Caractéristiques
- Titre : The Batman
- Réalisateur(s) : Matt Reeves
- Scénariste(s) : Matt Reeves, Peter Craig
- Avec : Robert Pattinson, Colin Farrell, Zoë Kravitz, Paul Dano, Jeffrey Wright, Andy Serkis, John Turturro...
- Distributeur : Warner Bros France
- Genre : Action, Policier, Drame
- Pays : Américain
- Durée : 167 minutes
- Date de sortie : 2 mars 2022
- Note du critique : 9/10 par 1 critique
Une adaptation plus proche des comics
Le personnage de Batman a été maintes et maintes fois réinterprété au cinéma. On en est déjà au sixième acteur en un peu plus de trente ans qui endosse la cape. Cette fois, c’est le réalisateur Matt Reeves (La Planète des Singes : Suprématie) qui nous offre son interprétation du personnage qui, comme Joker, sera en dehors du DCEU. Après avoir sillonné les rues de la ville sous l’identité de Batman pendant deux ans et instillé la peur chez les criminels, Bruce Wayne a exploré les quartiers les plus mal famés de Gotham City. Conscient qu’il ne peut plus compter que sur quelques rares alliés de confiance – Alfred Pennyworth, le lieutenant James Gordon – parmi les notables corrompus de la ville, le justicier solitaire s’est imposé comme le seul citoyen capable d’obtenir vengeance. Lorsqu’un tueur s’en prend aux élites de Gotham City en mettant au point des crimes sadiques, un faisceau d’indices mystérieux plonge notre enquêteur masqué dans les bas-fonds où il croise la route de Selina Kyle, alias Catwoman, Oswald Cobblepot, alias le Pingouin, Carmine Falcone et Edward Nashton. Tandis qu’il commence à acquérir la certitude que le criminel se trouve sans doute à Gotham City et qu’il voit désormais clair dans son jeu, Batman doit nouer de nouvelles alliances, démasquer le coupable et rétablir la justice dans une ville depuis trop longtemps en proie aux abus de pouvoir et à la corruption.
Le scénario de Matt Reeves et Peter Craig s’inspire vraiment de certains comics (on pourrait citer, entre autre, Un Long Halloween, Batman : Année Un, ou encore Batman : Année zéro) pour nous sortir une histoire qui est certainement la plus proche de ce qu’est le Chevalier Noir dans les comics. Autant le dire tout de suite, The Batman n’est pas un film d’action à la Christopher Nolan. C’est une enquête, un thriller, un polar noir, dans laquelle chaque indice est crucial. En cela, on sent complètement le côté détective de Batman, plus que ce qu’on a déjà vu dans d’autres films. Oui, il y a des scènes d’action mais elles sont peu nombreuses. Le choix du méchant, l’Homme Mystère (The Riddler en VO) est crucial. Il permet, avec ses énigmes, d’accentuer le côté détective de l’ensemble. Du côté des personnages, c’est aussi tout bon. Ils sont tous très bien introduits. Chacun a son agenda et ils sont tous bien développés comme il faut – et pourtant, la galerie de personnages est quand même assez étendue.
Une enquête prenante
En premier lieu, Bruce Wayne/Batman. Celui-ci n’est pas encore le héros de Gotham. Il est un justicier qui sème la peur. Il travaille étroitement avec le lieutenant Gordon. Là aussi, c’est une nouveauté. Les deux personnages ont des scènes d’enquête ensemble, ce qui renforce leur lien, car tout le monde dans la police (même le commissaire) n’est pas pour cette coopération. Aussi, Bruce Wayne va devoir plonger dans le passé de sa famille pour découvrir que tout n’est pas aussi rose qu’il le pensait. Il va ensuite devoir dépasser la simple vengeance qu’il incarne pour devenir autre chose. Et c’est encore une nouveauté, qui nous rapproche aussi des comics, qui va nous intéresser : le fait que la narration en voix off soit faite par Batman. C’est quelque chose qui nous offre une approche très intéressante, car, que les séquences mettent en scène Bruce Wayne ou Batman, il y a peu de dialogues.
