[Test – PlayStation 5] Gotham Knights : Un Arkham allégé

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 5
      Existe aussi sur :
    • Ordinateur/PC
    • Xbox Series X/S
  • Titre : Gotham Knights
  • Développeur : Warner Bros Montréal
  • Editeur : Warner Bros Interactive Entertainment
  • Date de sortie : 21 octobre 2022
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 4/10

Le batarang manque sa cible

Gotham Knights est le dernier rejeton spirituel de la série Arkham porté sur l’univers du chevalier noir et deuxième incursion dans ce domaine du studio WB Games Montréal déjà auteur du décrié Batman Arkham Origins (ce qui en l’occurence était un peu injuste).

Le soft a évolué par rapport au modèle initial et a été modifié par ses créateurs en un système de loop façon RPG Like (qui ne sert hélas à rien dans un jeu narratif) se déroulant (ça on s’en doutait) dans un monde ouvert établi à Gotham City. Faisant scénaristiquement suite à la mort du chevalier noir, on est dans cette version libre d’utiliser quatre personnages jouables : Nightwing, Batgirl, Robin, et Red Hood. Chaque personnage a son propre style de jeu, ainsi que ses propres capacités qui peuvent évoluer au fil du temps et, bien que le mode solo existe toujours, le gameplay propose désormais un mode multijoueur coopératif à 2 joueurs en ligne. Des changements qui auraient pu être intéressants mais, comme nous allons le voir, tombent malheureusement à plat, surtout qu’on se demande si le but de tout cela n’est pas juste de multiplier artificiellement la durée de vie par quatre.

RIP Batman

Le jeu fait plus ou moins suite à Arkham Knight, la mort de Bruce Wayne aka Batman étant actée. Cette première surprise, scénaristique décrite dans une intro assez épique, n’entretient néanmoins un lien avec son prédécesseur que de manière très ténue, donnant plus ou moins à Gotham Knights des allures de spin-off ou de réalité parallèle. D’autres détails nous interpellent, comme le fait que le commissaire Gordon semble également décédé (ce qui n’était absolument pas le cas à la fin d’Arkham Knight) et qu’il n’est fait aucune mention du Joker (ce qui est plutôt une bonne nouvelle vu son utilisation abusive dans les précédents opus).

Les ennemis de nos quatre protagonistes, que l’on peut incarner aléatoirement mais qu’il faudra développer chacun de manière individuelle, seront dans cet épisode essentiellement la Cour des Hiboux et la Ligue des Assassins avec, en prime, quelques figures bien connues, comme Mr Freeze, Harley Quinn, Clayface ou encore le Pingouin. Il est d’ailleurs dommage de constater que, malgré l’univers si riche de Batman, le scénario s’avère bien en deçà de ce que la rencontre avec ces deux puissantes organisations du crime (en particulier la Cour des Hiboux, qui semble vouée à ne jamais connaître une bonne adaptation à l’écran) pouvait nous laisser espérer. Les quêtes secondaires face à d’autres antagonistes de l’Arkham-verse s’avèrent plus intéressantes, ce qui n’empêche pas une certaine lassitude à force de refaire des missions répétitives pour optimiser ses performances, au risque de se retrouver dans des combats interminables si l’écart de niveau de puissance est trop élevé.

Gotham by night

L’univers de cet opus a lui aussi radicalement changé, passant des couleurs plutôt sombres et gothiques des précédents volets à une atmosphère beaucoup plus criarde et colorée. C’est simple, on a l’impression que les jeux ont fait le même la même chose que les films à une époque et qu’on nous a remplacé Tim Burton par Joël Schumacher, ce qui n’est pas vraiment un compliment, surtout qu’au passage, la ville de Gotham a beaucoup perdu de son charisme avec des graphismes pas toujours très beaux et, surtout, une absence de caractérisation des lieux traversés. Qui plus est, la cité semble complètement vide, avec encore moins de PNJ que dans Arkham Knight, ce qui n’aide pas vraiment à l’immersion.

Le jeu tournant à seulement 30 FPS, on se retrouve avec des moments gênants, comme les passages à moto où le sentiment de vitesse est pour ainsi dire absent, surtout quand on a du mal à rattraper un vulgaire taxi ou qu’on se bouffe des murs invisibles avec.

De quoi largement regretter la Batmobile du précédent volet et son arsenal de destruction qui, en plus, nous permettait de varier l’action et de vraiment se déplacer vite dans la ville, ce qui n’est pas le cas dans Gotham Knights, où tout vous parait lent à un point tel que vous passez davantage de temps avec votre grappin (dont la précision est en plus à revoir) que sur votre moto.

Bien sûr, vous pourrez débloquer l’option Cape Crusader pour planer au-dessus de la ville comme avant, mais seulement après de nombreuses heures de défis tous semblables et chiants au possible censés être optionnels mais pas tant que ça puisque, si vous ne les faites pas, vous pouvez terminer le jeu sans jamais avoir obtenu ce bonus (!) de gameplay.

