Caractéristiques
- Titre : Nous, les chiens
- Titre original : The Underdog
- Réalisateur(s) : Oh Sung-Yoon & Lee Choon-Baek
- Avec : au casting vocal de la version France: Claire Tefnin, Pierre Lebec, Pierre Lognay et Patrick Waleffe.
- Distributeur : The Jokers
- Genre : Animation
- Pays : Corée du Sud
- Durée : 102mn
- Date de sortie : 22 juin 2020
- Note du critique : 6/10 par 1 critique
La plus grosse sortie de ce lundi 22 juin
Présenté au Festival du Film d’animation d’Annecy l’an dernier, Nous, les chiens bénéficie d’une sortie sur pas moins de 370 écrans en France pour la réouverture des cinémas, ce qui en fait la plus grosse nouveauté de cette reprise. Une bonne nouvelle pour ce long-métrage d’animation sud-coréen qui s’était également distingué en Chine en remportant le prix du meilleur film d’animation lors du Silk Road International Film Festival.
Réalisé par Oh Sung-Yoon et Lee Choon-Baek, qui avaient déjà signé Lili, à la découverte du monde sauvage en 2011, cet attachant dessin animé raconte la quête de bonheur de chiens abandonnés par leurs maîtres et qui forment un groupe pour s’entraider et faire face aux nombreux dangers qui guettent les animaux errants. Ils devront notamment déjouer les pièges d’un redoutable gardien de fourrière, obsédé par la traque de nos héros à quatre pattes…
Un film d’animation touchant sur le sort des chiens abandonnés
Réaliser un film pour enfants autour du triste sort des animaux abandonnés – sujet difficile s’il en est – était un pari osé, mais les réalisateurs s’en sortent ici globalement très bien. Le traitement est, au départ du moins, traité de manière réaliste et assez dure, avec certaines scènes déchirantes , mais la dimension émotionnelle prend vite le dessus pour adoucir un peu les choses pour le jeune public.
Certaines scènes pourront sans doute en ce sens paraître un peu trop pathos aux spectateurs adultes : avec un sujet si dramatique et des héros aussi attachants, il n’y avait pas forcément besoin d’en faire beaucoup pour parvenir à émouvoir. Mais ce parti pris est compréhensible pour un film dont la cible principale est enfantine. Sans cela (et tous les moments drôles et fantasques auxquels on assiste durant ces 1h30), le sujet aurait pu être trop difficile pour des enfants de moins de 10 ans. En l’état, les enfants s’identifieront au gentil Moong-chi et sa bande de gentils toutous, ressentiront l’injustice du sort qui leur est fait et soutiendront d’autant plus leur quête éperdue de vivre une existence épanouie sans être menacés.
Précisons ici d’emblée que Nous, les chiens réserve aussi tout du long de beaux moments de rire et de tendresse au jeune public, jusque dans sa conclusion fantasque, qui se déroule dans un cadre assez inattendu. On conseillera néanmoins le film pour les enfants à partir de 6 ans.
Des décors de toute beauté et des personnages expressifs
En ce qui concerne la technique, on saluera la beauté des décors et arrière-plans en 2D, ouvertement inspirés de la peinture coréenne, et qui sont du plus bel effet ici. Pour les personnages, les réalisateurs ont fait le choix d’une esthétique bien plus naïve et d’une animation en 3D. Nous sommes un peu plus réservés sur ce point car, si cela apporte un certain dynamisme, on sent aussi que les moyens des réalisateurs étaient limités, et cela transparaît en partie dans l’animation des personnages, qui est parfois proche de celle d’un OAV – notamment dans certains effets.
Malgré cela, les artistes sont parvenus à surmonter en partie ce handicap par une remarquable expressivité de leurs héros à quatre pattes, qui feront fondre petits et grands. C’est bien simple : on rit et on pleure avec eux tout du long. Une réussite qui s’explique sans doute par le fait que les voix des héros ont été enregistrées avant que la moindre image ne soit réalisée par l’équipe du film. Les animateurs se sont donc basés sur les performances vocales des acteurs pour dessiner les différents chiens et travailler leurs expressions.
Au final, Nous, les chiens est un film d’animation assez atypique, et une belle surprise pour le cinéma jeunesse. Entre réalisme cru, émotion, humour et fable utopiste à la fantaisie débridée, Oh Sung-Yoon et Lee Choon-Baek parviennent à émouvoir et à sensibiliser sur un sujet difficile, tout en nous permettant de nous identifier à ces héros canins, dont la quête de bonheur, avec ou sans maîtres, fait écho aux aspirations de tout un chacun. D’ailleurs, même si cette œuvre s’adresse en premier lieu aux enfants, les adultes pourront difficilement rester insensibles à l’histoire de ces personnages à quatre pattes. On passe alors outre nos réserves sur la 3D ou le traitement de certains passages pour se laisser emporter.