Caractéristiques
- Titre : Tom & Jerry, le film
- Titre original : Tom & Jerry
- Réalisateur(s) : Tim Story
- Avec : Chloë Grace Moretz, Michael Penna...
- Distributeur : Warner Bros France
- Genre : Animation, Comédie, Famille
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 101 minutes
- Date de sortie : 19 mai 2021
- Note du critique : 4/10 par 1 critique
Tom & Jerry in the City
Avec ce long-métrage intégrant des animaux animés (dont le célèbre duo) à univers en live action, Tom & Jerry, le film de Tim Story fait rentrer la série d’Hanna et Barbera dans l’ère d’Instagram et des réseaux sociaux.
Lorsque le film débute, Tom et Jerry cherchent à faire leur trou à New York chacun de leur côté et se heurtent à la dureté de la Grande Pomme. Ils se rencontrent bien vite et commencent à se chamailler pour obtenir le plus d’attention, mais ils devront peut-être unir leurs forces lorsque se profile la possibilité de s’établir dans un hôtel de luxe où un mariage de célébrités 2.0 doit avoir lieu.
Un film fourre-tout mêlant animation et live action
Pour ce nouveau long, on sent que Warner a voulu à la fois attirer les enfants de moins de 10 ans, les pré-ados et ados biberonnés à la culture urbaine, les jeunes filles qui ont aimé Crazy Rich Asians et, bien sûr, les adultes nostalgiques des dessins animés mettant en scène le chat et la souris. De ce cahier des charges contradictoire, le studio a tiré un film pas forcément entièrement déplaisant, mais foutraque.
Contrairement à la madeleine de Proust Space Jam (qui ne brillait pas par son respect des classiques de Looney Tunes), ce Tom & Jerry a au moins le mérite de citer un grand nombre des dessins animés originaux. Malheureusement, ces citations sont trop anecdotiques et la plupart des gags (hormis celui de l’ouverture) sont loin de provoquer le même plaisir que ceux des dessins d’Hanna et Barbera ayant bercé notre enfance avec ses après-midi Ca cartoonne… Les histoires des humains, quant à elles, sont cousues de fil blanc et ennuient.
Le chat et la souris comme symboles des populations marginalisées
Seule véritable originalité : le chat et la souris sont pourchassés par les humains qui les considèrent comme des « nuisibles », et sont ainsi érigés en symboles des catégories de la population marginalisées ou stigmatisées : les jeunes (indépendamment de leur couleur de peau) sans diplôme et sans ressources, les afro-américains, les latinos… Des catégories bien évidemment représentées par les acteurs humains qui devront, comme les héros animés, choisir entre la rivalité pour accéder à un certain statut social, et un terrain d’entente débouchant sur le respect pour le bien de tous. Le tout sur fond de musique hip-hop pas forcément désagréable, mais malgré tout assez décalée par rapport à la licence.
Si les enfants et ados devraient y trouver leur compte (encore que le film vise bien plus ces derniers que le plus jeune public), le spectateur adulte ressort de la séance en se demandant pourquoi Warner Bros n’a pas misé sur la portée intemporelle et universelle de la série plutôt que de vouloir la moderniser à outrance, à travers des gimmicks faciles comme une scène de balade en voiture avec toit ouvrant et photos Insta qui fleure bon la facilité et ne cadre pas vraiment avec les personnages.
Dans le domaine de l’exploration urbaine, le court-métrage Mouse in Manhattan (1945) où Jerry quitte Tom et leur foyer douillet pour partir à la conquête de la Grande Pomme, est bien plus marquant que cette version paresseuse autour de l’ultra-moderne solitude. Dommage, car certains partis pris, finalement cohérents avec l’esprit de cet univers (faire front commun face à l’adversité ou s’écharper), auraient pu être intéressants s’il y avait eu une véritable dramaturgie… et surtout un vrai grain de folie propre aux cartoons, où l’esprit bon enfant fait bon ménage avec la cruauté et l’absurdité.