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[Test] Destroy All Humans! Remake : Crypto a de beaux restes

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Xbox One
    • PC
  • Développeur : Black Forest Games
  • Editeur : THQ Nordic
  • Date de sortie : 28 juillet 2020
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Destroy All Humans! revient, avec tout son humour bien noir

image test destroy all humans remake
Destroy All Humans! Remake vous fait incarner le fameux petit homme gris.

On a tous le menton levé vers le ciel en se demandant quand, mais quand viendra l’invasion extraterrestre. Mais en fait, elle a déjà eu lieu. C’était en 2005, certes pas dans le réel, encore que cela expliquerait certains excès contemporains, mais du coté du jeu vidéo. Ah, l’époque bénie de la PlayStation 2 (ou de la première Xbox), laquelle croulait sous les titres qui, aujourd’hui encore, gardent tout leur aura ! Destroy All Humans!, signé Pandemic Studios (entité malheureusement aujourd’hui disparue), est de ceux-là. Vous le trouviez, à l’époque, dans tous les bacs d’occasion, et il faut bien dire qu’une grande partie des gamers y a joué, ou en a au moins entendu parlé. Imaginez : incarner un petit homme vert gris, en mission pour dominer l’Humanité, avec tout ce que ça implique de missions farfelues. Un soft populaire donc, surtout aux US, et aujourd’hui sorti de la tombe par THQ Nordic, décidément très à la pointe de ce genre de remake, n’est-ce pas Bob L’Éponge.

Destroy All Humans! Remake est signé Black Forest Games. C’est une information importante, car il s’agit du studio derrière le retour de… Bubsy. Et ce n’était pas réellement convaincant, c’est le moins que l’on puisse écrire. On ne partait donc pas spécialement confiant, et pourtant le résultat nous a convaincu, au moins en partie. Tout d’abord, on apprécie fortement de retrouver l’entièreté de l’humour du jeu original, ce qui n’était pas gagné d’avance. Rappelons que le joueur incarne Crypto, un représentant pour le moins énervé de l’Empire Furon, lequel a quelques intérêts à vous voir débarquer sur Terre pour y mettre le boxon. Le tout sous le regard scientifique (et cruel) de Pox, qui vous poussera aux pires expérimentations. L’histoire reste un prétexte à surtout aborder la culture science fiction des années 1950, sous l’angle de la dérision. On y critique l’anti-communisme des américains (en même temps, comment ne pas se méfier d’une idéologie qui a provoqué des dizaines de milliers de morts ?), leur complotisme, tout en restant léger mais parfois drôlissime. C’est surement le plus gros atout du soft : si vous appréciez Mars Attacks par exemple, vous serez comblés. Et le tout est sous-titré en français, avec un certain soin.

Côté gameplay, Destroy All Humans! Remake a ses forces, mais aussi ses faiblesses. On apprécie la volonté de Black Forest Games de ne surtout pas alléger le nombre de mécaniques. Cette édition est une refonte globale : tout (ou presque) a été repris de zéro, donc on redoutait que certaines manquent. Rassurez-vous, ce n’est pas le cas. On se prend à se surprendre devant les possibilités données par le concept : on peut évidemment utiliser un flingue laser très alien dans l’esprit, mais ce n’est pas tout. Il est question de pouvoirs télékinétiques (ah, le plaisir indescriptible de soulever une vache, puis de l’envoyer valdinguer au loin), mais aussi de récupérer des cerveaux, de prendre l’apparence de PNJ. On se pince, au début, devant le nombre de possibilités offertes par le game design, c’en est même déstabilisant, et l’on pourra avoir un peu de mal à digérer la prise en mains. Voilà sûrement le plus gros de nos griefs : parfois, on se noie sous les commandes. Entre les phases à terre (inscrites dans l’action, ou l’infiltration), et celles en vaisseau, on ne sait plus trop où donner de la tête et l’on confond les manipulations.

Très généreux en mécaniques, parfois trop

image gameplay destroy all humans remake
Les phases en soucoupe sont certes raides, mais aussi bien funs.

