Caractéristiques
- Titre : Inexorable
- Réalisateur(s) : Fabrice Du Welz
- Scénariste(s) : Joséphine Hopkins, Aurélien Molas et Fabrice du Welz
- Avec : Benoît Poelvoorde , Mélanie Doutey , Alba Gaia Bellugi, Jackie Berroyer et Janaïna Halloy-Fokan
- Distributeur : The Jokers/ Les Bookmakers
- Genre : Thriller
- Pays : France/Belgique
- Durée : 98 minutes
- Date de sortie : 6 avril 2022
- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Un bon thriller, mais trop prévisible
Nouveau long-métrage du Belge Fabrice Du Welz (Adoration, Message from the King, Vinyan), Inexorable raconte l’histoire de Jeanne Drahi qui, à la mort de son père, éditeur célèbre, emménage dans la demeure familiale en compagnie de son mari, Marcel Bellmer, écrivain à succès, et de leur fille. Mais une étrange jeune fille, Gloria, va s’immiscer dans la vie de la famille et bouleverser l’ordre des choses… Après avoir terminé sa trilogie ardennaise avec Adoration, le réalisateur veut s’attaquer à un nouveau genre de film : le home invasion, mais façon thriller érotique des années 90 (Liaison Fatale, Basic Instinct, etc.) avec une touche de film de genre à la Dario Argento. On sent à travers ça que le réalisateur veut évoluer vers un cinéma plus « commercial », tout en gardant ses thèmes de prédilection, dont le couple et l’obsession. Tout comme le prénom Gloria, qui revient toujours dans sa filmographie. Du coup, est ce que ce mélange fonctionne ?
Du côté du scénario, c’est réussi, mais pas complètement. Celui-ci nous dépeint bien le couple de Jeanne et Marcel et ce qu’ils traversent dans ce moment de deuil où leur vie est chamboulée. De plus, Marcel cache un secret qui risque de mettre en péril leur couple. Leur jeune fille, Lucie, doit s’adapter à cette nouvelle vie alors qu’elle découvre une nouvelle école. C’est là qu’arrive Gloria, qui va tout chambouler. Elle aussi a un secret. Alors oui, cela paraît assez simple, mais c’est efficace. Il y a une progression naturelle, que ce soit dans la narration de l’intrigue ou des personnages. Les personnages sont bien développés, surtout pour Jeanne et Marcel, dont le couple est passé à la loupe. De ce côté-là, il n’y a rien à redire, c’est maîtrisé. Le seul problème que possède vraiment le long-métrage, c’est qu’il est assez prévisible, que ce soit dans ses révélations ou rebondissements. On voit tout venir à l’avance, si bien qu’il n’y a pas vraiment d’effet-surprise.
Une réalisation intéressante
Côté réalisation, on sent que le réalisateur multiplie les genres : on passe aisément du thriller à l’horreur. Certains plans, assez symboliques avec l’utilisation du rouge, rappelleront clairement le cinéma de Dario Argento. On sent aussi d’autres inspiration dans le cadre, comme Kubrick, pour la scène d’ouverture avec la voiture. Il gère très bien son cadre et les flous pour nous amener là où il veut, tout en ayant une photographie réaliste la plupart du temps. On sent une évolution de ce côté-là.
Comme pour ses précédents films, il a tourné en Super 16, ce qui donne une image assez granuleuse qui convient parfaitement à Inexorable. Mais il n’en perd pas non plus son style avec des scènes dans la nature dont il a l’habitude. Le rythme du film est bon, avec une courte durée, malgré un rythme assez lent, on ne s’ennuie pas. La musique de Vincent Cahay se fait assez discrète, mais est toujours là pour donner une ambiance et une atmosphère pesante au long-métrage. Enfin, il faut parler du décor de la maison, qui est davantage un manoir. Celui-ci, que ce soit par ses extérieurs ou ses intérieurs, est un personnage en lui-même et donne une atmosphère à la fois sombre et lumineuse.
Poelvoorde à nu et la révélation Alba Gaia Bellugi
Concernant les acteurs, Benoît Poelvoorde (Comment je suis devenu super-héros) se met littéralement à nu pour le rôle de Marcel. Il incarne parfaitement le personnage et c’est sûrement là l’une de ses meilleurs interprétations. Il n’en fait pas des tonnes et la joue beaucoup plus subtile que d’habitude. Pour Mélanie Doutey c’est un peu plus compliqué. Elle livre une belle performance pour les scènes plus intimes, mais pour le reste, elle surjoue légèrement. Alba Gaia Bellugi est la révélation du film, elle interprète parfaitement Gloria. Que ce soit dans ses moindres gestes, sourires ou dans sa folie, elle montre toutes les facettes de son personnage et le fait admirablement bien. Jackie Berroyer est peu présent, mais apporte un petit plus avec son savoir faire. Enfin, la très jeune Janaïna Halloy-Fokan est très bonne pour son âge. On notera surtout sa prestation lors d’une fête où elle donne tout lors d’une danse-transe.
Inexorable est un bon thriller, maîtrisé et rondement mené, mélangeant parfaitement les genres, bien réalisé, avec un casting assez impliqué. Ses défauts sont comblés par ses nombreuses qualités pour nous faire passer un bon moment. Le Fabrice Du Welz 2.0 a une évolution suffisamment intéressante pour que l’on suive ça d’assez près.