Caractéristiques
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Test effectué sur :
- PlayStation 5
- Titre : Returnal
- Développeur : Housemarque
- Editeur : Sony Interactive entertainment
- Date de sortie : 30 avril 2021
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- Note : 8/10 par 1 critique
Returnal séduit par son refus de la concession
Annoncé lors d’un State of Play en juin 2020, Returnal avait tout pour devenir l’une des sorties les plus importantes de ce début de génération. Tout d’abord, parce qu’il s’agit du nouveau jeu d’Housemarque, studio très apprécié des amateurs de jeux de type arcade, et ce ne sont pas les fans des excellents Dead Nation et Nex Machina qui avanceront le contraire. Aussi parce qu’il s’agit d’une totale exclusivité PlayStation 5, ce qui nous paraît une condition de plus en plus indispensable pour voir cette nouvelle console être exploitée à sa juste valeur. Aujourd’hui, le jeu est en passe d’être disponible, et nous l’avons parcouru longuement. Le résultat vaut qu’on s’y attarde.
Returnal, c’est la convergence d’une SF très sombre et du Roguelite le plus jusqu’au-boutiste. Débutons par la première, car c’est celle qui saute aux yeux. Le jeu de Housemarque s’inscrit en droite lignée de la licence Alien, peut-être plus de ce qui a été fait récemment avec Prometheus. Comprendre par là que c’est plus l’élément science fiction qui l’emporte que la pure horreur. Le joueur incarne l’énigmatique Selene, une astronaute dont le vaisseau s’échoue sur une planète pour le moins inhospitalière. Il ne faut surtout pas aller trop loin dans le pitch, car la dimension du récit, si elle n’est pas exceptionnelle dans l’univers du jeu vidéo, l’est bien plus quand il s’agit d’aborder le genre du Roguelite.
Alors que le jeu s’ouvre de manière assez abrupte, le joueur comprend fatalement que la pauvre Selene est enfermée dans une boucle temporelle. Oui, comme dans Un Jour Sans Fin, par exemple. On sent un gros travail d’Housemarque pour justifier le genre de son jeu, ce qui n’est pas commun chez un studio jusqu’ici habitué à des softs certes de grande qualité mais tout de même moins élaborés que les productions AAA. Et pour cause, tout dans Returnal se rapporte au sens du mystère. Selene et son lourd passé, que vous découvrirez dans des phases à la première personne. Mais aussi, et surtout, l’environnement direct, voir les objets qu’il vous faut parfois scanner afin d’en connaître les effets. On se sent comme des aventuriers, et c’est l’une des forces de ce titres.
Vos nerfs mis à rude épreuve
Par contre, hors de questions de surévaluer vos forces. Car Returnal vous le fait payer à la vitesse de la lumière. Si le jeu se déroule à la troisième personne, et se fait plutôt joli, il ne faut tout de même pas oublier que les codes se rapportent à ceux, par exemple, d’un The Binding of Isaac. La mort fait donc partie de l’expérience, ou plutôt l’élaboration de cycle. Ceux-ci débute toujours par le crash de la navette, puis un objectif vient s’imposer, et laisse sa place à un autre quand il est atteint. Mais avant cela, vous allez devoir cravacher, et pas qu’un peu. Cette exclusivité PlayStation 5 ne prend aucune pincette, l’échec fait partie intégrante du trip, bien aidé par des ennemis impressionnants, aux patterns aussi imprévisibles qu’idéales pour créer des fusillades nerveuses.
Dans Returnal, on débute chaque cycle avec un flingue. Tous, même ceux que l’on récupère par la suite, ont les munitions illimitées, mais font payer cet avantage notamment avec une recharge lente, sauf si vous l’activez au bon moment. On voit déjà à quel point Housemarque a pensé son game design pour proposer des sensations nerveuses, mais ce n’est pas terminé. Il faudra chercher à buter le plus d’ennemis possible sans se faire toucher, afin de gagner des bonus indispensable pour vivre longtemps. Sur votre parcours, construit d’un tas d’endroit générés aléatoirement, il sera aussi nécessaire de faire attention aux objets à collecter. Des coffres, du loot, cela permet de s’appliquer des bonus. On pourra aussi avoir recours à des parasites, des sortes de facehuggers qui se cramponnent sur une partie du corps afin d’appliquer des effets positifs… et parfois avec un malus.
