Caractéristiques
- Titre : L'Amour Ouf
- Réalisateur(s) : Gilles Lellouche
- Scénariste(s) : Gilles Lellouche, Ahmed Hamidi
- Avec : Adèle Exarchopoulos, François Civil, Mallory Wanecque, Malik Frikah, Alain Chabat, Benoît Poelvoorde, Vincent Lacoste, Jean-Pascal Zadi, Élodie Bouchez, Karim Leklou, Raphaël Quenard et Anthony Bajon.
- Distributeur : StudioCanal
- Genre : Comédie, Romance, Thriller
- Pays : Belgique, France
- Durée : 161 minutes
- Date de sortie : 16 octobre 2024
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- Note du critique : 5/10 par 1 critique
Nouveau long-métrage co-écrit et réalisé par Gilles Lellouche (Les Infidèles, Le Grand Bain), L’Amour Ouf se déroule dans les années 80, dans le nord de la France. Jackie et Clotaire grandissent entre les bancs du lycée et les docks du port. Elle étudie, il traîne. Et puis leurs destins se croisent, et c’est l’amour fou. La vie s’efforcera de les séparer, mais rien n’y fait, ces deux-là sont comme les deux ventricules du même cœur…
Une histoire d’amour qui ne nous transporte pas
Après une scène d’ouverture qui nous annonce déjà le destin d’un personnage (retenez bien ça), nous sommes plongés dans les années 80 pour une première grosse partie qui fait la moitié du film, (1h20, donc). En quelques scènes, nous voyons l’enfance de Jacqueline et Clotaire avant leur rencontre. Jackie va au lycée, tandis que Clotaire traîne dans la rue. Ils tombent amoureux. Ils vivent leur histoire. Une belle histoire. Mais tout ne va pas bien se passer. Clotaire va tomber dans la grande délinquance et aller en prison pendant une bonne dizaine d’années.
Déjà, le gros problème de cette première partie, qui va se répercuter sur la seconde, c’est qu’on ne croit pas en l’histoire d’amour. Alors oui, les deux jeunes comédiens qui interprètent Jackie (Mallory Wanecque) et Clotaire (Malik Frikah) sont convaincants et l’alchimie entre eux passe bien. C’est au niveau de l’écriture, que ce soit dans les dialogues, certaines situations et certaines scènes où l’on se dit que cela ne fonctionne pas.
L’autre problème se trouve au niveau technique. De ce côté-là, c’est très bon. Le réalisateur a quelques bonnes idées de mise en scène ou même de mouvements de caméra. La reconstitution d’époque, que ce soit costumes, accessoires, décors ou même les chansons utilisées, nous replongent bien dans l’époque. Quel est donc le problème ? Le problème est que Gilles Lellouche veut en faire trop. Il accumule certains clichés des films des années 80 et provoque des roulements de yeux. On a le droit, entre autres, à une scène de danse qui vient de nulle part à la Flashdance ou encore à un montage type Scarface, au point que l’on serait sur le point d’entendre « Push it to the limit« . On a même droit à une scène de braquage de fourgon à la limite de Heat. Et c’est dommage car, à part ça, il arrive à bien dépeindre, autant le monde ouvrier et pauvre du Nord que le côté mafia.
Une réalisation propre et belle, mais qui veut trop en faire
Et donc, vu qu’on a du mal à croire en cette histoire d’amour dans la première partie, il est encore plus dur d’y croire dans la seconde. Là encore, ce n’est pas la faute des acteurs Adèle Exarchopoulos et François Civil, excellents. Ils n’ont pas beaucoup de scènes ensemble, mais l’alchimie est plus que présente (et pour cause, maintenant, ils sont en couple). Là encore, c’est surtout un problème d’écriture. Jackie vit sa vie de couple mais, quand elle reçoit la nouvelle que Clotaire est sorti de prison et qu’il la cherche, son amour refait surface. Le problème, c’est que la jeune fille passe trop vite de la femme heureuse en couple à la dépressive qui quitte son compagnon (incarné par Vincent Lacoste) qui, lui, va très mal réagir à cette rupture. Alors que Clotaire, de son côté, cherche la vengeance. Mais jusqu’où va t-il aller ?
Là encore, du côté technique, c’est propre. Nous avons de beaux cadres, de belles lumières. Des mouvements de caméra inspirés qui nous entraînent parfaitement dans l’histoire, jusqu’au moment où Lellouche veut trop en faire. Encore une fois, il va invoquer certaines références trop appuyées des années 90/2000 (qui sont là aussi très bien reproduites). Et c’est dommage, nous le redisons, car il y a des qualités dans L’Amour Ouf. Le réalisateur parsème son long-métrage de touches d’humour bien placées qui font mouche, très souvent servies par Alain Chabat (qui incarne le père de Jackie), Jean-Pascal Zadi et Raphaël Quenard. On a même deux-trois scènes d’émotion qui fonctionnent bien. Même le reste du casting est bon, que ce soit Benoît Poelvoorde en parrain de la mafia locale ou encore Élodie Bouchez et Karim Leklou en parents de Clotaire.
Un mensonge qui ne passe pas
Mais l’un des plus gros problèmes scénaristiques du film vient du fait que Gilles Lellouche va mentir aux spectateurs avec sa scène d’ouverture pleine de tension qui nous tease le destin d’un des personnages. On sait normalement où va le récit. Et, au moment où l’on y arrive, il nous fait un « Et si » ? C’est à dire que le personnage fait un autre choix, et toute la narration s’en trouve chamboulée. On découvre donc une nouvelle histoire, un procédé qui fait perdre toute l’intention et la tension qu’avait apportée cette première scène, ce qui est dommage. Du coup, vu que les dix-quinze dernières minutes n’ont plus de tension et qu’on sait comme le film va finir, on se fiche du destin des personnages. Un comble ! Du côté du rythme, par contre, on ne s’ennuie pas. Les deux parties de 1h20 chacune passent bien et sont parfaitement équilibrées. Enfin le rajeunissement par effets spéciaux numériques de certains acteurs (Alain Chabat, Elodie Bouchez, Karim Leklou et Benoît Poelvoorde) passe parfois bien, mais donne parfois également un résultat assez bizarre à coups de visages limite cireux.
L’Amour Ouf en fait trop côté réalisation, tout en étant techniquement bon. Malgré un très bon casting, l’écriture ne nous permet pas de croire à l’histoire d’amour. Tout ça fait que nous avons été partiellement convaincus par le film. Reste une belle reconstitution des années 80-90-2000.