Il faut aussi revenir sur les intentions de L’Homme Mystère, qui sont complètement compréhensibles malgré des méthodes, évidemment, répréhensibles. Celui-ci veut montrer la corruption de Gotham en tuant les puissants qui ne se comportent pas comme il faut. Il veut les mettre en lumière, tout en montrant à Batman ce qu’il ne voit pas. C’est vraiment intéressant. Enfin, le cas Catwoman est aussi plaisant. Celle-ci est en quête de vengeance et trouve un allié en Batman. Leur relation est très bien explorée, jusque dans le final du long-métrage. En tout cas, sur le scénario et les personnages, il n’y a rien à redire. Tout est bien développé et équilibré.
Une réalisation au service du spectateur
La réalisation de Matt Reeves est aussi de qualité. Il nous l’a déjà prouvé par le passé, il n’est pas un cancre avec la caméra. Il a compris ici qu’on était davantage dans le thriller et il s’en approprie les codes visuels. Il joue avec les flous parfaitement pour que l’on se concentre sur un détail précis. Un détail qui peut devenir crucial deux heures après. Il invite, par sa mise en scène, le spectateur à essayer de trouver les réponses. Il embrasse aussi le côté sombre de l’univers. Gotham n’a jamais été aussi sale, les ordures traînent partout. Même visuellement, grâce à la direction photo de Greig Fraser (Dune), le film est très sombre, il y a très peu de lumière, même en plein jour, c’est souvent nuageux et pourtant, l’ensemble est pensé pour être très réaliste. Seules quelques scènes en lever ou coucher de soleil offrent un petit répit et montrent un peu d’espoir pour les personnages et Gotham.
On soulignera aussi la qualité des scènes d’action. Celle-ci sont lisibles, que ce soit pour les combats à mains nues ou encore une course-poursuite en voiture. Il faut noter que The Batman possède un rythme lent, embrassant là aussi le côté enquête du film, mais ce n’est clairement pas un défaut : le film cherche à installer une ambiance et cela marche parfaitement. Les 2h47 sont prenantes et sans temps mort. Les effets spéciaux sont aussi de qualité et nous plongent parfaitement dans l’univers de Gotham. Enfin, la musique de Michael Giacchino (Spider-Man : No Way Home) nous plonge parfaitement dans le film. Les thèmes de Batman, Catwoman et l’Homme Mystère imprègnent nos oreilles. Le compositeur nous offre quelque belles envolées dans le final du film. Aussi, l’utilisation de la chanson « Something in the Way » de Nirvana incarne vraiment l’ambiance du sombre et grunge de The Batman.
Un casting cinq étoiles impliqué
Concernant les acteurs, Robert Pattinson (TENET) est excellent dans le rôle de Batman/Bruce Wayne. Il embrasse autant le côté torturé de son personnage que son côté détective. Physiquement, il est aussi impressionnant dans son costume. Colin Farrell (The Gentlemen) est méconnaissable dans le rôle du Pingouin, autant physiquement que par sa voix. Il incarne véritablement le personnage. Zoë Kravitz s’avère une très bonne surprise dans le rôle de Catwoman, aussi agile sur les scènes d’action que dans l’interprétation qu’elle fait de Selina Kyle. L’alchimie avec Pattinson est l’un des gros points forts du film. Paul Dano est surprenant en Homme Mystère. Jeffrey Wright (Mourir Peut Attendre) est très bon dans le rôle de Gordon. Il participe clairement à l’intrigue et à l’action – plus que ses prédécesseurs. Andy Serkis est un Alfred très convenable malgré son peu de temps de présence à l’écran. Enfin, John Turturro est excellent dans le rôle de Carmine Falcone.
The Batman est une enquête, un polar noir et un thriller rondement mené. Il s’agit sûrement de l’adaptation du Chevalier Noir la plus proche des comics, autant d’un point de vue narratif que visuel. Le tout est sublimé par une très bonne réalisation et un casting cinq étoiles. Brillant, sombre, réaliste et captivant.