On le voit, Returnal met en place des éléments indispensables à tout bon Roguelite, avec non seulement une dose de chance mais aussi de maitrise des règles du jeu. Il faut tout de même préciser que le jeu est particulièrement rageant, tant il ne permet pas de sauvegarder beaucoup d’éléments d’un cycle à l’autre. On garde l’ether, une matière qui peut être utilisée pour désinfecter des objets, ou pour s’accorder un petit bonus de début de partie. Les grosses trouvailles, comme l’épée énergétique permettant d’ouvrir des portails lasers restent aussi dans l’inventaire. Aussi, un boss tué le restera définitivement. Tant mieux, car ils sont retors, les bougres ! Vous voyez où l’on en vient ? Eh oui, c’est le skill du joueur qui fera une grande partie de la réussite, et c’est bien vu tant il est rare que des exclusivités importantes jouent cette partition.
Gros travail sur l’ambiance et la Dual Sense
Returnal sait se faire hyper plaisant, pour peu que l’on accroche à ce challenge vraiment élevé. Moins qu’un Demon’s Souls entendons-nous bien, car les acquis se multiplient dès que l’on apprend à reconnaitre une salle qui revient souvent, ou le comportement des ennemis. Aussi, on vous conseille de prendre votre temps en cours de cycle, c’est d’ailleurs assez rare dans un Roguelite pour être souligné. Car en dénichant des sources d’énergie, ou des objets aptes à faire monter votre niveau de découverte, vous pourrez construire des articles importants et faire monter le niveau des armes trouvées ici ou là. Si les premières parties sont celles de l’apprentissage, celle où l’on court vers le moindre nouvel ennemi, grisé par la découverte, bien vite la tactique vient s’immiscer pour essayer d’allonger la durée des cavalcades. C’est très satisfaisant car, même si le challenge est important, même un joueur moyen sentira quand même son comportement évoluer. Bon, il faudra tout de même s’accrocher contre des boss (à multiples barres de vie !) globalement vraiment très, très compliqués.
Returnal n’est pas un jeu qui quittera rapidement votre PlayStation 5. Et ce même si ça va rager dans les chaumières. Mais le jeu de Housemarque est une telle ode aux spécificités de la console que vous chercherez à y revenir, croyez-nous. La Dual Sense est particulièrement bien utilisée, c’est phénoménal. Les vibrations haptiques sont les meilleures depuis Astro’s Playroom. La sensation des goûtes de pluie est évidemment ce qui va marquer de suite le public, mais faites bien attention à chaque détail, vous verrez qu’ils trouvent tous une traduction par le toucher. Voilà bel et bien la meilleure manette de l’histoire des jeux vidéo. Aussi, on adore le travail effectué sur les gâchettes. La visée se bloque à mi-parcours pour le tir normal, et il faudra aller plus loin afin d’activer le secondaire. Certes, cela pousse aussi à la maitrise de soi, mais c’est une valeur importante dans ce jeu pour ne pas craquer. Surtout, cela apporte aussi à la nervosité. Bien entendu, il est aussi possible de tirer à la volée, et même d’opter pour une autre configuration des touches.
Enfin, le bilan technique nous a un peu mis à l’épreuve. Dans les premiers temps, on avait du mal à être totalement enjoué, notamment par des textures pas si impressionnantes. Mais au fil du temps, et surtout en retournant sur des jeux de la précédente génération, on a fini par percevoir le gap. Surtout, ce sont les effets de lumière qui, eux, ne souffrent d’aucune contestation possible. Ça pète de partout, parfois même à en atteindre la lisibilité à l’écran, notamment contre les boss. Mais, surtout, ça apporte énormément à la direction artistique de Returnal, d’une qualité peu commune, avec un travail sidérant sur les contrastes. Quant au sound design, il est carrément vertigineux. Si vous avez un casque qui supporte la technologie 3D, vous en prendrez plein les oreilles, c’est de la magie auditive. Par contre, on n’est pas très fan du doublage français, l’actrice poussant trop dans les intonations dramatiques.
Note : 17/20
Returnal est une très agréable surprise, et sans aucun doute ce que la nouvelle génération a créé de mieux depuis sa sortie. Roguelite hardcore à l’ambiance entre la science fiction et l’horreur, le jeu de Housemarque se veut aussi hyper agréable dans sa prise en mains. Nerveux au possible, faisant la part belle à la courbe de progression du joueur, le résultat est d’une difficulté qui ne doit pas être prise à la légère. Ajoutons une technique de plus en plus convaincante, un mixage sonore à déguster au casque, et une utilisation exemplaire des spécificités de la Dual Sense, et l’on obtient quoi ? Eh bien un hit.