[Test] Werewolf The Apocalypse – Earthblood : sympathique mais trop classique

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 5
      Existe aussi sur :
    • Xbox One
    • PlayStation 4
    • PC
    • Xbox Series X/S
  • Développeur : Cyanide Studio
  • Editeur : Nacon
  • Date de sortie : 4 février 2021
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 6/10

La licence donne lieu à un A-RPG de moyenne envergure

image test werewolf apocalypse earthblood

Qui aime le jeu de rôle sur table et le jeu vidéo doit vivre l’une de ses époques les plus heureuses. L’industrie vidéoludique a toujours veillé à construire des ponts entre ces deux divertissements, comme en témoignent les innombrables adaptations de l’univers Donjons & Dragons (Baldur’s Gate, par exemple, s’y rapporte directement). Plus récemment, beaucoup de studios se sont lancés vers d’autres univers, comme CD Projekt avec le décevant Cyberpunk 2077. Et l’éditeur français Nacon se fait l’un des plus actifs en ce sens, par le truchement de rachats bien sentis de studios clairement intéressés par l’exercice. Après Call Of Cthulhu, Cyanide persiste et signe avec Werewolf : The Apocalypse – Earthblood, dont on va voir que les qualités se disputent avec quelques anicroches.

Il faut tout d’abord préciser que Werewolf : The Apocalypse – Earthblood peut très bien se destiner à quelqu’un qui ne s’est jamais lancé dans une partie du jeu de rôle sur table qu’il adapte. Aucun souci, le nouveau venu pourra digérer un univers traité d’une manière plutôt intelligente, sans clins d’œil appuyés à l’expérience papier. C’est une bonne chose, d’autant plus que le soft est entièrement doublé en anglais et sous-titré en français. Ce qu’on gagne en accessibilité, on le perd tout de même un peu en terme de fond. Le scénario du jeu, s’il s’attache à aborder des thématiques très actuelles par le biais de l’écologie (parfois vraiment militante, mais c’est l’époque), nous fait donc incarner un loup-garou issu d’une meute qu’il va devoir quitter après un véritable drame. Devenu loup solitaire, notre avatar, Cahal, se lance à l’assaut d’Enron, une multinationale prétendant lutter contre le réchauffement climatique mais exploitant vicieusement le Wyrm, sorte de divinité dont le but n’est nul autre que la destruction de mère Nature.

Le récit en lui-même se révèle plaisant, et il réserve même une ou deux véritables surprises. Là où ça coince un peu, c’est dans la tonalité, et le traitement du détail. On sent que Cyanide Studio ne lâche pas totalement les chevaux, notamment en terme de personnages secondaires, globalement traités comme autant de coquilles vides. Et pourtant, Werewolf : The Apocalypse – Earthblood avait besoin de ces apports scénaristiques, car on se trouve là devant un concept qui tire vers l’Action-RPG. Les phases de dialogue sont donc présentes, mais ne proposent que peu d’intérêt au-delà des informations qu’ils livrent. On se contente de choisir une réplique, en arrivant systématiquement à la même finalité que si on en avait choisi une autre. Dommage, surtout qu’il existe des exceptions. Quand on débute un assaut sur une base ennemie, se lance alors une discussion à couteaux tirés pendant laquelle il faudra prouver que l’on a bien retenu certaines informations que l’on aura préalablement recueillies… ou pas. Mine de rien, cela pousse à s’intéresser à l’univers, à faire attention au moindre braillement d’un PNJ surpris ici ou là. Voilà qui relève de l’habileté de la part des développeurs.

