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[Critique] Insidious : The Red Door – Une reprise de flambeau réussie pour Patrick Wilson ?

Caractéristiques

  • Titre : Insidious : The Red Door
  • Réalisateur(s) : Patrick Wilson
  • Avec : Patrick Wilson, Ty Simpkins, Rose Byrne, Andrew Astor, Lin Shaye, Spencer  Locke et Caitlin Gerard
  • Distributeur : Sony Pictures Releasing France
  • Genre : Epouvante-horreur, Fantastique
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 107 minutes
  • Date de sortie : 5 juillet 2023
  • Acheter ou réserver des places : Cliquez ici
  • Note du critique : 8/10

Un film d’horreur classique mais efficace

Il y a dix ans, à la fin de Insidious : Chapitre 2, Dalton et son père Josh refermaient la porte du Lointain, cette dimension fantastique où de rares personnes maîtrisant le « voyage astral » pouvaient communiquer avec les esprits des défunts, pour le meilleur mais aussi, souvent, pour le pire. Après deux préquelles sorties respectivement en 2015 (Insidious : Chapitre 3) et 2018 (Insidious : La Dernière Clé), l’histoire de la famille Lambert semblait définitivement clôturée. C’est pourtant sous l’impulsion de Patrick Wilson, l’interprète des deux premiers volets, cette fois-ci à la réalisation, que la saga revient sur nos écrans le 5 juillet 2023 pour un cinquième opus qui propose une suite directe à Insidious 1 et 2.

Dans Insidious : The Red Door, neuf années ont passé. Josh et sa femme Renai (Rose Byrne) ont divorcé et leur fils aîné Dalton (Ty Simpkins) s’apprête à entrer à l’université pour suivre des études d’art. L’entente semble très difficile entre le jeune homme et son père et, grâce à une séance d’hypnose effectuée quelques années plus tôt, aucun des deux ne garde en mémoire les événements paranormaux qui ont frappé leur famille. Pourtant, de nouveaux incidents vont se produire, faisant ressurgir les souvenirs de leur lourd passé…

Alors que les personnages semblent déjà avoir affronté le pire dans les premiers volets, la question majeure que cette suite entend soulever est celle du traumatisme. Faut-il oublier un événement choquant ou au contraire l’affronter, afin de le surmonter ? Pour répondre à cette question, le réalisateur choisit d’alterner entre le point de vue du père, Josh, qui essaye de comprendre son amnésie en se lançant dans une série d’analyses médicales, et celui de son fils, Dalton, qui va vivre ses cours de dessin comme une sorte de thérapie. Ce va-et-vient constant entre les personnages confère au long-métrage un dynamisme accru, et relance sans cesse l’intérêt du spectateur.

Après avoir brillé en tant que comédien à Broadway, puis comme star du cinéma d’horreur, Patrick Wilson poursuit l’aventure Insidious à la réalisation, à la suite de Leigh Whannell, Adam Robitel et, évidemment, James Wan. Si ce dernier nous avait habitués à une mise en scène plus léchée, celle de Wilson ne comporte aucune fulgurance, mais se révèle malgré tout assez efficace. Sa connaissance et sa fidélité à l’univers lui permettent de reprendre les principaux motifs qui avaient fait le succès de la saga : arrière-plans angoissants, jump scare percutants et brutalité de certains affrontements… Tout est là pour faire passer au spectateur un moment aussi angoissant que divertissant.

Une conclusion convaincante pour la saga

image patrick wilson the red door insidious
Copyright 2023 Sony Pictures Entertainment Deutschland GmbH

Insidious : The Red Door s’inscrit avant tout au sein d’une saga, à la suite des deux premiers volets Insidious, les troisième et quatrième films n’étant que des préquelles. Il semble donc important d’avoir une bonne connaissance de l’histoire de Josh et Dalton afin d’apprécier ce cinquième volet dans les meilleures conditions possibles. Les références directes aux péripéties des précédents films sont en effet nombreuses, et le réalisateur ne s’encombre pas d’explications didactiques sur l’univers et ses codes. Il s’appuie également sur la nostalgie du spectateur et sur son attachement aux personnages principaux. La scène finale d’Insidious : Chapitre 2 est d’ailleurs reprise intégralement en guise d’introduction au cinquième volet, afin d’annoncer immédiatement la couleur : il s’agit bel et bien d’une conclusion pour ce qui constitue désormais la trilogie de la famille Lambert.

