Caractéristiques
- Titre : The Pod Generation
- Réalisateur(s) : Sophie Barthes
- Scénariste(s) : Sophie Barthes
- Avec : Emilia Clarke, Chiwetel Ejiofor, Rosalie Craig, Vinette Robinson....
- Distributeur : Jour2Fête
- Genre : Science Fiction, Comédie, Romance
- Pays : Etats-Unis, France, Belgique
- Durée : 111 minutes
- Date de sortie : 25 octobre 2023
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- Note du critique : 7/10 par 1 critique
L’ectogenèse au service de la femme
Nouveau long-métrage écrit et réalisé par Sophie Barthes (Madame Bovary, Hopper vu par…), The Pod Generation se déroule dans un futur proche où l’intelligence artificielle prend le pas sur la nature. Rachel et Alvy, couple new-yorkais, décident d’avoir un enfant. Un géant de la technologie, vantant les mérites d’une maternité plus simple et plus paritaire, propose aux futurs parents de porter l’enfant dans un POD. Alvy a des doutes, mais Rachel, business woman en pleine ascension, l’incite à accepter cette expérience…
L’Intelligence Artificielle prend de plus en plus de place dans notre société. L’avènement de ChatGPT ou encore Midjourney nous font nous poser des questions. C’est d’ailleurs l’un des sujets de la grève des acteurs à Hollywood. The Pod Generation pose plusieurs questions par rapport à l’IA, mais aussi et surtout sur l’ectogenèse. Le scénario de Sophie Barthes est donc centré sur un couple qui va avoir un enfant par ectogenèse. L’embryon va grandir et arriver à terme via un POD. Cela change évidemment la donne, car la femme n’a plus à porter l’enfant. Son corps ne change pas, elle n’est pas malade durant une partie de la grossesse et ses hormones restent normales. Elle peut ainsi continuer à travailler normalement, mais manquera-t-il quelques chose ? Le personnage de Rachel rêve d’être enceinte, mais elle prend la décision de concevoir un enfant via un POD car sa carrière est très importante pour ell,e surtout que sa compagnie finance, en partie, le fait qu’elle conçoit un enfant via un POD. Si l’on comprend les motivations du personnages, on comprend aussi qu’elle est motivée par sa compagnie à le faire, ce qui amènera un retournement de situation bien vu.
Une touche de comédie bienvenue
Alors oui, cela peut être bien pratique (et c’est clairement aussi une métaphore de la GPA, courante aux USA), mais un sentiment surgit chez Rachel, qui pense ne pas s’attacher à son propre enfant en le concevant de cette façon. Au contraire, son compagnon, Alvy, est celui qui était le plus sceptique, voire contre, le fait de concevoir un enfant artificiellement. Et pourtant, c’est celui qui va s’attacher le plus au POD. De façon amusante, il va le porter tel une femme enceinte et ses sentiments en seront bouleversés. Ces thèmes sont bien développés. L’autre thème principal est celui de la nature contre l’artificiel. L’opposition se fait sur plusieurs points, comme évidemment le fait d’avoir un enfant par un POD et pas naturellement, mais aussi par le fait d’aller voir une psy IA, les citadins contre les ruraux, la ville contre la nature, etc. Et cela passe passe aussi par les métiers qu’exercent notre couple. Alvy est botaniste dans un futur où la quasi nature est morte en ville et Rachel s’occupe de la productivité d’influenceurs. Deux mondes complètement à part, qui offrent quelques perles de dialogues entre le couple.
Si les thèmes sont bien développés, l’humour représente aussi une part essentielle du long-métrage. Pour nous faire rire, Sophie Barthes montre l’absurdité de certaines situations comme la fécondation d’un ovule, les rendez-vous chez la psy qui est une IA, le comportement de certaines personnes au travail de Rachel ou encore une interaction assez lunaire entre une femme enceinte qui aurait voulu passer par le POD pour avoir son enfant alors que Rachel rêve d’avoir son enfant de façon naturelle. Le comportement de Linda, qui représente Pegazus, la compagnie qui permet d’utiliser les POD, est aussi sujet au rire. Autre bon point : malgré un manque de budget flagrant, l’univers dépeint est plutôt crédible et nous plonge parfaitement dans un futur proche. Le seul vrai point noir de The Pod Generation est son rythme, qui fait clairement défaut. Avec dix minutes en moins, celui-ci aurait été plus relevé. Malgré une histoire intéressante, on est parfois tenté de décrocher, ce qui est dommage.
Une réalisation classique
Concernant la réalisation, Sophie Barthes s’en sort plutôt bien pour son troisième long-métrage. On sent clairement qu’il y a un manque de budget pour montrer l’univers du film, mais les designs des intérieurs et extérieurs font futuristes. Elle arrive surtout à bien gérer les scènes en extérieurs sans trop utiliser de CGI pour nous faire croire à ce monde, et c’est déjà plutôt bien.
Pour le reste, techniquement, sa réalisation est assez classique, avec une direction photo réaliste. Par contre, on soulignera un bon travail sur le son, qui nous permet de nous immerger dans le film, comme les scènes chez la psy. La musique, assez minimaliste et atmosphérique, d’Evgueni et Sasha Gasperine, nous imprègne bien de ce monde et des thèmes développés.
Emilia Clarke rayonnante
Côté castong, Emilia Clarke nous offre sa meilleure prestation depuis bien longtemps. Quel plaisir de la retrouver à ce niveau de jeu, autant dans le drame que la comédie ! Elle est tout simplement merveilleuse dans ce film. Chiwetel Ejiofor (Doctor Strange in the Multiverse of Madness) est aussi bon. Il maîtrise parfaitement les changements que subit intérieurement son personnage et l’alchimie entre lui et Clarke est bonne. On croit clairement à leur couple, malgré qu’ils soient opposés dans leur caractère ou leur vie. Rosalie Craig et Vinette Robinson qui complètent le casting dans les rôles de Linda, la représentante de Pegazus, et Alice, une collègue de Rachel, offrent de bonnes performances, avec toujours un bon timing humoristique.
The Pod Generation est un petit film de science-fiction qui fonctionne presque parfaitement. Ses thèmes sont bien développés, l’humour présent fait mouche, l’univers dépeint nous emmène dans un futur proche, le casting est très bon … Mais le rythme est parfois chancelant et le manque de budget donne moins de possibilités techniques que ce que le film aurait mérité.