Caractéristiques
- Titre : Nope
- Réalisateur(s) : Jordan Peele
- Scénariste(s) : Jordan Peele
- Avec : Daniel Kaluuya, Keke Palmer, Steven Yeun, Michael Wincott et Brandon Perea.
- Distributeur : Universal Pictures France
- Genre : Horreur, Thriller
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 130 minutes
- Date de sortie : 10 août 2022
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- Note du critique : 4/10 par 1 critique
Une métaphore peu subtile du cinéma
Nouveau long-métrage écrit et réalisé par Jordan Peele (Get Out, Us), Nope raconte l’histoire d’habitants d’une vallée perdue du fin fond de la Californie, témoins d’une découverte terrifiante à caractère surnaturel. Est-ce que le film sera encore une réussite aux box-office pour le réalisateur ?
Ce qui pose le plus gros problème ici, c’est le scénario de Jordan Peele. A commencer par le traitement des personnages. Ceux-ci sont creux, sans vraie personnalité et n’ont qu’un seul but : avoir la preuve de ce qu’il se passe dans leur ranch (pour OJ et Em) pour devenir célèbres et gagner de l’argent. De plus, ils ne connaissent pas vraiment d’évolution et n’ont pas de véritable arc narratif dans le film, alors que OJ, Em et Ricky ont tous vécu un traumatisme. Il aurait été bienvenu de faire le parallèle et de trouver un exutoire à leurs traumatismes, mais non. Il est donc dur de s’attacher à eux quand ils ont peur ou quand il leur arrive quelque chose. Il en est de même pour les personnages d’Antlers et Angel.
Le scénario s’intéresse plus en réalité à la métaphore que le réalisateur/scénariste met en place qu’à autre chose. Il est ici question de cinéma et tout parle du 7ème art. Que ce soit le métier de OJ (dresseur de chevaux pour le cinéma), le ranch où ils vivent qui fait très western ou encore l’utilisation de différentes caméras (argentiques ou numériques) pour avoir le plan parfait de l’objet (appelons ça un OVNI) qui traîne. Même les deux formes de cet OVNI ont un rapport avec le cinéma (subtilité, bonjour !). Par l’intrigue, on revisite l’histoire du cinéma en passant par différents genres, le western donc, mais aussi le film d’horreur. Le problème, c’est que les scène d’horreur ne font pas peur. Seule une scène pourrait vous faire frissonner, mais est désamorcée assez vite.
Des personnages creux… mais une excellente réalisation
Evidemment, quand un film parle de cinéma, on peut s’attendre bien sûr à ce qu’il y ait pas mal de références à certaines œuvres. On trouvera ainsi des clins d’œil au western de Ford, à Spielberg, Shyamalan, Tarantino (pour le chapitrage principalement)… Il y a même des références aux mangas. On pourrait citer un plan de moto qui fait complètement référence à Akira. Et donc, le problème de ce melting-pot est qu’à part de parler de cinéma, le film ne raconte pas grand chose. Alors certes, l’histoire de cet OVNI qui doit être traité comme un animal pour pouvoir être dompté, comme on dompte et on apprend le cinéma et ses codes, peut être intéressante pour ceux qui se passionnent pour le septième art, mais est-ce que cela plaira réellement aux autres ? Pas sûr.
Concernant la réalisation, c’est, au contraire du scénario, très bon : le réalisateur met tout ce qu’il peut dans ce film. Il y a pas mal de superbes plans et de compositions. La direction photo de Hoyte Van Hoytema (Tenet) est magnifique, surtout sur certaines scènes de nuit avec du sang – nous n’en dirons pas plus… Il arrive aussi bien à capter l’ambiance western du ranch que les quelques moments d’horreur. Le montage est aussi bon et, même si nous avons un problème avec le scénario, il faut tout de même dire que les 2h10 passent assez vite. Les décors, surtout naturels, sont magnifiques. Il faut aussi noter qu’il y a un gros travail sur le son qui a été fait sur le film, que ce soit au niveau des cris ou des bruits. Enfin, la musique de Michael Abels accompagne le tout comme il faut.
Des acteurs convaincants
A propos des acteurs, Daniel Kaluuya (Queen & Slim) fait ce qu’il fait de mieux dans le rôle de OJ, à savoir être stoïque et ne montrer aucune émotion. Keke Palmer (Buzz L’Eclair) a plus de matière et offre une diversité dans son jeu bienvenue, que ce soit dans l’enthousiasme ou la peur. Le personnage d’Em est sûrement celui dans lequel le public peut le plus se projeter. Une belle performance. Steven Yeun a peu de matière, mais il l’utilise vraiment bien. C’est dommage que le traumatisme du personnage ne soit pas plus abordé que cela. Michael Wincott est un acteur que l’ont voit trop rarement et c’est bien dommage car il est aussi excellent dans le rôle du directeur photo Antlers Holst. On espère que ce film lui ouvrira plus de portes. Enfin, c’est par le personnage d’Angel et la performance de Brandon Perea que l’humour arrive. Son personnage dit tout haut ce que le spectateur pense. Une belle prestation.
Nope est donc bien réalisé et bien joué, mais cela ne compense pas un scénario qui se présente comme une métaphore peu subtile du cinéma et qui ne raconte pas grand chose dans le fond, alors qu’il aurait pu en être autrement. Un long-métrage beau sur la forme, mais défaillant dans le fond.