Caractéristiques
- Titre : Gueules Noires
- Réalisateur(s) : Mathieu Turi
- Scénariste(s) : Mathieu Turi
- Avec : Samuel Le Bihan, Amir El Kacem, Thomas Solivérès, Jean-Hugues Anglade, Marc Riso, Bruno Sanches, Diego Martin et Philippe Torreton.
- Distributeur : Alba Films
- Genre : Aventure, Fantastique
- Pays : France
- Durée : 103 minutes
- Date de sortie : 15 novembre 2023
- Acheter ou réserver des places : Cliquez ici
- Note du critique : 8/10 par 1 critique
Entre horreur, fantastique et humour
Après Hostile (2017) et Méandre (2020), le réalisateur français Mathieu Turi ne semble pas près à quitter son genre de prédilection et nous propose un nouveau huis clos claustrophobique, Gueules noires. Dans ce troisième long-métrage, ayant pour cadre le Nord de la France dans les années 50, une équipe de mineurs très soudés, menés par Roland Neville (Samuel Le Bihan), escorte un scientifique féru de mythologie à près de mille mètres sous terre pour faire des prélèvements. Leur expédition bascule lorsqu’un éboulement réveille quelque chose qui aurait dû rester enfoui…
La force première de Gueules noires est de ne pas rester cantonné à un genre bien précis. Évitant ce qui aurait très bien pu être un film social sur les terres de Germinal, le film s’oriente tantôt vers l’aventure, avec cette quête historico-ésotérique menée par le Professeur Bertier (Jean-Hugues Anglade), tantôt vers le film de monstres, quand il ne bascule pas tout simplement dans la comédie. Le ton alterne entre premier et second degré, brouille les pistes, et donne l’impression que le réalisateur s’en est donné à cœur joie… pour notre plus grand plaisir !
La musique d’Olivier Derivière, très immersive et omniprésente, concourt également à la réussite de ce mélange des genres. Si, par instants, elle accentue la tension d’une séquence horrifique, elle devient, à d’autres, héroïque, humoristique, ou vient parfois frôler les sonorités du western pour épouser les différentes péripéties de nos protagonistes.
Immersion au cœur du bassin minier
Comme il l’a déjà montré avec ses précédents longs-métrages, Mathieu Turi aime se confronter au genre du huis clos anxiogène. Gueules noires ne fait pas figure d’exception puisqu’il distille une atmosphère étouffante et oppressante pendant près de deux heures. Le bruit, la crasse et l’obscurité sont au premier plan et l’action se déroule presque exclusivement dans les galeries et tunnels de ces mines de charbon suffocantes.
A travers l’œil du petit nouveau, Amir (Amir El Kacem), fraîchement arrivé du Maroc, c’est tout le folklore et le patrimoine des mines du Nord de la France qui prennent vie, dans un cadre au réalisme palpable. Le film, tourné uniquement en décor naturel, a réutilisé les lieux de tournage de la série Germinal à Wallers, et s’est également installé à Oignies et au musée de Bruay-la-Buissière, qui a mis à la disposition de Mathieu Turi machines et galeries minières reconstituées.
Gueules noires est donc une plongée cauchemardesque très immersive dont le scénario, basé sur un crescendo horrifique, ne laisse jamais en repos son spectateur. Seul son dernier acte, un peu trop attendu, peine à convaincre pleinement à cause de quelques facilités et d’une résolution assez classique.
Une mise en scène nerveuse et réussie
Dès son plan séquence d’introduction, suivant les mineurs au cœur d’une galerie sombre, bruyante et poussiéreuse, le long-métrage annonce la couleur : Gueules noires sera un film immersif, percutant et précis. La mise en scène joue habilement avec l’atmosphère ténébreuse des lieux, et utilise avec adresse le halo des lampes torches pour accroître son suspense. Mathieu Turi alterne les moments de tension, avec un montage dynamique et une utilisation régulière de la shakycam, et les séquences dialoguées plus émouvantes ou humoristiques avec beaucoup de fluidité.
Si le film se contente au début de suggérer la peur, il est tout aussi capable de filmer frontalement l’horreur, avec des effets spéciaux plutôt réussis. Le surnaturel côtoie donc l’ultra réalisme avec beaucoup de maîtrise, et la transition progressive entre les deux lui permet de ne jamais tomber dans le grand-guignolesque.
Le casting du film, investi et sensible, contribue enfin énormément à la qualité du long-métrage. Samuel Le Bihan en tête, qui incarne un chef de chantier héroïque et bourru, épaulé par ses équipiers un peu benêts mais aux grands cœurs. Avec le jeune Amir et le Professeur Bertier, ils forment une troupe de sept nains joviale et attachante au sein de laquelle chacun a sa spécialité et son rôle à jouer dans cet enfer.
Avec son incursion dans le genre de l’horreur, du fantastique et de l’aventure, Gueules noires est donc un très bon divertissement, servi par un casting attachant et une mise en scène percutante. Si son scénario n’est pas des plus originaux, il ravira malgré tout les amateurs de thrillers et de films de genre. Une tuerie !
