une porte vers l'imaginaire et la création. On pourrait dire en ce sens que je partage la vision qu'en avait Georges Méliès. Avec le temps, de nombreux genres ont émergé, souvent représentatifs de leurs époques respectives et les bons films comme les mauvais deviennent ainsi les témoins de nos rêves, nos craintes ou nos désirs. J'ai fait des études de lettres et occupé divers emplois qui jamais ne m'ont éloigné de ma passion. Actuellement, sous le pseudonyme de Mark Wayne (en hommage à l'acteur John Wayne et au personnage de fiction Bruce Wayne alias Batman), je rédige des critiques pour le site "Culturellement Vôtre". Très exigeant dans ma notation des films, en particulier concernant le scénario car c'est la base sur lequel aucun bon film ne peut émerger s'il est bancal ou pour le moins en contradiction avec son sujet. Je conserve une certaine nostalgie d'une époque qui me semble (pour l'instant) révolue où le cinéma ne se faisait pas à base de remakes, intrigues photocopiées et bien-pensance. Néanmoins, rien n'entame mon amour du cinéma, et chaque film que je regarde me le rappelle, car bons ou mauvais, ils restent le reflet de notre époque.

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