Le système de combat, vraie qualité de cette expérience

image gameplay werewolf apocalypse earthblood

Comme dans presque tous les compartiments de Werewolf : The Apocalypse – Earthblood, on a ce genre de bonne idée qui vient habilement contrecarrer un constat pourtant mal engagé. Pour la figure du loup-garou, votre dévoué serviteur est de l’école Hurlements, ou Le Loup-Garou De Londres : il faut qu’on sente la souffrance du lycanthrope si l’on veut s’attacher à son destin. Pour diverses raisons, notamment ludiques, Cahal et les siens se transforment avec autant de facilités que dans un Twilight. Ce n’est peut-être qu’un détail, mais ce manque de peps se retrouve ensuite dans une partie du gameplay. La transformation en Lupus (un authentique loup, d’apparence s’entend) sert à accélérer la cadence lors des courtes explorations des quelques environnements. Surtout, c’est la meilleure manière de passer inaperçu quand on vous demande un peu de discrétion. Entre nous, ce ne sont pas les meilleures phases on pourra même s’amuser d’un saut un peu hors de propos. On pourra repasser en forme humaine pour désactiver des caméras ou des verrous, se faufiler pour liquider par derrière. Seulement voilà, l’intelligence artificielle limitée des adversaires rend ces moments parfois peu engageants.

Par contre, Werewolf : The Apocalypse – Earthblood devient autrement plus grisant quand Cahal laisse exploser sa véritable force, en ayant recours à sa forme ultime : le Crinos. Quand le combat s’engage, l’avatar devient un monstre de deux mètres, et sa force suit cette courbe de progression naturelle. Là, le jeu se transforme en une sorte de beat’em all bien nerveux, plein de punch. Cela reste très classique : enchainements à base de coups légers ou puissants, attaques spéciales, dash, chope des adversaires pour les balancer comme des poupées de chiffon, recours à une jauge de rage pour multiplier les dégâts. Un régal accompagné d’une traduction à l’écran par le gore. Tout de même, on peut compter sur un twist loin d’être anodin : la posture. Si vous optez pour l’agile, le Crinos met le paquet sur la vitesse, et pourra jongler d’ennemi en ennemi avec fluidité. La posture lourde, elle, convient particulièrement aux boss et embarque d’autres types d’attaques. Vient s’ajouter à ça toute une gamme de compétences, passives ou actives, afin de cultiver le côté RPG. On obtient donc un système de combat qui cherche à faire réagir le joueur, ce qui est toujours une bonne chose, même s’il manque sans doute l’idée originale qui ferait toute la différence.

Werewolf : The Apocalypse – Earthblood peut tout de même provoquer l’étonnement dans sa durée de vie. Le jeu, annoncé en 2017, restait assez opaque quant à son contenu, et l’on a découvert que ce dernier est finalement un peu court. Que l’on soit clair, on n’est pas spécialement fan des expériences qui s’étirent plus que de raison. Au contraire, on préférera des cheminements plus courts mais totalement maitrisés. Seulement, on a tout de même l’impression que la dizaine d’heures nécessaires à la complétion du titre auraient pu se multiplier un peu. La dernière ligne droite nous semble un peu expédiée, et l’intérêt d’un second run n’est pas évident. Ajoutons une technique pas vraiment inscrite dans les standards actuels. Ce n’est pas horrible visuellement, surtout grâce à une direction artistique pertinemment sombre, bien en lien avec l’univers, et les quelques effets de lumière, lors des combats, font mouche. Mais les animations se révèlent bien raides, ce qui se capte particulièrement dans des phases de dialogues très statiques. Et l’apport de la version PlayStation 5 se concentre sur les temps de chargement, effectivement bien réduits.

Note : 12/20

Werewolf : The Apocalypse – Earthblood est ce genre de jeu que l’on pourra découvrir à l’occasion, certes sympathique mais trop prudent. Le titre de Cyanide Studio ne cesse de souffler le chaud et le froid : l’histoire est prenante, mais son traitement manque d’énergie. Les combats ont de la patate, mais les phases de discrétion restent timides. La direction artistique se révèle efficace, mais la technique se fait datée. On a tout de même de la tendresse pour le résultat, qui nous rappelle des expériences à l’ancienne, sur d’autres consoles, que l’on aimait poncer tout en étant conscient des défauts. C’est donc non sans des réserves qu’il faut l’aborder, mais un amateur de productions de moyenne envergure pourra y trouver des belles qualités.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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