Caractéristiques
- Titre : Revoir Paris
- Réalisateur(s) : Alice Winocour
- Scénariste(s) : Jean-Stéphane Bron et Alice Winocour
- Avec : Virginie Efira, Benoît Magimel, Grégoire Colin et Nastya Golubeva Carax
- Distributeur : Pathé Films
- Genre : Drame
- Pays : France
- Durée : 103 minutes
- Date de sortie : 7 septembre 2022
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- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Retrouver la mémoire
Nouveau long-métrage d’Alice Winocour (réalisatrice du très bon Proxima), Revoir Paris raconte l’histoire de Mia (Virginie Efira) qui vit à Paris et est prise dans un attentat dans une brasserie. Trois mois plus tard, alors qu’elle n’a toujours pas réussi à reprendre le cours de sa vie et qu’elle ne se rappelle de l’évènement que par bribes, Mia décide de retrouver la mémoire pour retrouver le chemin d’un bonheur possible…
Il semblerait que le cinéma français s’attaque de plus en plus au sujet des attentats du 13 novembre 2015 puisque le film d’Alice Winocour précède de peu dans les salles la sortie de Novembre de Cédric Jimenez, qui sortira en octobre. Sûrement qu’auparavant, les cicatrices étaient encore trop fraîches et que maintenant il est temps de commencer à y faire face, d’autant plus que le procès des attentats du 13 novembre s’est achevé le 29 juin 2022.
En ce qui concerne Revoir Paris et surtout son scénario, Jean-Stéphane Bron et Alice Winocour se concentrent sur Mia et sa reconstruction après l’attentat. Elle ne se souvient pas de tout le déroulé de cette soirée. En essayant de retrouver la mémoire pour reconstituer le fil des événements, en allant notamment à la rencontre d’autres victimes, en aidant l’une d’elles et en rejoignant une association, elle va pouvoir se reconstruire.
Le scénario possède clairement des forces et des faiblesses. Pour le côté positif, il faut reconnaitre que le sujet du syndrome de stress post-traumatique est bien traité. Le personnage de Mia peut ainsi avoir des réactions ou des réflexes qu’une personne qui n’a pas vécu ce qu’elle a vécu ne comprendrait pas forcément. Par exemple, on peut voir la manière dont un simple gâteau d’anniversaire, qui devrait plutôt mettre dans un état d’esprit festif, peut ramener à un attentat. Cette dimension est bien traitée.
Se reconstruire
La recherche des souvenirs et la recherche d’une personne prise dans les attentats sont également des sujets bien traités. Il faut dire que face à l’ignominie, nous sommes tous égaux (ce qui peut se traduire par des réactions bonnes ou mauvaises) et cela ressort également dans le film. La cohésion de groupe, la fraternité (au travers du personnage de Félicia), l’entraide, peuvent également faire une grande différence dans le processus de reconstruction.
En revanche, la relation entre Mia et son compagnon, pourtant bien installée, après l’attentat est assez incompréhensible. On ne le voit pas essayer de l’aider ou de la comprendre alors qu’il est médecin ! Si, au moins, le personnage essayait d’aider Mia, on comprendrait mieux ce qui se déroule ensuite, mais ce n’est pas le cas ici. Cette trame narrative est assez mal écrite et développée pour le coup.
Une écriture qui laisse à désirer pour certains personnages
Et on en vient au personnage de Thomas (Benoît Magimel), qui aurait pu être mieux traité plutôt que d’être réduit au simple statut d’ « intérêt amoureux » de Mia. Celui-ci se trouvait aussi dans le bar lors de l’attentat et est physiquement plus touché qu’elle, mais il garde sa bonne humeur, bien qu’il soit devenu claustrophobe et ait perdu ses amis ce soir-là. L’entraide entre les deux personnages est sympathique, mais la romance est de trop et surtout mal gérée. On n’y croit tout simplement pas. Il aurait fallu simplement conserver le côté amical de cette relation, qui aurait été plus convaincante scénaristiquement parlant.
Côté réalisation, Alice Winocour nous plonge autant dans l’horreur de l’attentat, avec des images assez réalistes et crues, que dans la reconstruction, avec de belles images, que ce soit pour la représentation de Paris, des personnages ou encore une scène dans un musée. Elle gère très bien les deux facettes de son récit et sa mise en scène est bonne, sans fioritures. Elle laisse parfaitement les acteurs faire leur travail. Le montage est aussi bon car il fait bien la place à la reconstruction du personnage. On a seulement un petit regret du côté de la musique d’Anna Von Hausswolff, un peu trop électro et un peu en décalage avec le propos du film, même si elle fonctionne parfaitement pour la scène du musée, par exemple.
Un casting impliqué
Concernant le casting, Virginie Efira est excellente la plupart du temps dans le rôle de Mia. Elle fait bien passer les émotions et le travail de reconstruction entrepris par son personnage. On notera tout de même une ou deux scènes où elle surjoue légèrement. Benoît Magimel est charmant dans le rôle de Thomas. Pour Grégoire Colin, qui incarne Vincent, le compagnon de Mia, c’est un peu plus compliqué. Il interprète bien le personnage, mais la façon dont celui-ci est écrit est un peu à côté de la plaque. Il est donc assez compliqué de le juger sur sa performance en tant que telle. Enfin, la jeune Nastya Golubeva Carax fait quelques apparitions remarquées dans le rôle de Félicia, notamment lors d’une scène dans le musée.
Revoir Paris, malgré certaines réserves, reste un bon film sur le stress post-traumatique et la reconstruction après un attentat, le tout porté par une bonne réalisation et une Virginie Efira très convaincante.