[Critique] Werewolf by Night : Une monstrueuse farce

Caractéristiques

  • Titre : Werewolf by Night
  • Réalisateur(s) : Michael Giacchino
  • Scénariste(s) : Heather Quinn & Peter Cameron
  • Avec : Gael Garcia Bernal, Laura Donnelly, Harriet Sansom Harris, Kirk R. Thatcher...
  • Distributeur : Disney
  • Genre : Fantastique
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 52 minutes
  • Date de sortie : 7 octobre 2022 (sur Disney +)
  • Note du critique : 2/10

Marvel chez la Hammer Films

Cherchant sans doute à s’émanciper de la mauvaise réputation qui commence à leur coller peu à peu à la peau, les studios Marvel s’essaient de plus en plus à de nouvelles expérimentations avec leurs productions cinéma. D’abord, il y a eu Les Eternels, puis Shang Chi et la Légende des 10 Anneaux (tous deux des tentatives déjà peu heureuses) et maintenant, nous avons un moyen-métrage que les studios semblent vouloir utiliser pour amorcer une série complète, certainement inspirée des Fils de Minuit, l’équipe d’anti-héros regroupant les monstres classiques dans l’univers Marvel.

Le pitch de départ nous narre les événements se déroulant après la mort d’Ulysse Bloodstone, le plus grand chasseur de monstres du monde. Son ancienne amante décide de réunir les meilleurs tueurs qui soient et de les faire s’affronter dans une compétition mortelle afin de décider qui va s’emparer de la pierre de sang, une puissante relique qui faisait de son ancien conjoint un être aussi dangereux. Pour ce faire, ils devront traquer une créature monstrueuse dans un labyrinthe et s’en sortir vivants tout en récupérant la pierre de sang qui est accrochée à son dos.

La fille d’Ulysse participe également malgré la tension qui règne à son égard depuis l’époque où elle avait renoncé à son sanglant héritage familial. Parmi les invités se trouvent également Jack, un chasseur anticonformiste qui semble porter en lui un lourd secret.

Tout ce petit monde est réuni dans le manoir Bloodstone et on note immédiatement un magnifique noir et blanc à l’image qui semble vouloir démontrer que Marvel cherche à nous faire retrouver les vieilles histoires d’horreur d’antan. Un sentiment confirmé d’ailleurs par une voix d’outre-tombe rappelant celle de Vincent Price nous racontant les événements qui ont précédé l’histoire actuelle. Hélas, trois fois hélas, ce sentiment agréable de retour aux origines va vite s’évaporer dès que la caméra entre dans le manoir et qu’il nous fait furieusement penser à celui des 1000 fantômes qu’on trouve dans les parcs d’attractions Disney (hasard !).

En fait, c’est très simple : on s’attendrait presque à voir apparaître les wagonnets pour touristes ou le sol descendre afin que les tableaux aux murs bougent pour nous révéler leurs secrets comme dans l’attraction précitée. Cette première déception ne sera que la première pierre d’un édifice que l’on baptisera « nouvelle foirade à Disneyland »…

gael garcia bernal dans werewolf by night

Loup y es-tu ?

Disons-le d’emblée : les décors les plus réussis font l’effet d’une attraction de Disney chiadée, les autres font carrément carton-pâte, en particulier le fameux labyrinthe où se situe l’essentiel de l’intrigue qui, clairement, ne semble avoir ni queue ni tête visuellement.

Pour ce qui est des personnages, on verse carrément dans le bizarre, d’abord au niveau des interprétations, on a le sentiment que tous les acteurs et actrices n’ont pas eu les mêmes consignes. Gael Garcia Bernal compose un chasseur beaucoup trop souriant et qui semble trop affable pour paraître réellement crédible en tueur soi-disant sans pitié, l’actrice Laura Donnelly, qui joue la fille d’Ulysse Bloodstones, semble elle aussi beaucoup trop fragile malgré une pseudo dureté apparente et la méchante marâtre, quant à elle, est une espèce de folle hystérique qui agace plus qu’elle n’effraie (une nouvelle preuve que Disney ne sait pas réussir ses antagonistes). Pour les autres, inutile de s’appesantir trop dessus, ils sont totalement transparents et dénués de charisme, sans parler du fait qu’ils se font éliminer avec une facilité déconcertante, au point qu’on se demande comment ils ont survécu jusque-là.