Le casting original est de retour pour notre plus grand plaisir, et l’on retrouve notamment avec émotion les jeunes acteurs avec quelques années de plus. Ty Simpkins, désormais adulte et ayant fait ses preuves dans d’autres films tels que, récemment, The Whale, de Darren Aronofsky, s’avère particulièrement convaincant dans son rôle d’artiste introverti. Au côté de ces acteurs piliers de la saga, de nouveaux venus insufflent une fraîcheur agréable, à l’image de Hiam Abbass (de la série Succession) ou de Sinclair Daniel, la nouvelle colocataire de Dalton à l’université, jeune femme drôle et pétillante qui sert de contre-point à la personnalité taciturne de son ami.

Patrick Wilson propose à la fois de respecter l’héritage des deux premiers Insidious et d’y introduire quelques éléments inédits. Il reprend ainsi les codes du Lointain – les couleurs bleutées et rouges, la fameuse lampe à huile qui guide les personnages lors de leur Voyage astral – mais les transpose dans un nouvel environnement. La grande maison isolée des premiers volets laisse place à une université pleine de vie, où l’on s’attend davantage à croiser des étudiants festifs que des spectres assoiffés de vengeance. De même, les personnages principaux n’appartiennent plus à une famille aimante et unie, mais sont au contraire isolés à bonne distance les uns des autres. Cette transposition de l’univers Insidious dans un nouveau cadre s’avère plutôt convaincante et permet au réalisateur d’imposer davantage sa patte, pour se démarquer de ses prédécesseurs.

Plus d’émotions que de sensations fortes

image ty simpkins the door insidious
Copyright 2023 CTMG, All Rights Reserved

Dans ce nouvel épisode des aventures de la famille Lambert, Patrick Wilson fait le choix d’un rythme plutôt lent, privilégiant la carte de l’émotion à celle des sensations fortes. Le début du long-métrage pourra d’ailleurs en rebuter certains car, passée l’introduction qui reprend le climax du deuxième volet,  il installe une atmosphère beaucoup plus proche d’un drame psychologique que d’un film d’horreur. On suit l’installation de Dalton dans sa nouvelle université, ses premières rencontres et soirées d’étudiant, et ses rapports conflictuels avec son père. La relation qu’il crée avec sa colocataire Chris est également très intéressante et ne cède pas à la facilité de la romance programmée. On plonge en parallèle dans le quotidien plutôt terne de Josh, divorcé et peinant à retrouver ses repères auprès de ses enfants, qui lui reprochent d’être trop absent. Les premiers épisodes horrifiques n’arrivent qu’assez tardivement, au point que l’on peut douter au début d’être vraiment dans un film d’épouvante.

Les personnages et leurs interactions sont placés au premier plan, ainsi que les thématiques de la parentalité, du secret de famille et du traumatisme. Alors qu’il était généralement représenté comme un homme fort, plein de charisme et rassurant, Josh incarne cette fois-ci un père dépassé par les événements, vieillissant et en position de faiblesse face au rejet de ses enfants. Patrick Wilson lui donne une nouvelle profondeur et l’interprète de manière  touchante et investie. Insidious : The red Soor n’a peut-être pas le rythme et la puissance horrifique des précédents volets, mais il réussit à créer des personnages forts pour lesquels on ressent immédiatement une véritable empathie.

Il place également l’art au cœur du long-métrage, notamment grâce au personnage de Dalton qui travaille assidûment pour ses cours de dessin, et dont on suivra les progrès et les créations tout au long de l’histoire. Son travail sur le clair-obscur et l’équilibre entre ombre et lumière trouve une résonance particulière dans le choix des couleurs, des décors et des costumes du film, même si l’on peut regretter que le réalisateur n’aille pas un peu plus loin dans le parallèle qu’il opère entre son œuvre et le projet artistique de son protagoniste.

Insidious : The Red Door est donc un film d’horreur convaincant qui, s’il ne brille pas particulièrement par sa mise en scène, reprend habilement les codes de la saga à succès et en propose une conclusion pertinente. En faisant le choix de privilégier les émotions à la tension, il décevra peut-être les amateurs de suspense et d’épouvante, mais il renoue avec l’esprit des précédents volets, et leur volonté d’accompagner des personnages touchants dans une quête aussi fantastique que psychologique.

Article écrit par

Lorsqu’elle n’enseigne pas l’italien, Lucie Lesourd aime discuter de sa passion pour le cinéma, le théâtre et les comédies musicales. Spécialisée en littérature young adult et grande amatrice de polars et thrillers, elle rejoint Culturellement Vôtre en février 2020 pour y partager ses avis lecture et sorties culturelles.

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