Heureusement, Destroy All Humans! Remake a, comme son ainé, la bonne idée de s’organiser en missions. Ainsi, on comprend petit à petit l’importance de toutes les mécaniques. Par exemple, il faudra prendre l’apparence d’un être humain afin de se faufiler dans une fête foraine, histoire d’en extirper le plus débile des êtres humains. Ceci dans le but de le ramener au vaisseau pour des expérimentations bien poussées. Cela sera l’occasion non seulement de tester le scan, mais aussi le contrôle mental. Puis, sur la fin, on pourra prendre les commandes du vaisseau, histoire de réduire les chapiteaux et autres stands à néant. Si quelques unes de ces démarches fonctionnent toujours aussi bien, on adore foutre le boxon aux commandes de la soucoupe (tout de même bien raide dans son maniement, et pas aidée par une caméra parfois problématique), ce n’est pas toujours le cas pour le reste des mécaniques. Il faut retenir beaucoup de commandes, et même trop. De ce fait, on a un peu de mal à bien rentrer dans l’aventure, et il n’est pas rare de buter entre la possibilité d’extirper un cerveau, ou de lire dans les pensées du bipède qui nous fait face. Cela manque un peu de clarté, mais on ne pourra pas reprocher au jeu sa générosité.

Destroy All Humans! Remake a les atouts de son ainé, mais aussi ses rides. Le découpage en missions fonctionne, mais il pourra aussi sous-traiter la principale qualité du jeu : son caractère foutraque. On aurait aimé encore plus de libertés dans notre soif de destruction. Les objectifs sont bien précisés, vous n’aurez pas réellement l’occasion de vous en éloigner. Et ce même si plusieurs manières d’y parvenir vous sont offertes, ce qui se vérifie notamment avec les bonus accordés pour les objectifs secondaires, comme tuer un scientifiques en lui balançant une vache zombifiée. Que l’on s’entende bien : cela reste plaisant, on apprécie d’ailleurs la fluidité de l’avatar qui, grâce à son jet pack, nous accorde des sensations vraiment fendardes. Mais il manque tout de même une dose de nouveauté dans le feeling. Plus agréable, on apprécie la courbe de progression, même si quelques murs de difficulté se font ressentir dans la seconde partie du cheminement. On récupère des brins d’ADN, lesquels servent à améliorer les capacités de Crypto ou de son vaisseau. Comme, en même temps, l’adversité se renforce elle aussi, on ne peut que vous conseiller de bien sous-peser vos décisions chez Pox, le chargé de recherche et développement.

Destroy All Humans! Remake propose aussi un peu de contenu inédit, avec de la mission inédite et des petits ajouts cosmétiques. Rien qui transforme l’expérience de base, mais c’est tout de même un peu plus long que le soft initial. Comptez une douzaine d’heures pour en voir le bout, et le double afin de remporter tous les défis. Techniquement, le titre se tient plutôt bien, même s’il ne s’évite pas une dose de crénelage, et une autre de framerate asthmatique à l’occasion. C’est surtout la direction artistique, très réussie, qui remporte notre adhésion. On y retrouve certes le même souci du détail qu’auparavant, mais on est surtout impressionné par une précision redoublée qui nous pousse à écrire qu’on se trouve là devant l’un des meilleurs hommage vidéoludiques à la culture SF des années 1950. Ajoutons une bande originale tout à fait dans le ton. Par contre, on aurait apprécié un nouveau doublage des lignes de dialogues, seules rescapées du jeu de base, et qui dénotent beaucoup trop à notre goût.

Note : 14/20

Destroy All Humans! Remake se présente comme une nouvelle version fidèle en terme de gameplay, un peu complétée en terme de contenu, et bien rehaussée dans sa technique. Si l’on regrette une volonté de ne pas toucher à la prise en mains, ce qui se traduit par une digestion des commandes assez difficile, on ne peut que vous conseiller de vous accrocher, de persister. C’est à ce prix que l’on découvre l’un des meilleurs hommages à la science fiction américaine des années 1950, fortement saupoudré d’une critique de la politique des USA certes simpliste, mais drôlissime. Cela part parfois dans tous les sens, mais au moins l’expérience va au bout de son concept.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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