La créature du marais avec son design plutôt réussi (mais une caractérisation abominable) est plus expressive que les acteurs précités qui sauvent néanmoins l’honneur Disney en respectant les quotas avec un chasseur asiatique, un chasseur noir, un vieux chasseur blanc et un chasseur au genre indéfini.

Ajoutons pour terminer ce passage que le fameux loup-garou du titre ne restera pas dans les mémoires en termes visuels. Une identité trop humaine et pas assez bestiale qui nous fait regretter la version encore récente avec Anthony Hopkins et Benicio Del Toro, qui avait su parfaitement incarner la violence de la créature à l’écran.

La partition musicale est au diapason, non pour le coup qu’elle soit mauvaise mais on a vraiment l’impression au début du film que l’on vient de monter dans le wagonnet du train fantôme avec ses puissantes orgues tandis que, par la suite, on oublie carrément leur présence au profit de simples bruitages d’ambiance ou durant les combats.

harriet sansom harris dans werewolf by nightUne fin de loup

Il serait en outre bon de préciser à Marvel Studios que, s’ils avaient voulu retranscrire l’ambiance des films d’horreur d’antan, il aurait été judicieux de se dispenser de leur humour typique d’ados attardés. Malheureusement, il semble que c’était beaucoup trop demander et le métrage Werewolf by Night nous gratifie de quelques petites boutades bien senties, sans parler de l’angélisme des sentiments dont la naïveté n’a absolument rien de touchant.

En conclusion, nous dirons que Werewolf by Night est une nouvelle tentative de Disney pour faire croire au spectateur lambda qu’il est un studio à la richesse et au désir d’innovation toujours intacts alors qu’en réalité tout cela n’est que poudre de perlimpinpin.

Dans le cas présent, c’est un peu de noir et blanc, quelques petits décors et hop, on vous a fait un film à la Hammer (MacGyver style !), sauf que non, c’est une tentative tout aussi ratée que de tenter de faire un film asiatique avec Shang-Chi et la légende des 10 anneaux, qui était en réalité un film avec des Chinois vu par le prisme d’un Californien, ce qui constituait déjà un incident diplomatique en soi.

En outre, le cauchemar ne semble pas parti pour s’arrêter de sitôt vu que Werewolf by Night, avec sa durée de moyen-métrage de 52 minutes semble avoir tous les aspects d’une amorce pour une série télé. Ne reste donc qu’à espérer que le spectateur lambda ne tombe pas à nouveau dans le panneau, du moins pas dans sa majorité et que les studios Disney renoncent à poursuivre ce massacre.

En attendant, difficile de vous conseiller Werewolf by Night, sauf si vous avez du temps à perdre et que vous souhaitez en utiliser une partie pour vous forger votre propre opinion ou que vous êtes encore plein d’espoir concernant l’avenir artistique des studio Disney.

Article écrit par

Depuis toujours, je perçois le cinéma, certes comme un art et un divertissement, mais aussi et surtout comme une porte vers l'imaginaire et la création. On pourrait dire en ce sens que je partage la vision qu'en avait Georges Méliès. Avec le temps, de nombreux genres ont émergé, souvent représentatifs de leurs époques respectives et les bons films comme les mauvais deviennent ainsi les témoins de nos rêves, nos craintes ou nos désirs. J'ai fait des études de lettres et occupé divers emplois qui jamais ne m'ont éloigné de ma passion. Actuellement, sous le pseudonyme de Mark Wayne (en hommage à l'acteur John Wayne et au personnage de fiction Bruce Wayne alias Batman), je rédige des critiques pour le site "Culturellement Vôtre". Très exigeant dans ma notation des films, en particulier concernant le scénario car c'est la base sur lequel aucun bon film ne peut émerger s'il est bancal ou pour le moins en contradiction avec son sujet. Je conserve une certaine nostalgie d'une époque qui me semble (pour l'instant) révolue où le cinéma ne se faisait pas à base de remakes, intrigues photocopiées et bien-pensance. Néanmoins, rien n'entame mon amour du cinéma, et chaque film que je regarde me le rappelle, car bons ou mauvais, ils restent le reflet de notre époque.

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