Caractéristiques
- Titre : Notre Dame de Paris
- Ecriture : Luc Plamondon d'après Victor Hugo
- Musique : Richard Cocciante
- Chorégraphie : Martino Müller
- Mise en scène : Gilles Maheu
- Avec : Hiba Tawaji, Angelo Del Vecchio, Gianmarco Schiaretti, Damien Sargue, Joy, Alyzée Lalande et Daniel Lavoie
- Durée : 150 minutes entracte compris
- Lieu(x) de représentation : Palais des Congrès
- Dates : A partir du 15 novembre 2023
- Note : 8/10 par 1 critique
Un spectacle qui n’a pas pris une ride
Vingt-cinq ans après sa première représentation, la comédie musicale culte de Luc Plamondon et Richard Cocciante revient là où tout a commencé, au Palais des Congrès, pour une vingtaine de représentations entre novembre 2023 et janvier 2024. L’adaptation du chef-d’œuvre de Victor Hugo est d’abord devenue un phénomène national – inscrite au Guiness Book des records pour avoir vendu le plus grand nombre de billets lors de sa première année d’exploitation – avant de s’exporter dans vingt-quatre pays, devant quinze millions de spectateurs et en dix langues différentes. Si la plupart de ses thématiques – l’accueil des réfugiés, l’acceptation des différences ou encore le choc des civilisations – sont malheureusement toujours d’actualité, vaut-il encore la peine d’aller découvrir Notre Dame de Paris en 2023 ou n’est-ce réservé qu’à un public nostalgique ?
Dès les premières minutes du spectacle, l’on remarque que la mise en scène, les décors et les costumes ont très peu changé. Quelques jeux de lumières connaissent une certaine modernisation et l’on voit davantage de personnages apparaître en arrière-fond du décor, en transparence. Certains vers sont désormais chantés par Esmeralda, lui donnant un peu plus d’épaisseur, mais globalement, le texte ne connait aucune transformation notoire. Et pourtant, la magie opère encore, et le spectacle est toujours aussi intense, plus de vingt ans après sa création. Si l’on regrette que la musique ne soit pas jouée par un orchestre live comme bon nombre de comédies musicales actuelles, les performances vocales ne déçoivent jamais et le public est totalement conquis.
Une troupe époustouflante
Notre Dame de Paris est un spectacle qui a contribué à lancer la carrière de nombreux artistes, tels que Hélène Ségara, Garou ou Patrick Fiori, et la musique intemporelle de Richard Cocciante met encore une fois en valeur la voix de nouveaux et anciens talents. L’on retrouve certains chanteurs bien connus de la scène musicale de ces dix dernières années : Hiba Tawaji, véritable star au Moyen-Orient avec quatre albums studio en arabe et ayant déjà interprété Esmeralda en 2016, Angelo Del Vecchio (Quasimodo) et Gianmarco Schiaretti (Gringoire), révélés par Cocciante dans son Opéra populaire Giulietta e Romeo en 2007, Damien Sargue, célèbre Roméo de la comédie musicale de Gérard Presgurvic, Joy (Clopin), ancien membre des Poetic Lover, Alyzée Lalande (Fleur-de-Lys), et bien sûr l’indéboulonnable Daniel Lavoie, impressionnant Frollo à près de 75 ans. Les artistes livrent des performances vocales remarquables et leurs timbres à la fois proches des interprètes originaux mais reconnaissables sont un parfait compromis entre fraîcheur et nostalgie.
Les danseurs acrobates ne sont pas en reste, proposant sur les chorégraphies atypiques de Martino Müller des performances sensationnelles. L’immense scène du Palais des Congrès offre à ces véritables athlètes l’espace nécessaire à leurs cascades, saltos et autres pirouettes virevoltantes. En parallèle de ces prouesses individuelles, quelques tableaux chorégraphiés sont particulièrement remarquables : on retiendra notamment La Fête des fous, La Cour des miracles, Au Cabaret du Val d’Amour, ou encore Les Cloches. Du grand spectacle !
Une comédie musicale de grande ampleur
Avec Notre Dame de Paris, Gilles Maheu signe une mise en scène originale et intemporelle. Les décors de Christian Ratz sont à la fois épurés et majestueux, et les couleurs chatoyantes des costumes permettent aux spectateurs même les plus éloignés de repérer facilement chaque personnage. L’immense mur de fond aux fenêtres amovibles rappelle la présence constante de l’imposante cathédrale et offre aux artistes un véritable plan d’escalade et autant de cachettes pour épier la scène se déroulant sous leurs pieds. Le spectacle joue plutôt sur la sobriété, avec peu d’autres éléments de décors ou d’accessoires, mais l’apparition de gargouilles ou des cloches géantes n’en est que plus frappante.
Optimisé par les excellentes conditions d’écoute et de visibilité du Palais des Congrès, le spectacle est tout bonnement galvanisant. Le public reprend en chœur les tubes intergénérationnels que sont « Belle » ou « Le Temps des cathédrales », et l’absence totale de dialogues intermédiaires, permettant aux différentes chansons de s’enchaîner sans aucun temps mort, achève de dynamiser l’ensemble. Reste malgré tout que la plus grande partie des chansons phares de la comédie musicale se trouvent dans le premier acte et que le deuxième, plus sombre et lente, pourra en déconcerter certains. Attention, également, à la violence de certaines scènes, qui sont à déconseiller aux plus jeunes.
Avec deux heures trente de spectacle – entracte compris – Notre Dame de Paris fête donc dignement son vingt-cinquième anniversaire sur les planches du Palais des Congrès avec un show d’une grande qualité. Si peu de modifications sont apportées au spectacle original, sa mise en scène intemporelle et son formidable casting en font assurément un classique à découvrir et à redécouvrir pour les nostalgiques comme pour les novices.