Caractéristiques
- Titre : Chère Léa
- Réalisateur(s) : Jérôme Bonnell
- Avec : Grégory Montel, Grégory Gadebois, Anaïs Demoustier et Léa Drucker
- Distributeur : Diaphana Distribution
- Genre : Comédie dramatique
- Pays : France
- Durée : 90 minutes
- Date de sortie : 15 décembre 2021
- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Une lettre pour tout changer
Après une nuit arrosée, Jonas décide sur un coup de tête de rendre visite à son ancienne petite amie, Léa, dont il est toujours amoureux. Malgré une passion toujours présente entre eux, elle finit par le repousser. Éperdu, il va s’installer dans le café d’en face pour lui écrire une longue lettre qui va bousculer sa journée de travail et attiser la curiosité du patron du café.
Chère Léa fait partie de ces métrages qui trouvent leur charme dans la simplicité de leur propos. Avec une économie de lieu et de personnages, le réalisateur Jérôme Bonnel dresse avec subtilité le portrait d’un homme incapable de faire le deuil d’une relation. Hésitant sans cesse entre l’adieu et l’ultime tentative de réconciliation, la fameuse lettre cristallise toutes les attentions, entraînant Jonas et son entourage vers une issue incertaine.
Une parenthèse romantique touchante
Assis au bistro en bas de chez son ancienne amante, le personnage de Jonas ne cesse d’épancher sa tristesse sur papier, d’observer la fenêtre de Léa ou de croiser des personnages intrigués par cet homme triste et pourtant attendrissant.
Cela peut sembler peu quand on le raconte, mais, à l’écran, Chère Léa parvient à ne jamais nous ennuyer. Utilisant parfaitement son format court (1h30) et relançant en permanence son intrigue par de petits événements, Jérôme Bonnel parvient à maintenir l’équilibre entre l’absurde, le burlesque et le mélancolique, sans aucune rupture de rythme.
Des figures crédibles
Grégory Montel incarne avec justesse ce personnage maladroit, à la dérive tant sur le plan personnel que professionnel, qui d’abord déconcerte avant de lentement nous séduire par sa sincérité.
Autour de lui, Grégory Gadebois (Présidents) incarne parfaitement le gérant du bistrot aussi curieux que débonnaire dont le regard pénétrant semble toujours deviner la suite des événements.
Anaïs Demoustier (Gloria Mundi) joue quant à elle la fameuse Léa et s’en sort avec brio malgré un rôle naturellement complexe et ingrat. Enfin, citons Léa Drucker qui, bien que n’ayant qu’une seule scène dans Chère Léa, parvient à nous émouvoir durant ce laps de temps.
Une réalisation intimiste
Du côté de la réalisation, Jérôme Bonnel (A trois on y va, Le temps de l’aventure) reste en accord avec son sujet en donnant autant d’importance aux scènes explicitées face caméra qu’ à celles restées hors-champ.
Une façon de nous montrer combien les personnages, Jonas en tête, sont souvent incapables d’exprimer leurs sentiments, laissant le silence et les non-dits sous-entendre que chacun au-delà de cette parenthèse « vaudevillesque » possède une vie plus complexe dont il devra tôt ou tard reprendre le cours.
Une curiosité à voir
On pourrait arguer que Chère Léa ne raconte finalement pas grand chose. On pourrait aussi se dire que ces thématiques ont déjà été traitées dans des métrages de plus grandes envergure. Et on pourrait finalement en conclure que Chère Léa n’est qu’un petit film mineur.
Tout cela serait en réalité vrai et faux à la fois, car à partir de ce parcours intime, nous touchons des vérités communes, de ce « petit » film, nous frôlons la grande proposition cinéma et avec peu, nous sommes tout de même sortis de la salle satisfaits. C’est ça le charme de Chère Léa : la promesse tenait en une ligne, mais c’était suffisant.