Précisons tout de même en points positifs des doublages corrects, des musiques loin d’être aussi mémorables que celles de la trilogie Arkham, mais qui rythment tout de même le jeu et, pour ceux qui auraient le courage d’aller au bout, les lieux traversés fourmillent de textes et de références aux comics, ce qui fait toujours plaisir.

capture gotham knights sur ps5

Allez rame Batou, rame!

Techniquement, c’est là où le jeu se ramasse complètement et rappelle davantage le système de jeu des Spiderman que celle des précédents Batman.

Dès le début, on se met à regretter l’absence du Lock sur les ennemis qui rend les combats extrêmement bordéliques. C’est simple, il n’est pas rare que vous passiez tout un combat à vider la moitié de vos chargeurs sur les murs.

Qui plus est, la plupart des ennemis sont des sacs à PV et la plupart des combats s’avèrent interminables, aidés en cela par des combos assez répétitifs (qui l’étaient aussi à force dans les autres opus, mais les combats étant plus courts et plus dynamiques cela se ressentait moins) et l’impossibilité de ripostes et de blocages qui se fait cruellement sentir

Les déplacements des personnages sont extrêmement lourds et les mouvements peu fluides, sans parler des caméras qui, elles, sont catastrophiques, au point que vous vous faites sans cesse repérer par l’ennemi tandis que vous êtes bloqués comme une andouille sur un rebord de fenêtre ou contre un lampadaire.

Au final, c’est l’incompréhension qui domine car, malgré toute l’expérience acquise par ses prédécesseurs et un système de jeu qui avait fait ses preuves, Warner Bros Montréal a réussi à rendre son spin-off souvent injouable et chiant au possible la plupart du temps malgré une histoire qui, bien que peu transcendante, invite tout de même une galerie de vilains toujours très agréables à côtoyer.

Si nous voulions nous montrer un peu sarcastiques, nous pourrions dire que la réponse se trouve peut être dans la philosophie de ses créateurs, qui semblent avoir eu davantage d’imagination pour placer de nombreux messages LGBTQ dans Gotham Knights que pour enrichir intelligemment le gameplay. Entre les e-mails qu’échangent des personnages, des drapeaux colorés à tort et à travers, des PNJ qui se déclarent LGBT (sans aucune cohérence avec la conversation), quelques drapeaux ukrainiens aussi pour se donner bonne conscience et, cerise sur le gâteau, une femme voilée présentant le bulletin d’information à la télé, on se plaît à penser que cette brillante équipe, sans doute fière du placement de ses produits, a sans doute malencontreusement oublié de finir correctement leur jeu.

Ne reste donc qu’un univers riche et passionnant prisonnier d’un jeu qui, lui, n’est ni l’un ni l’autre. Un véritable cas d’école.

Pour aller plus loin

Pour ceux qui aimeraient aller plus loin sur le sujet de la présence de signes LGBTQ, le studio de développement du jeu a abordé lors d’une discussion Discord la dimension LGBT présente dans le jeu, qu’ils qualifient de “secondaire” pour “honorer le monde dans lequel nous vivons” et, en effet, “sans lien” avec l’intrigue principale. Mais aussi pour honorer le personnage de Robin, présenté comme bisexuel dans les comics depuis Batman: Urban Legends #6. Une partie de leurs propos sont retranscrits dans cet article. Le site anglo-saxon Gaymingmag, quant à lui, tout en saluant l’effort de représentation, ne manque cependant pas de remarquer en préambule de leur article sur le jeu qu’il est étrange que Gotham, considérée comme la pire ville au monde où vivre, soit aussi inclusive et possède même sa Gay Pride…

Article écrit par

Depuis toujours, je perçois le cinéma, certes comme un art et un divertissement, mais aussi et surtout comme une porte vers l'imaginaire et la création. On pourrait dire en ce sens que je partage la vision qu'en avait Georges Méliès. Avec le temps, de nombreux genres ont émergé, souvent représentatifs de leurs époques respectives et les bons films comme les mauvais deviennent ainsi les témoins de nos rêves, nos craintes ou nos désirs. J'ai fait des études de lettres et occupé divers emplois qui jamais ne m'ont éloigné de ma passion. Actuellement, sous le pseudonyme de Mark Wayne (en hommage à l'acteur John Wayne et au personnage de fiction Bruce Wayne alias Batman), je rédige des critiques pour le site "Culturellement Vôtre". Très exigeant dans ma notation des films, en particulier concernant le scénario car c'est la base sur lequel aucun bon film ne peut émerger s'il est bancal ou pour le moins en contradiction avec son sujet. Je conserve une certaine nostalgie d'une époque qui me semble (pour l'instant) révolue où le cinéma ne se faisait pas à base de remakes, intrigues photocopiées et bien-pensance. Néanmoins, rien n'entame mon amour du cinéma, et chaque film que je regarde me le rappelle, car bons ou mauvais, ils restent le reflet de notre époque.

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